Le tir, c’est faire mouche, placer un plomb ou une balle dans le mille, être le meilleur du pas de tir; c’est le plaisir de toucher une arme, d’être capable de la maîtriser mieux que les autres. C’est aussi un sport olympique, praticable par tout le monde. Un grand merci à Christian Mayeux et Richard Huemer, membres de l’équipe de France, ainsi qu’à Frédéric Baldacci, tous trois licenciés au club Handisport Marseille, pour leur collaboration amicale à ce reportage !

Toutes les personnes handicapées peuvent s’exercer au tir aux armes, qu’elles soient para ou tétraplégiques, myopathes ou infirmes moteur cérébral, déficientes intellectuelles, sourdes ou aveugles. Ces dernières disposent d’un système de visée adapté, appelé optronique. Le tir debout a tendance à disparaître, les commissions médicales faisant « asseoir » pratiquement tous les handisportifs ; dans la classification des tireurs (assez complexe à appréhender) la capacité abdominale est déterminante. Le seul critère retenu est la capacité à se servir d’une arme à feu. Sa détention est soumise à la législation de droit commun, aucune disposition particulière n’étant appliquée aux personnes handicapées. Il faut par contre être licencié aux deux fédérations handisport et valide pour pratiquer en compétition. Un droit d’entrée d’au moins 1.500 FF est à prévoir.

Ce sport se pratique longtemps, indépendamment du vieillissement. Une des conséquences de cette longévité est un faible taux de renouvellement des compétiteurs; malgré l’attrait de la compétition, le circuit est un peu sclérosé, tout juste secoué par l’arrivée ces dernières années des tireurs des pays de l’est, Russes plus particulièrement.

Le tir réclame peu de dépense énergétique, mais nécessite une concentration et un travail mental très importants; le tireur sportif subit notamment de fortes accélérations de son rythme cardiaque qui peut monter jusqu’à 160 pulsations par minute, et d’importants écarts de tension artérielle générés par le stress de la compétition. Mixte, il est pourtant peu pratiqué par les femmes.

C’est un sport de solitaire, particulièrement bien adapté aux personnalités introverties; il permet d’acquérir une grande maîtrise de soi. Chaque tir est vécu comme une remise en question de soi, de ses aptitudes, des ses lacunes et de ses capacités à les surmonter. Pour autant, la sympathie et la convivialité sont deux qualités humaines très présentes sur les pas de tir. L’intégration est aisée: les installations, la réglementation, et les jurys et officiels des compétitions sont les mêmes en valide et handisport; quant à la sélection pour le championnat de France handisport, elle se fait dans le cadre des compétitions « standard ».

Les « debout » tirent sans appui; les « fauteuils » peuvent en utiliser un. Le tir est pratiqué au pistolet ou à la carabine. Il existe aussi un biathlon adapté aux aveugles et « debout »: parcours de ski de fond alterné avec du tir rapide sur cibles. La discipline est très technique; le geste du tireur doit être parfaitement maîtrisé. Les phases sont la prise en main de l’arme, la position de tir, la visée, le tir, le contrôle de la cible.

Le pistolet est pratiqué à 10, 25 et 50 mètres, assis ou debout; la tir à la carabine se fait à 10 et 50 mètres, debout, agenouillé ou couché, avec ou sans potence. En compétition, il faut effectuer un nombre précis de tir dans un temps imparti. Essayez de distinguer le centre de la cible sur le pas de tir à 50 mètres, et vous aurez une petite idée de l’effort de concentration nécessaire pour maîtriser le poids et l’équilibre d’une arme, tout en visant un point noir minuscule !

Néanmoins, la diversité des catégories de tir et d’armes, même si elle peut paraître complexe au néophyte, permet une pratique par tous. A condition de s’en donner les moyens, car les armes de tir sportif sont chères: de 5.000 FF pour un pistolet 10 mètres jusqu’à 13.000 FF pour le meilleur des pistolets à 50 mètres.

D’autres équipements sont nécessaires: lunettes, casque pour le tir à balle, chaussures… Malgré cet inconvénient, de nombreux centres pour polyhandicapés proposent ce sport à leurs pensionnaires.

Il semble que le dopage soit un problème important en compétition; les métabloquants utilisés par les tricheurs ont un effet sur le stress. Leur usage pollue actuellement la compétition internationale; en handisport, les contrôles sont inexistants du fait de leur coût élevé, et c’est bien dommage !


Jacques Vernes, janvier 2001.

POUR VOUS INFORMER :

La Commission Fédérale de Tir aux armes
dispose d’un site internet assez complet:
réglement, public concerné, dirigeants…

La Fédération Française Handisport :
42 rue Louis Lumière – 75020 Paris
Tél. : 01 40 31 45 00 / Fax : 01 40 31 45 42
Site Internet : www.handisport.org
Minitel : 3615 handisport

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