80 ans après sa fondation, le parc zoologique de Paris intègre la catégorie des zoo-parcs modernes, alliant un cadre de vie le plus adapté possible pour les animaux et leur présentation au public. Ceux qui ont connu l’ancien zoo de Vincennes ne reconnaitront que le haut rocher de béton à l’aspect un peu carton-pâte, semblable à ceux du film King Kong de 1933. Quant aux visiteurs handicapés, ils seront les bienvenus, avec une bonne accessibilité mais une offre de visites adaptées encore en phase de mise en oeuvre. Selon le type de votre handicap et vos besoins, il est donc préférable d’attendre pour profiter de ce nouvel établissement de loisirs culturels.

« C’est un zoo du XXIe siècle, assure Thomas Grenon, directeur général du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), et le seul zoo national de service public. » Le terrain appartient en effet à la ville de Paris, le zoo et ses animaux au MNHN, institution scientifique qui travaille sur l’écologie et gère également la ménagerie du Jardin des plantes, zoo à l’ancienne qui fut créé par la Convention, en 1794. « Le Parc zoologique de Paris est un voyage dans les territoires et les milieux reconstitués, poursuit Thomas Grenon, pour une dynamique de la biodiversité. L’ancien zoo insistait sur les espèces et en présentait beaucoup. Nous avons fait le choix d’espèces menacées, montrant la biodiversité. » Au fil des allées, le visiteur parcourt ainsi les biozones de Madagascar (lémuriens, fossas, tortues…), la Patagonie (lamas, manchots, pumas…) le Sahel-Soudan (girafes, rhinocéros, babouins, oryx, koudous, marabouts…), l’Europe (loups, lynx, rapaces, amphibiens) et la Guyane dont une partie dans une vaste serre tropicale (singes, lamantins, serpents, oiseaux…). Les enclos au grillage noir sont vastes, et les visiteurs invités à observer les 180 espèces animales derrière de grandes lucarnes en verre légèrement teinté, encadrées de larges armatures noires. « L’animal n’est pas exhibé, appuie Thomas Grenon, pour que le visiteur fasse de l’observation dans des conditions naturelles. Le noir favorise l’immersion dans le fond végétal, les verrières assurent une proximité visuelle plus grande et donnent des effets de grandes perspectives. »

Bonne accessibilité, médiation encore absente.

« L’une des ambitions du parc est d’obtenir le label Tourisme et Handicap pour les quatre types de handicaps, précise Sophie Ferreira Le Morvan, directrice du parc. On a travaillé très en amont avec le Comité Régional de Tourisme d’Ile-de-France. » Ce dernier a arrêté en 2010 de gérer la labellisation, reprise par l’État via la Direction Régionale du Tourisme (depuis, le nombre de sites labellisés a fortement chuté dans la Région Capitale), pour se positionner comme assistant à la maitrise d’ouvrage dans ce domaine.

Les cheminements cimentés sont larges, aisément circulants même si certaines pentes sont à la limite du besoin d’aide pour un « roulard » moyen. Des fauteuils roulants, dont un de grande largeur, sont prêtés au besoin. L’idéal serait néanmoins que le parc s’équipe de quelques scooter à trois roues. De vastes toilettes adaptées aux murs sombres et à cuvette, lavabo et poignée blancs faisant contraste parsèment le parc. Les chiens-guides ou d’assistance sont bien évidemment acceptés, ce qui n’est pas le cas dans tous les zoos malgré l’obligation légale. Un guidage podotactile et par balises sonores conduit les personnes déficientes visuelles vers les caisses (toutes surbaissées et équipées d’une boucle magnétique), et un audioguide descriptif directionnel a été réalisé: 17 « stations » disséminées orientent ces visiteurs et restituent vocalement les commentaires des panneaux et cartels, par ailleurs conçus pour être lisibles par la plupart des visiteurs malvoyants, en caractères agrandis et contrastés. Les intersections des allées offrent également un contraste visuel et podotactile par insertion de bandes sombres rainurées.

En revanche, aucun document en braille ou relief n’est proposé. De même, l’accessibilité des tables multimédias tactiles et des vidéos diffusés dans des kiosques parsemant les biozones est défaillante: ni boucle magnétique, ni audiodescription, leur sous-titrage en français et langues étrangères devait être opérationnel pour l’ouverture au public, selon Sophie Ferreira Le Morvan: « Ces kiosques sont un lieu d’approfondissement des connaissances. Ils font le lien entre la recherche scientifique menée au Muséum national d’histoire naturelle et le zoo qui est un outil de diffusion des connaissances. Ce sont des lieux dans lesquels les visiteurs vont pouvoir approfondir leurs connaissances en complément de ce qu’ils ont vu sur le parc. »

Autre point faible : les visiteurs sourds devront attendre pour disposer du visioguide et d’une offre de visites en Langue des Signes Française. Ces dernières sont en cours d’élaboration dans le cadre d’un marché public européen confié à une société… espagnole, Magma Cultura, qui gère l’offre de visites pour tous les publics. Actuellement, seules les visites pour groupes constitués de plus de 20 personnes sont disponibles, le calendrier des visites guidées visant les publics spécifiques n’est pas connu. Magma Cultura doit recruter des interprètes LSF ainsi que des guides conférenciers pour les visites en audiodescription ou destinées aux personnes déficientes intellectuelles. Pour ces dernières, le guidage dans le parc est facilité par un système de pictogrammes présents sur chaque panneau (silhouette d’animal par exemple). Actuellement, seule une partie de ces aménagements est présentée sur le site Internet du zoo, et quasiment aucun sur les documents papier : le visiteur qui ne se renseigne pas à la billetterie ou au bureau d’accueil ne connaitra pas le mode d’emploi de ces aménagements et leur « vocabulaire » sensoriel. A noter par ailleurs que le zoo propose deux restaurants accessibles, celui de l’entrée privilégiant les groupes avec une carte brasserie, salon de thé et goûters d’anniversaire, et dans le parc, le « Zarafa », formule self auxquel s’ajoutent quelques kiosques disséminés proposant du snack, l’aire à pique-nique étant encore en chantier.

S’y rendre.

Point délicat : le stationnement. En l’absence de parking, il n’est possible de stationner que le long des artères qui parcourent le bois de Vincennes et les trois places réservées encadrant l’entrée, route de ceinture du Lac et avenue Daumesnil, seront certainement insuffisantes. La RATP a toutefois dévié la ligne de bus accessible 46 pour qu’il s’arrête à l’entrée (attention, le plan téléchargeable de la ligne n’a pas été actualisé et mentionne toujours l’ancien parcours et l’inaccessibilité de l’arrêt), ce qui constitue une alternative pour les personnes à mobilité réduite. Autre question sensible, le prix d’entrée, qui apparaît plutôt élevé, bien que dans la moyenne des zoo-parcs comparables : 22€ pour un adulte, 16,50€ pour un jeune de moins de 26 ans, 14€ pour un enfant de moins de 12 ans. Pour une famille, c’est un vrai budget, et seules les personnes justifiant d’un minimum social (AAH par exemple) bénéficient d’une gratuité « sur présentation d’une attestation de la CAF ou de la mairie accompagnée d’une pièce d’identité avec photographie » ! Il en va de même pour un accompagnateur « sur présentation de l’attestation de besoin d’accompagnement », formalité administrative assez incongrue pour entrer dans un tel endroit… Malgré ces bémols, le nouveau zoo de Vincennes vaudra la visite, dans quelques semaines, quand tout sera réellement au point.

Laurent Lejard, avril 2014.

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