Le basket-ball en fauteuil roulant est théoriquement un sport d’équipe mixte, dans lequel filles et garçons peuvent jouer ensemble. Mais en pratique, les féminines sont fréquemment écartées des matches de compétition, souvent cantonnées à quelques minutes de jeu quand leur équipe n’a plus rien à perdre. L’évolution physique du jeu, essentiellement aérien et marqué par des contacts physiques pour le moins virils, désavantage les jeunes femmes. Au fil du temps, elles ont renoncé à s’exprimer en compétition tout en continuant à pratiquer en entraînements. Jusqu’en 2002, année qui vit la renaissance d’une compétition féminine organisée sous l’impulsion de Christophe Bustin, nommé Président de la Commission Technique du handibasket féminin à la Fédération Française Handisport.

Les règles sont identiques au handibasket mixte, mais le style de jeu diffère. « Le basket féminin fauteuil, précise Christophe Bustin, se rapproche du basket féminin debout. Finesse, intelligence et organisation, les féminines utilisent davantage le jeu au sol à la différence des garçons qui privilégient le jeu aérien et la force physique ». En France, les joueuses sont affiliées aux clubs de handibasket, s’entraînent en mixte, jouent éventuellement avec leur club et participent aux compétitions féminines. Elles sont regroupées en équipes régionales, sept étant actuellement constituées : Nord, Bretagne, Grand Sud- Ouest, Languedoc- Roussillon, Rhône- Alpes, Est et Ile de France. Plusieurs stages sont organisés durant l’année pour permettre aux joueuses d’acquérir la cohésion nécessaire à une équipe. Un Championnat et une Coupe de France féminine (la prochaine aura lieu à Saint Quentin en Yvelines les 28 et 29 mai 2005) sont organisées chaque année durant un week- end par matches de poule.

Zara Chauveau joue en mixte à Meudon (Hauts-de-Seine) et en Féminine dans l’équipe Ile de France : « On n’occupe pas le même poste sur le terrain. Avec les garçons je suis ailier, avec les filles je suis polyvalente, le seul poste que je ne tiens pas c’est pivot [joueur chargé de marquer N.D.L.R]. Les féminines ont la même envie de gagner, de se battre, et peut- être même davantage que les garçons. Dans nos matches, les scores sont moins élevés parce que l’on pose et organise davantage le jeu ». Pour autant, Zara estime que l’époque où les filles faisaient tapisserie est révolue et que celles qui s’entraînent autant que les garçons trouvent leur place sur le terrain.

Macha Delrieu joue quant à elle dans la seule équipe féminine de club, celle de CapSaa Paris: « Elle existe depuis cette année et compte sept filles. Cela nous permet de jouer tout un match, contre des garçons. On n’a pas leur force physique, mais avec l’intelligence du jeu et une meilleure technique, on arrive à les battre ! ».

Le handibasket féminin a su se restructurer grâce à un encadrement et des joueuses motivées et en bénéficiant d’un soutien fédéral. En 2004, 120 féminines étaient licenciées, alors que les effectifs masculins poursuivent leur lente régression. Un Championnat d’Europe sera organisé du 19 au 25 septembre 2005 à Villeneuve d’Ascq (Nord), avec six ou sept équipes dont la France, la Grande- Bretagne, les Pays- Bas, la Turquie (nation montante en handibasket, championne d’Europe chez les espoirs masculins), l’Allemagne. L’un des objectifs de l’équipe nationale est de se qualifier pour le tournoi Paralympique de Pékin 2008.

L’exclusion de fait des féminines de la compétition nationale mixte a eu pour conséquence de multiplier leur capacité de s’exprimer dans leur sport, en le dynamisant et en stimulant un handibasket français qui était globalement sur le déclin. Chapeau, les filles !

Laurent Lejard, mars 2005.

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