Comment se déplacer sur de longues distances et faire des randonnées lorsque l’on ne peut utiliser un vélo – et que l’on ne veut pas employer une voiture ? L’une des solutions pratiques est le handbike. Il ressemble à un vélo qui aurait été allongé et la selle abaissée. Pour assurer sa stabilité, l’engin est doté de deux roues arrières ce qui en fait un tricycle. Le pédalage est fait avec les mains. Ce principe de locomotion est ancien, c’était celui des tricycles utilisés par de nombreux mutilés de guerre. Modernisé, allégé, rendu sportif et fun, le « tricycle de papi » est maintenant un engin rapide et endurant !

Le matériel. Un handbike moderne comporte un pédalier à main doté de 7 à 32 vitesses grâce l’emploi de dérailleurs semblables à ceux d’un vélo. Les repose- jambes sont réglables et l’assise comporte un dossier. Le dos doit toujours être collé à ce dossier sous risque d’abîmer la colonne vertébrale. Les bras en action prennent le rythme rapidement. Pour ce qui est de tourner, il y a deux possibilités: soit avec un guidon, soit en penchant son corps lorsque le handbike est équipé d’un vérin situé sous l’assise. Dans ce dernier cas deux barres de maintien sont situées de chaque coté du siège, qui est rembourré pour un meilleur confort, pour aider à relever son corps.

Comme tous les handisports nécessitant un engin spécifique, le matériel coûte cher: de 2.450 euros (16.000 francs) pour un handbike de base à 5.400 euros (35.000 francs) pour un modèle haut de gamme articulé. On trouve ces engins aux catalogues Invacare, Sopur, Oasis LLC. Moyeu Concept, connu pour ces fauteuils handiski, ou FAB Sa (Caen) se lancent depuis peu dans ce créneau.

La pratique. Le handbike s’adresse aux lésés médullaires (paraplégie, tétraplégie), aux amputés des membres inférieurs, aux hémiplégiques, aux polios, aux infirmes moteur cérébraux… et également aux valides! Il n’y a pas de contre- indication majeure, si ce n’est le risque d’incident cardiaque lié à l’effort. Une bonne coordination dans les mouvements est nécessaire, ainsi que l’aptitude à comprendre les consignes d’utilisation et de sécurité.

Pascal pratique en loisir. Tétraplégique, le handbike a remusclé ses bras, ce qui accroît son autonomie en fauteuil « de tous les jours ». Les poignées du guidon ont dû être adaptées aux rétractions musculaires de ses mains ; pour freiner, il utilise le rétropédalage. Les moyens physiques limités de Pascal ne lui permettait de parcourir que 200 mètres lors de son apprentissage du handbike. Il parcourt maintenant ses 4 kilomètres par sortie, mais avoue une nette aversion pour les côtes et les ressauts !

Murielle a choisi la compétition. A 42 ans, les séquelles de sa polio nécessitaient une rééducation respiratoire. Ce travail est très bien rempli par le handbike, avec l’aspect ludique et le plaisir de rouler en plus. Cette finalité thérapeutique lui a permis d’obtenir un financement de son engin par la Sécurité Sociale. Mais le bonheur de Murielle se heurte parfois à l’hostilité des athlètes handisports, ceux qui courent les marathons sur fauteuil roulant : c’est ainsi qu’elle a récemment été interdite de participation lors d’une compétition en Bretagne. Le handbike est en effet rattaché au cyclisme au sein de la Fédération Française Handisport; il n’est pas discipline Paralympique et souffre du faible nombre de pratiquants.

Le handbike est à la fois un moyen de déplacement rapide et une discipline sportive. Cette dernière gagnerait à être mieux reconnue par les instances qui sont censées la promouvoir…

Laurent Lejard, décembre 2001


Un grand merci aux membres de l’Association Handisport Plaisiroise – 102 rue Sevestre – 78370 Plaisir et au président Michel Périn.

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