La Grèce est le berceau de notre civilisation et l’un des piliers de notre mythologie; elle est également le maillon faible de l’Union Européenne, même si elle fait partie de l’espace Schengen et de la zone Euro. La capitale, Athènes, réunit le tiers des habitants d’un pays très montagneux et composé de centaines d’îles et îlots. Le nom d’Athènes est mythique, évoquant les premiers philosophes, la naissance de la Démocratie, et un idéal de beauté qui nous est parvenu par la statuaire. Parthénon, Acropole, Stadium, Pirée, tels sont les lieux d’Athènes dont chacun a entendu parler. Curieusement, à l’exception de quelques églises byzantines, il ne demeure aucune construction civile ou militaire entre l’Antiquité et le XIXe siècle, époque de la renaissance grecque et de l’accès à l’indépendance (1830). Il subsiste de cette dernière période quelques immeubles de caractère. Mais pour le reste, la cité est sans grand intérêt architectural, succession de bâtiments fonctionnels peu intéressants le long de rues rectilignes qui se croisent à angle droit. L’emploi du marbre est fréquent, on en retrouve même dans les bordures de trottoirs.

L’Acropole domine les quartiers touristiques de Plaka et de Monastiraki. Inaccessible en fauteuil roulant et ardu pour les autres handicapés moteurs, il est en grand chantier : pour y accéder, il faut escalader les échafaudages qui supportent les Propylées dont on imagine l’ampleur et la majesté, entrée tellement monumentale et grandiose qu’elle demeura inachevée. Sur la droite, le temple d’Athéna Niké (victorieuse) est entièrement démantelé pour restauration; il n’en reste que le socle ! Un chemin de marbres colorés nous fait entrer sur l’Acropole. Du Parthénon, seuls les abords se visitent, la cella (partie réservée à la statue et à l’autel) étant en reconstruction. Les colonnes massives, imposantes, sont en partie démontées pour laisser travailler deux grues. Dédié à Athéna Parthénos, ce temple colossal fut construit en marbre sous Périclès, de 447 à 438 av. J-C, par les architectes Ictinos et Callicratès. C’est le célèbre Phidias qui exécuta la décoration sculptée des frontons et des frises.

Sous la paroi sud, l’Odéon d’Hérode Attique date de l’époque romaine. Bâti en 161, ce théâtre, qui était couvert, accueille maintenant le festival d’Athènes. Si les gradins ont été reconstruits, le mur de scène est d’époque. Le musée de l’Acropole attend son déménagement au pied du promontoire : il abrite une partie de la statuaire du Parthénon et des temples attenants ainsi que divers objets trouvés sur le site. Quelques fragments des frises sculptées sont présentés ici, mais la plupart sont exposées à Londres, au British Museum, une copie ornant les quais de la station de métro Akropoli. Mélina Mercouri (1920-1994), comédienne, chanteuse, mais surtout déesse moderne du peuple Grec, avait lancé, alors qu’elle était ministre de la Culture, un combat pour la récupération de ces frises qu’un ambassadeur britannique avait fait expédier en Angleterre, au début du XIXe siècle. Ce combat est perpétué par une fondation qui proclame son credo sur le plan en anglais du réseau de transport en commun édité à l’attention des touristes !

Le sol de l’Acropole est très inégal, fait de restes de rues antiques et de pierres éparses et glissantes, la marche y est délicate. De la pointe est, un belvédère vous offre un vaste panorama sur la ville, du mont Lycabette jusqu’au port du Pirée au sud-ouest. Coté nord, le temple dissymétrique de l’Erechthéion présente un portique supporté par six caryatides mondialement célèbres dont les statues originales sont au musée. Au loin, on aperçoit l’Agora grecque dominée par un temple qui apparaît bien petit par rapport au Parthénon. Sur le chemin du retour, il vous faudra être attentif aux escaliers : leurs marches sont hautes, faites de marbre usé et extrêmement glissant à la moindre humidité. Le rocher face à la sortie est celui de l’Aréopage, premier tribunal civil connu de l’Antiquité. Celles et ceux qui ont de bonnes jambes pourront rejoindre le charmant quartier d’Anafiotika en empruntant, à gauche de l’Acropole, les fameuses Panathénées, voie dallée conduisant à l’Agora romaine et à la Tour des Vents.

