Les personnes tétraplégiques disposent en France d’une offre limitée en matière de sport collectif. Seul le foot- fauteuil leur est proposé par la fédération Handisport, pratiqué sur fauteuil électrique et plutôt destiné aux grands paralysés ou infirmes moteurs cérébraux, aux polyhandicapés et aux victimes de la Thalidomide. Pour ceux qui vivent avec une tétraplégie « incomplète », à partir de C4/ C5, le Quadrugby (également appelé Murderball) est le seul sport collectif reconnu par les instances internationales tel le Comité International Paralympique (I.P.C). Le jeu a été inventé vers la fin des années 70 par des tétraplégiques canadiens lassés de subir la supériorité des joueurs de basket en fauteuil roulant n’ayant pas de handicap des mains et des bras. Progressivement, ils ont développé un nouveau sport d’équipe adapté à leurs capacités motrices, accessible à condition de pouvoir se déplacer en fauteuil roulant manuel, même difficilement. Comme il est de règle en handisport, les joueurs de Quadrugby sont classés selon leur capacité fonctionnelle, selon un principe similaire à celui du handibasket, afin que tous les pratiquants puissent s’exprimer sur le terrain.

Les règles du jeu résultent d’une combinaison de celles du basket, du foot, du hockey et du rugby. Il se pratique en équipes de quatre joueurs et en quatre courtes périodes de huit minutes chacune. On utilise un terrain classique de basketball, aux extrémités duquel sont dessinés une surface de réparation et des buts. Les actions de jeu sont chronométrées et les fautes marquées à la manière du basket. Il faut marquer le plus de points possibles en portant la balle derrière la ligne de but opposée. Pour cela, les joueurs transportent, dribblent et se passent un ballon de volley- ball en cherchant à pénétrer à l’intérieur de la zone du but adverse. Un essai, valant un point, est marqué quand un joueur touche ou traverse la ligne du but adverse alors qu’il est en possession du ballon. Les adversaires, qui ne doivent pas se toucher, cherchent à se prendre la balle, à bloquer les attaques vers leur but et à pousser leurs opposants à faire faute avec comme sanction un passage en « prison » durant quelques minutes. Si les contacts entre fauteuils sont autorisés, ce sport demeure sûr parce que les règles du jeu sont particulièrement strictes. Par contre, les phases de jeu sont ponctuées par de multiples réparations de fauteuils, ces engins s’avérant plus fragiles que ceux qui les manipulent! Comme tous les handisports, le Quadrugby est aussi un outil de rééducation, plaisant et efficace. Il permet d’échanger avec d’autres, de recréer des liens sociaux, de se valoriser, de redécouvrir le plaisir d’un jeu d’équipe et d’aller jusqu’à la limite de ses capacités physiques en les repoussant continuellement. Un joueur gagne en force musculaire, développe son équilibre et sa coordination des mouvements et devient plus autonome dans sa vie quotidienne. Même si les contacts sont souvent rugueux, les risques de blessures sont minimes. Il reste que ce sport vigoureux reste confidentiel en France, alors qu’il est très développé chez les anglo- saxons, et demande toujours à être reconnu officiellement pour espérer entamer son développement.

Jacques Vernes, octobre 2003


Renseignements complémentaires : Association néo- calédonienne de Quad- Rugby, B.P 15725 Magenta 98804 Nouméa Nouvelle Calédonie. En France métropolitaine, il semble qu’il n’existe qu’un seul club, Muret (31). Le site présente le règlement de la discipline et un formulaire d’inscription.

Partagez !