Damien Eschbach est né à Besançon (Doubs) en juillet 1974 « avec un crayon au bout des doigts », ayant commencé à dessiner dès l’âge de deux ans. Il vit et travaille à Belfort. Il a acquis durant ses études un solide bagage technique : baccalauréat A3 suivi d’une formation à l’école d’Art de Belfort et d’un Deug Arts Plastiques obtenu en cours par correspondance à Paris- Sorbonne. Il utilise son extraordinaire mémoire pour restituer et reconstruire par le dessin ce qu’il a vu. Son imaginaire influe sur la traduction picturale de sa vision. Sa prédilection pour l’histoire locale intervient également dans le processus de création, en rappelant un événement à travers une rambarde ou un élément d’architecture.
Damien Eschbach a également, au cours de ses voyages, « croqué » Prague, Rome ou Paris. Dans cette ville, l’architecture haussmannienne (du nom de ce préfet du 19e siècle qui a ordonné et insufflé son style caractéristique à la Capitale) l’inspire particulièrement, c’est celle que l’on retrouve essentiellement dans ses cités imaginaires. Damien a la passion de la perspective qu’il donne aux maisons, aux immeubles, aux grands ensembles. Ses églises sont massives, disproportionnées. De grands axes s’élancent en courbes majestueuses, ponctuant l’espace et distribuant les immeubles. Le plan est souvent touffus, compliqué, l’accumulation de détails le rendant parfois difficilement lisible, à l’image de nos grandes villes modernes. Mais tout près de ce fouillis, des jardins, des esplanades font respirer l’oeil et la tête, procurent ce calme et cette tranquillité qui rendent la vie urbaine encore supportable.
On retrouve mêlés un peu de Paris, de Marseille ou de Prague dans les dessins de Damien, mais ses villes, à l’instar de celles d’Italo Calvino, sont essentiellement ailleurs, dans l’imaginaire de tous les citadins, faites de morceaux de façades, de fontaines, de bâtiments, d’axes urbains, de ponts…
Au fil des réalisations, la technique de Damien a évolué. Il travaille son dessin à partir de photographies, sa palette de couleurs s’est renforcée par l’emploi de teintes plus tranchées. Il explique : « Fasciné par la ville, j’ai toujours pris plaisir à flâner au fil de ses rues pour détailler par ci par là des trésors d’architecture, de ces témoignages des différentes époques qui, à leur manière, ont façonné son visage et sa cohérence. C’est sa magnificence et sa grandeur que j’exprime à travers mes dessins et mes aquarelles, ayant pris autant de plaisir à l’élaboration de mon livre sur Belfort qu’aux dessins de vue aériennes imaginaires où la mine de mon crayon a fait ses premiers pas »…
Le travail de Damien Eschbach est littéralement porté par son père Denis qui lui sert pour l’instant d’agent en attendant que les milieux artistiques professionnels s’y intéressent. Damien a été soutenu par la Fondation France Télécom pour l’autisme, ainsi que par le milieu associatif qui lui commande régulièrement des aquarelles (dans un style évidemment plus traditionnel) servant de cartes de voeux. Aujourd’hui, Damien souhaite sortir du cadre « autiste génial » pour exposer et faire enfin reconnaître son travail en tant qu’artiste à part entière. Pour le plus grand bonheur du public !
Jacques Vernes, décembre 2003
Une partie du travail de Damien Eschbach est disponible sur Internet en suivant ce lien.