Plaka est le lieu touristique par excellence, avec ces innombrables boutiques qui vendent des reproductions d’antiquités d’un goût plus ou moins douteux, des gadgets, des contrefaçons d’articles arborant le logo des Jeux Olympiques… Les restaurants y pullulent. Le soir, certains accueillent des musiciens qui agrémentent le dîner de sirtaki, rebetiko et autres musiques traditionnelles. Ces établissements sont également fréquentés par des Grecs qui n’hésitent pas à danser et chanter au son du bouzouki. La cuisine laisse par contre à désirer, plutôt lourde à digérer, et les vins sont à fuir ! Au hasard des rues, vous tomberez sur celles qui sont spécialisées dans les articles religieux, proposant robes liturgiques, ciboires et lampes colorées rehaussées d’or…

Athènes, rue Ermou.

Athènes s’étend aussi loin que la plaine le permet, les constructions attaquant même les flancs des collines qui la cernent. L’agglomération compte le tiers des habitants du pays. Le port d’Athènes, c’est le Pirée. Les ferrys desservant les îles y accostent par dizaines, ou mouillent au large. Le littoral rappelle celui de la Provence, succession de calanques de calcaire. Au loin, les collines arborent une végétation rase. Les sites antiques sont nombreux, la plupart étant partiellement accessibles aux handicapés moteurs… équipés d’un fauteuil roulant solide. L’intérêt de certains sites est limité, telle la Pnix (première assemblée démocratique athénienne) dont il ne reste que trois pierres éparses, et l’on peut se contenter de les observer de l’extérieur : il en va ainsi de l’Agora romaine et du Temple de Zeus Olympien, lui aussi dans les échafaudages, de même que la toute proche Porte d’Hadrien. L’Agora grecque vous permettra de voir de près un temple en bon état, le Théséion, qui là encore ne se visite pas et dont la cella a été renforcée au béton armé : le musée vous permettra de découvrir une machine à voter et des Ostrakons, morceaux de poterie sur lesquels les citoyens notaient le nom d’une personne à bannir de la cité. Pour accéder à l’Agora grecque, vous aurez traversé le chantier du métro à Thissiou, auquel des ouvriers travaillent jour et nuit. Le soir, les vendeurs à la sauvette et la « zone » pullulent !

Tout près, la rue Ermou devient piétonne au bout de quelques dizaines de mètres, longée alors de boutiques vendant des produits de grandes marques. Une église byzantine est située au centre de la rue, sauvée de la destruction par la volonté d’un monarque. La Kapnikaréa fut construite au XIe siècle, et elle apparaît toute petite au milieu des immeubles modernes et moches, comme une lueur de spiritualité au coeur d’un temple de la consommation. La visite (accessible avec aide) en est toutefois de peu d’intérêt. Une autre église byzantine à voir est l’ancienne Métropole, à laquelle est adossée la nouvelle construite dans un style… sans style, dont vous remarquerez que les bâtisseurs ont utilisé des pierres sculptées antiques. Des vestiges, vous en trouverez bien d’autres dans ce quartier, au détour d’une rue, à deux mètres au- dessous du niveau du sol moderne : deux colonnes par ci, un portique par là…

En remontant la rue Ermou vers l’est, vous arriverez Place Syntagma, siège du Parlement, du tombeau du soldat inconnu et d’un spectacle qu’il ne faut absolument pas rater: deux soldats en tenue d’Evzone montent la garde devant le tombeau et rendent chaque heure sonnante les honneurs au soldat inconnu. Ces grands gaillards, coiffés d’un bonnet rouge à pompon, vêtus d’une tunique bleue faisant jupette, portant des bas blancs, aux genoux ceints d’un pompon que l’on retrouve également sur leurs chaussures rouges, font de grandes gesticulations avec les bras, des mouvements de jambes compliqués, posent violemment la crosse de leur fusil au sol et claquent des pieds. Cette cérémonie réjouit des touristes iconoclastes qui ignorent généralement que la tenue des Evzones était celle des patriotes qui conquirent l’indépendance.

Coté musées, les handicapés moteurs auront de quoi visiter. Les amateurs d’art contemporain iront au Fix, un entrepôt situé sur la rue Sigrou et dont le rez-de-chaussée a été réaménagé (entrée par rampe, vastes salles de plain-pied ou desservies par des rampes, prêt de fauteuil roulant, entrée gratuite y compris pour l’accompagnateur). On y présente des oeuvres internationales d’auteurs vivants. Des plasticiens grecs du XXe siècle sont exposés au musée Frissiras (Plaka), installé dans deux immeubles mitoyens : deux hautes marches pour entrer mais ensuite un ascenseur dessert les étages. Le musée d’archéologie nationale est parfaitement accessible par le coté gauche (ascenseur et rampe pour franchir les escaliers, salles de plain-pied, lève-fauteuil pour accéder au sous-sol, prêt de fauteuil roulant, wc très bien aménagés). La visite vaut pour la splendide collection de bijoux de l’époque mycénienne, un art, une finesse et une technique que l’on retrouve rarement dans les pièces contemporaines. Les bijoux sont essentiellement en or : on remarque notamment des ceintures serties de pierreries et tressage d’or ! Ces oeuvres remarquables, boucles d’oreilles, torques, bagues, broches, datent du deuxième millénaire avant notre ère. De nombreuses stèles funéraires sont présentées, déplacées du cimetière du Céramique : généralement, un personnage debout y serre la main d’une personne assise. La collection de poteries est invisible, les salles situées à l’étage étant fermées à la suite d’un tremblement de terre qui a ébranlé l’édifice. Une collectionneuse grecque richissime a fait don de ses trésors et vous y verrez là encore de somptueux bijoux, notamment des ornements de seins ! A voir aussi, de sublimes bronzes saisissants d’expressivité, avec des yeux de pierre très réalistes.

