Aix-en-Provence fut la résidence des Comtes de Provence, le siège du Parlement de Provence, et une place judiciaire et universitaire majeure de la région avant d’être reléguée au second rôle par le développement de Marseille la portuaire. Nobles et grands bourgeois y firent construire de somptueux hôtels particuliers dont beaucoup subsistent encore. Elle est située dans une cuvette formée par le Montaiguet au Sud, Entremont (ancien oppidum) au nord et la célèbre montagne Sainte- Victoire à l’est. Durant ces trente dernières années, la ville s’est considérablement étendue jusqu’à absorber les villages environnants de Venelles, Luynes, Puyricard, Eguilles, et la population de cette agglomération a été multipliée par trois.

La ville serait facilement accessible si les aixois étaient dotés d’un minimum d’esprit civique, ce qui, aux dires de certains habitants handicapés, est loin d’être le cas. Les rues piétonnes sont envahies, notamment le matin, de voitures, les déjections canines y sont nombreuses, l’étroitesse des trottoirs des rues semi- piétonnes en rend dangereuse l’utilisation par la présence de panneaux de publicités et de perrons d’immeubles. La circulation automobile est caractérisée par des embouteillages endémiques; le matin, n’entrez pas dans la vieille ville en voiture si vous ne voulez pas rester bloqué(e) par des livreurs qui vous hurleront « je travaille, moi », si vous manifestez votre impatience ! Le stationnement payant par horodateurs est généralisé dans la ville, mais gratuit pour les véhicules GIG- GIC. Les emplacements réservés sont nombreux, la plupart du temps occupés par des « indélicats » malgré une fourrière municipale active.

« Ville d’art, ville d’eaux », dit le panneau de l’Office du Tourisme. L’eau est partout, coulant de dizaines de fontaines; la vieille ville est assez humide, certains quartiers étant construits sur d’anciens marécages asséchés. Aix fut une station thermale, et souhaite le redevenir: les Thermes sont rouverts depuis plus d’un an, luxueusement refaits à neuf… mais sans agrément de la Sécurité Sociale, les eaux n’ayant plus de pouvoir curatif attesté. Les aixois se rappellent encore la fermeture, en 1978, de l’unité d’embouteillage de l’eau de source, pour cause de pollution ; il n’est pas prévu d’en reprendre la production. De la place de la Libération et sa fontaine édifiante (les trois femmes représentent la Justice, l’Agriculture et les Beaux- Arts), partons en promenade…

Aix, fontaine moussue dans la première moitié du XXe siècle.

En remontant un Cours Mirabeau dont l’interminable et perturbant chantier de réfection semble avoir contribué au changement de Municipalité, nous arrivons à la fontaine moussue ; alimentée par la source thermale, elle répand une eau chaude dont on ne conseille pas la boisson. Le Cours, c’est l’avenue phare de la ville. Coté pair, les banques installées dans des Hôtels particuliers des XVIIe et XVIIIe siècle; en face, brasseries et commerces se succèdent.

Le long des larges trottoirs, sur lesquels on roule facilement, les aixois et les autres aiment à flâner et à se montrer. Le défilé des voitures est permanent, qui à la recherche d’un stationnement impossible, qui voulant simplement exposer son six cylindres customisé décapoté…

Nous voici en haut du Cours, face à la fontaine – statue du Roy René. Aix fut et demeure une ville riche: le nombre important d’hôtels particuliers en témoigne, qu’ils soient en ville ou à la campagne. Le quartier Mazarin, bâti durant le XVIIIe siècle, en est rempli. Pour nous y rendre, traversons le Cours par l’un des nombreux passages piétons surbaissés, puis empruntons le côté gauche de la rue Mistral…*

La rue Cardinale respire le calme et la tranquillité. Elle mène le promeneur jusqu’à l’église Saint- Jean de Malte, probablement le premier édifice gothique de Provence. Son ancien prieuré abrite le musée Granet : il présente notamment cinq tableaux de Paul Cézanne, dépôt du Musée d’Orsay. Ce peintre est né, a vécu et a peint à Aix- en- Provence; jusqu’en 1981, on ne pouvait voir dans sa ville aucune de ses oeuvres !

On annonce de prochains importants travaux d’agrandissement du musée Granet, incluant une mise en accessibilité: rendez- vous fin 2003 pour en apprécier le résultat. Pour l’instant, tournons- nous vers la place des Quatre Dauphins…

C’est une merveille d’équilibre architectural préservé; au fil des réaménagements, les voitures ont presque été exclues du paysage ! La place est faite pour admirer la fontaine, décorée par Jean- Claude Rambot ; elle est une image emblématique de la Provence.

Située au centre des deux rues principales du quartier Mazarin, elle fut aussi un lieu de spectacle pour le célèbre festival International d’Art lyrique.

Remontons maintenant par les rues Cardinale et Mistral vers le Cours, que nous traversons pour nous diriger vers la Mairie par les rues piétonnes…

Place Saint-Honoré, voici la statue en oratoire du saint; elles sont nombreuses ces niches d’angle ou de façades qui abritent saints patrons protecteurs ou ex- voto. L’emprise religieuse sur la ville était forte jusqu’à la Révolution. La plupart des ordres religieux étaient présents, et on y brûlait encore un suppôt de Satan en 1611!

