Une douzaine de personnes handicapées motrices (para, tétra, hémiplégiques, amputés) ont participé le 20 mai dernier à une journée d’initiation au ski nautique handisport sur le plan d’eau du Potamot, dans l’Yonne, à l’invitation du club Vagdespoir et de la commission Handi de la Fédération Française de Ski Nautique (F.F.S.N). Tous les participants sont repartis heureux, après avoir rapidement trouvé leur ski. Tous n’ont certes pas réussi à la corde, mais la barre leur était accessible aisément.

On peut pratiquer le ski nautique de deux manières, soit en étant tracté par un bateau, soit au moyen de téléskis mécaniques semblables à ceux des stations de sports d’hiver. Avec un bateau, on peut se tenir à une barre transversale et glisser en parallèle à l’embarcation, pratique facile et rapide à acquérir, ou être tiré au bout d’un cordage de longueur variant selon les figures que l’on souhaite réaliser. Dans ce cas, la sortie de l’eau est plus longue à acquérir et il faut être persévérant; les personnes qui disposent d’une musculature abdominale et dorsale peuvent émerger au bout de quelques essais, et trouver leur équilibre.

Dans tous les cas, le départ s’effectue immergé dans l’eau, en basculant dans l’eau depuis un ponton. En pratique, le fait de s’agripper à une barre assure un effet de levier et de rigidité au moyen des bras.

Les adaptations. Le ski nautique handisport a été créé en Belgique, pays dans lequel se déroulent les championnats du monde de la discipline. Les personnes paralysées pratiquent assises sur des sièges coques fixés à un monoski (en initiation, on emploie un ski de wakeboard). Le siège est généralement spécifique, certains pratiquants utilisant leur propre coque de ski alpin. Le bon ajustement de la coque et un sanglage précis sont deux éléments essentiels au maintien du skieur et à son aisance dans la prise d’équilibre. Les tétraplégiques incomplets peuvent skier à la barre, en croisant les bras. Les amputés pratiquent debout, en utilisant une « patinette » semblable à celle des pistes de ski alpin, ou en liant jambe valide et prothèse.

Quelques aveugles font du ski nautique, en se repérant au son d’une corne de brume actionnée depuis le bateau. Les amputés d’un bras emploient un harnais de maintien ou un crochet sur prothèse. La pratique est toutefois coûteuse : comptez 20€ de l’heure en téléski, et 150€/heure pour un bateau (50€ pour un quart d’heure), hors location éventuelle du matériel.

Les impressions. Christophe a pratiqué en valide, avant son accident : « Je retrouve les sensations de la glisse, mais plus présentes encore parce qu’on est plus près de l’eau en ski assis. Et j’ai l’impression d’être plus mobile en jouant du bassin ». En debout, Christophe skiait en mono, bi et wakeboard. Il a immédiatement trouvé l’équilibre à la barre mais la corde s’est refusée à lui : « Je ne sens pas la coque, j’ai une difficulté à trouver l’équilibre latéral. A la barre, c’est plus facile ». Partir à la corde est difficile, la plupart des novices échouent. « Ça nécessite au moins une demi-journée d’initiation simplement pour aller tout droit, estime Christophe Martin, coorganisateur de la journée pour Vagdespoir. Passer le sillage et slalomer prend plus de temps ». Mais Bastien, qui a des abdominaux, réussit après quelques tentatives et effectue deux parcours en slalom, passant le sillage du bateau à maintes reprises. Jean-Louis, professeur de sport, a pratiqué en valide : « En handisport, on est davantage tributaire du matériel, on maîtrise moins les choses. Ce n’est pas évident de sortir de l’eau, et on a l’impression de se battre avec une machine. Heureusement que sortir à la barre, c’est facile ».

Il ne vous reste plus qu’à vous jeter à l’eau, en cassant votre tirelire…

Laurent Lejard, juin 2006.

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