Pour la plupart des gens, la course à pied est probablement le sport le plus facile à pratiquer. Point besoin d’installations ni de matériel, tout juste une paire de chaussures et encore ! Toutes les pistes, les rues, les jardins publics, les sentiers de promenade et de randonnée sont utilisables par les valides et nombre de personnes handicapées. La course est également une préparation physique pour de nombreux sportifs exerçant dans d’autres disciplines, comme la natation ou le handibasket. Elle est un bon stimulant cardiaque et permet de travailler l’endurance à l’effort.

Le recours aux stades d’athlétisme ou à des parcours urbains accessibles est néanmoins nécessaire pour ceux qui utilisent un fauteuil roulant ou sont déficients visuels. En compétition, la discipline s’organise en fonction des distances parcourues : sprint, demi- fond, fond. On peut courir de 60 mètres en salle à 42,195 kilomètres (marathon) sur route. Autant dire que quasiment tous les gabarits et toutes les aptitudes peuvent trouver à s’employer : paraplégiques, tétraplégiques (pratique en fauteuil roulant), amputés (pratique debout ou en fauteuil roulant selon le degré d’amputation), malvoyants et aveugles (qui peuvent être accompagnés d’un guide), infirmes moteurs cérébraux (debout ou fauteuil roulant selon le degré d’atteinte), personnes de petite taille.

L’athlétisme en tant que discipline sportive se pratique très peu en loisir : les athlètes aspirent à confronter leurs performances, à faire mieux que l’autre. La compétition part du régional pour atteindre le plus haut niveau international : championnats du monde et Jeux Paralympiques. On court en individuel ou en relais (équipe de quatre coureurs). Les règlements sont proches de la pratique valide, les compétiteurs étant évidemment répartis dans des catégories en fonction de leurs aptitudes et de leur statut debout ou assis. Ces derniers utilisent un fauteuil roulant spécial, assez coûteux, à trois roues dont les deux arrières sont très inclinées et celle du devant, directrice, est placée à l’extrémité d’une longue poutre. Les roues sont généralement « boxées » par des athlètes aux mains gantés. Les amputés des membres inférieurs emploient des prothèses à « restitution d’énergie » : réalisées en matériaux composites, elles sont également assez chères et très techniques. Les courses de haies n’existent pas en handisport, même si la pratique en serait possible à bien des coureurs.

L’accès aux stades, pour les pratiquants en fauteuil roulant, n’est pas toujours aisé: « Certains entraîneurs qui ne connaissent pas l’athlétisme sont réticents à nous accueillir, précise l’handi- athlète Hubert Locco Rocca. Les pistes cendrées sont difficiles, celles qui ont un revêtement très granuleux peuvent occasionner des crevaisons, les boyaux des roues de fauteuil étant assez fragiles. On dirige le fauteuil au moyen d’un mini- guidon en V qu’il faut manoeuvrer rapidement sans perdre son élan. En fonction de la distance, on règle au préalable l’inclinaison des roues, selon que l’on dispute un sprint en ligne droite ou une course avec virages. En demi- fond et fond, on est souvent assis sur nos chevilles, les jambes repliées sous le corps. En sprint, les pieds sont plutôt posés sur une palette avant, afin de rééquilibrer le fauteuil et de basculer vers l’arrière lors de l’impulsion de départ. Bien évidemment, toucher le fauteuil d’un autre concurrent constitue une faute ».

Pour les déficients visuels, l’usage d’un guide est fréquent. Les deux coureurs sont reliés par une corde qui transmet la direction et le rythme mais ne doit pas servir à tirer, le guide pouvant parler à son camarade mal ou non- voyant. Leur coordination nécessite un long travail pour être parfaite. Afin d’éviter les tricheries, il a été décidé que tous les compétiteurs aveugles devaient porter un bandeau ou des lunettes opaques. Le coureur Aladji Ba présente sur ses pages web son palmarès et la technique de guidage utilisée par les déficients visuels.

Sébastien Barc a quant à lui débuté les courses d’athlétisme dès l’âge de neuf ans, quatre années après l’amputation de son avant- bras droit: « Je suis arrivé au handisport un peu par hasard, en découvrant à l’occasion des Jeux Paralympiques d’Atlanta 1996 un reportage sur ce sport. J’avais alors 25 ans, et un bon niveau en valide qui m’a immédiatement situé dans l’élite en athlétisme handisport. J’ai intégré l’équipe de France, qui m’a confié l’honneur d’en être le capitaine depuis les championnats du monde 2002 qui se sont déroulés à Villeneuve d’Ascq ». Sébastien Barc utilise une prothèse ce qui lui permet de mieux se caler dans les starting- blocks et d’avoir un meilleur balancement de bras. Sa distance de prédilection est le 200 mètres; il participe également aux relais 4 x 100 et 4 x 400 mètres. A 33 ans, il se fixe les Jeux d’Athènes 2004 comme dernier objectif d’une carrière sportive bien remplie.

Jacques Vernes, mai 2003.

Pour approfondir votre connaissance de l’athlétisme handisport, nous vous conseillons de lire le guide édité par sa Commission Fédérale à la Fédération Française Handisport, 42 rue Louis Lumière 75020 Paris. Des informations pratiques et l’actualité de la discipline ainsi que de l’équipe de France figurent sur le site athletisme-handisport.org.

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