Vous pouvez le voir errer, solitaire, dans les jardins de Fort Alamo. En dépit de la chaleur d’un jour sans nuage, il est vêtu d’un long manteau noir. Des gouttes d’eau suintent des bords de son chapeau. Son visage semble aussi sombre que son humeur. A l’instant même où vous attirez l’attention de vos voisins sur ce spectre ténébreux, il disparaît…

Martin Leal est bien versé dans l’histoire de San Antonio et semble en bons termes avec les résidents « paranormaux » du fort et des bâtiments édifiés sur l’ancien champ de bataille. Il dirige « l’Histoire des chasses aux fantômes de San Antonio » et a participé à de nombreuses émissions de radio et de télévision. Il a un esprit vif et il faut penser (à défaut de marcher) vite pour le suivre ! Mon mari Ron et moi- même sommes en effet atteints d’arthrite et avons dû subir de nombreuses chirurgies du genou. Ce qui ne nous empêche pas de rester des voyageurs avides d’aventures… qui n’exigent pas trop de nos os ! Nous avons fait la connaissance de Martin au cours d’une recherche de séjour accessible à San Antonio : « Mon frère est en fauteuil roulant, a- t-il expliqué, et j’ai conçu un itinéraire touristique facile avec des arrêts réguliers pour se reposer ». Il ne mentait pas : notre visite d’une heure et demie fut aisée, grâce notamment au terrain plat et aux larges trottoirs surbaissés qui sont la norme dans le centre ville. Martin fit des arrêts fréquents où nous pouvions à la fois nous asseoir et apprendre un peu plus sur l’histoire « hantée » des lieux. Il souligna que nous n’étions pas en simple promenade mais que nous prenions part à une véritable chasse aux fantômes !

Martin nous suggéra de charger nos appareils photographiques avec des pellicules 800 ASA : « Vous aurez besoin d’un film rapide car les fantômes peuvent vibrer à un taux qui n’est pas décelable par l’oeil humain, expliqua- t-il. C’est aussi la raison pour laquelle la plupart des personnes perçoivent les fantômes avec leur vision périphérique, plus sensible au mouvement. Photographier des fantômes consiste essentiellement à prendre des clichés dans l’obscurité. Si vous avez de la chance, « quelque chose » pourra apparaître quand vos photos seront développées, telles des mèches diaphanes de fumée ou des bandes semblables à un tourbillon de brume… Les fantômes ont quelques raisons pour rester parmi nous. Ils peuvent avoir une affaire non terminée, comme une promesse qu’ils ont faite de leur vivant et qui n’a pas été accomplie. Ils peuvent aussi être morts soudainement ou violemment et ne pas s’en être rendus compte. Ils peuvent enfin se trouver très bien dans leur état présent et ne plus désirer partir ! Fort Alamo semble retenir ses spectres pour les deux premières raisons : ces combattants étaient des passionnés de leur cause; peut-être estiment-ils qu’il est toujours de leur devoir de défendre les lieux… »

Notre chasse aux fantômes passa par un certain nombre de beaux hôtels historiques… et hantés, parmi lesquels le Menger et le St Anthony. Martin expliqua que des établissements comme le Menger, avec ses quelques 34 fantômes, devaient abriter des souvenirs si plaisants que ses hôtes ne voulaient plus le quitter ! Ernesto Malacara, le directeur adjoint de l’hôtel Menger, prit d’ailleurs le temps nous parler de l’une de ses résidentes permanentes, Sally White, femme de chambre et employée fidèle de l’établissement assassinée le 28 mars 1876 par son mari jaloux. Comme elle n’avait aucune famille, ce fut la direction du Menger qui arrangea ses obsèques et couvrit les dépenses… et Sally est restée une employée fidèle encore aujourd’hui ! Des clients ont ainsi pu apercevoir une femme de chambre parée dans des vêtements démodés triant des serviettes dans le vestibule. Quelques- uns ont été ennuyés que Sally ignore leurs demandes de service, mais se sont bien plus alarmés de la voir littéralement disparaître sous leurs yeux !

Martin nous engagea ensuite à observer attentivement la façade extérieure de l’hôtel Emily Morgan. Situé à l’emplacement des longs bâtiments du fort, l’établissement servit d’hôpital jusqu’en 1976. Une bande de gargouilles grimaçantes salue les clients entrant dans l’hôtel. Leurs visages tordus et leurs corps accroupis ne sont pas du meilleur augure ! Les étages les plus hantés sont ceux qui ont autrefois servi de morgue et de salles d’opération à l’hôpital. Sans doute les fantômes ont-il ici de moins plaisants souvenirs de leur séjour et préfèrent-ils le nouveau décor ! Que vous croyez ou non aux fantômes, San Antonio hantera agréablement vos mémoires pendant de longues années !

Tous les hôtels mentionnés ci- avant sont accessibles aux fauteuils roulants mais il est prudent de mentionner vos besoins spécifiques lors de la réservation. La ville de San Antonio a fait de gros efforts pour rendre accessible le « Riverwalk », quartier populaire situé le long de la rivière Yuanaguana et dont les restaurants et autres boîtes de nuit sont très fréquentés le soir (on vous aura prévenu !)

Une carte de l’accessibilité du Riverwalk est consultable en suivant ce lien. Une partie du réseau des transports publics de San Antonio est également « wheelchair friendly ». Précisions sur cette page. Pour plus d’information sur Los Alamos et son passé, on consultera utilement le site officiel de la ville de San Antonio (en anglais) et cette page très exhaustive en français.

Barbara Taylor, décembre 2000.

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