Les couvents et monastères ont tous été démantelés, devenant lycées ou collèges, voire simples éléments d’architecture subsistant le long des rues.

Tournons à gauche, rue Espariat et avançons sur quelques mètres…

Aix, place d'Albertas.

Nous voici place d’Albertas ; y habiter est le rêve secret de nombreux aixois ! Sur la gauche, l’Hôtel d’Albertas, construit au début du XVIIIe siècle. La place fut créée quelques années plus tard, pour permettre le déploiement des carrosses du proprio ! Les façades ont été construites sur des maisons plus anciennes, à la manière d’un décor de théâtre « plaqué », et c’est bien l’impression que renvoie cette place charmante. La décoration de la fontaine date de 1912. Parfois, en été, des concerts sont donnés ici, et c’est bien beau.

Nous voici maintenant sur le marché de la place Richelme ; nous y avons accédé en suivant les rues Aude et Foch. Dans cette ville, le marché de producteurs est une institution ! Il s’étend de la Mairie jusqu’au parvis de l’église de la Madeleine ; les aixois aiment à venir s’y approvisionner en fruits et légumes, dont la fraîcheur et la qualité sont très appréciés. La Provence dans toute son authenticité.

En continuant notre route par la rue Foch, nous sommes arrivés sur la place de l’Hôtel de Ville. Le matin, un marché aux fleurs s’y tient. La tour de l’Horloge fut l’une des entrées de la ville dans les remparts moyenâgeux. Les grosses pierres blanches à sa base datent de l’époque romaine; les parties hautes, plus flamboyantes, furent bâties au XVIe siècle et comprennent horloge, calendrier et statues représentant les Quatre Saisons.

Sur la gauche, la Mairie mérite une visite, pour la majestueuse harmonie de sa cour mais n’espérez pas y rouler, le sol fait de pavés grossiers est tueur de fauteuils !

Passons sous l’horloge et montons la rue de Saporta; en chemin, vous remarquerez sur la droite la place des Martyrs de la Résistance au fond de laquelle se trouve le théâtre de l’Archevêché, lieu mythique du très chic (voire très snob) Festival International d’Art Lyrique.

Nous voici face à la Cathédrale Saint- Sauveur; deux marches hautes en rendent l’accès difficile. L’édifice est une juxtaposition d’époques et de styles: mur romain, baptistère du VIe siècle, nef romane du XIIe siècle absorbée par la nef gothique des XIIIe et XIVe siècles et à laquelle est adjointe une nef baroque aux XVIIe et XVIIIe siècles!

Une oeuvre picturale y attire les amateurs du monde entier: le triptyque du Buisson Ardent, peint par Nicolas Froment en 1476. Les panneaux sont ouverts sur demande par le gardien; il en est de même pour les portes monumentales de la Cathédrale, sculptées par Jean Guiramand en 1510, qui sont ordinairement protégées par des vantaux.

La fondation d’Aix- en- Provence remonte à la période celte. La tribu des Salyens s’était établi sur une butte dont on peut voir un reste de fortifications, l’oppidum d’Entremont. Situé au nord de la ville, ses vestiges sont toujours fouillés mais restent d’accès (difficile) libre et gratuit.

Actuellement, un nouvel Aix est en construction ; des friches industrielles ont mis 20 ans à être érigées de grues bâtissant des centaines de bureaux et des logements par milliers dans tous les styles néos imaginables et à des prix très « parisiens », un casino immense et vulgaire balise l’entrée de la ville en venant de Marseille… La mise en service du TGV Méditerranée génère une véritable frénésie immobilière. Aix, « fière de son passé et résolument tournée vers l’avenir », comme se plaisent à le dire les édiles !

« Aix : un aveugle croit qu’il pleut mais s’il pouvait voir sans sa canne il verrait cent fontaines bleues chanter la louange de Cézanne »… (Jean Cocteau)

Sur le Net : Le site officiel de la ville contient des informations très riches sur la vie locale (données pratiques, activités artistiques, etc.) qu’on pourra consulter en priorité. Les propriétaires (privés) du domaine aix- en- provence.com ont, quant à eux, mis en place un très complet mais lourdissime et hideux annuaire des hôtels, réservations et visites sur Aix- en- Provence. Autre site très complet à l’interface aussi lourde et aussi peu élégante que le précédent, aix.maville.com : actualité, sorties (agenda, cinéma, restaurants, bars) et annuaire de commerçants de la ville. Tout aussi complet, tout aussi lourd mais un peu plus élégant et mis à jour sur des bases plus régulières, e-aix.com : plan de la ville, commerçants, adresses pratiques, actualités et sorties. Pour mieux connaître Cézanne, une visite par son Atelier aixois s’impose, qui sera utilement complétée par le très beau site cezanne.com

Jacques Vernes, octobre 2001.

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