Le sous-sol du Musée National abrite une boutique, une cafétéria et donne accès à une cour agréable dans laquelle vous pourrez voir la seule grande mosaïque exposée. Autre musée valant la visite, mais inaccessible en fauteuil roulant, le Bénaki. Il vous fait remonter le temps grec, du troisième millénaire avant J-C jusqu’au XXe siècle. Là encore, vous admirerez des bijoux finement ciselés de Mycènes et de Crète. Deux pièces d’une maison cossue de l’époque ottomane sont présentées, l’une magnifiquement ornée de peintures, l’autre de lambris sculptés. De nombreux objets de la vie quotidienne ainsi que des costumes provenant des différentes régions donnent un aperçu de la Grèce alors sous domination turque. Les dernières salles sont consacrées au mouvement d’insurrection nationale qui conduisit à l’indépendance. L’ensemble est présenté dans une agréable muséographie. Intérêt particulier, il est ouvert jusqu’à minuit chaque jeudi et pour l’occasion, l’entrée est gratuite et vous pouvez y dîner !

Athènes, stade olympique des Jeux de 1896. © Athènes 2004.

Tout proche du Bénaki, le musée d’art cycladique présente la statuaire découverte sur l’archipel des Cyclades. Ce sont pour la plupart des femmes présentées de face, aux lignes et formes géométriques, dépouillées, pures. Les autres pièces intéressantes sont des poteries et quelques casques de guerriers, impressionnants. Le musée est accessible par rampe, un ascenseur dessert les étages, prêt de fauteuil roulant d’hôpital (prévoir un accompagnateur musclé, l’engin est retors !). On peut y déjeuner correctement, le restaurant étant situé dans une cour intérieure très agréable. Face à ce musée, vous verrez le Jardin National, auquel vous pouvez accéder après être passé devant la résidence du premier ministre gardée par des Evzones. Le jardin semble à l’abandon, avec une végétation luxuriante et envahissante. Des cages qui contenaient des animaux, seules restent quelques chèvres angora et un peu de volaille. En ressortant du jardin, vous arriverez face au Palais Présidentiel puis en descendant l’avenue, au Stade de marbre. Entièrement ouvert sur un coté, il fut construit à l’occasion des Jeux olympiques de 1896. On y entre de plain- pied, sur la droite des stèles en grec rappellent les lieux des différentes Olympiades et le nom des présidents successifs du Comité International Olympique. Les gradins sont couverts de marbres entre les plaques desquelles pousse de la végétation. On peut librement galoper sur la piste cendrée…

Du sommet du mont Lycabette vous attend un superbe panorama sur la ville, mais cela se mérite. L’accès par funiculaire est fermé pour travaux, et si vous optez pour le taxi, la route vous laissera au pied d’une série d’escaliers qui vous conduisent… à des échafaudages. Les personnes en fauteuil roulant devront attendre la fin des travaux de réfection pour accéder directement à la terrasse du bar restaurant mais il ne semble pas qu’un élévateur sera installé pour leur permettre d’accéder au parvis de l’église Saint-Georges dont la visite s’effectue en une poignée de secondes. Si vous arrivez au sommet, votre regard portera jusqu’à la mer, au-delà du Parthénon qui de si loin semble en bon état, et au couchant le spectacle est grandiose. Sur la gauche, les immeubles chics de Kolonaki comportent quelques piscines sur les toits. Derrière, on aperçoit le stade de marbre qui apparaît tel une trouée blanche dans une futaie. On voit peu d’immeubles de bureaux béton-verre-acier, l’ensemble des constructions est plutôt bas. Au pied du Lycabette, Kolonaki est le quartier à la mode, celui des commerces chics, des bars branchés et des boites, à travers lequel on descend par des escaliers arborés et des rues rectilignes étroites.

La ville devrait bruisser de chantiers à l’approche des Jeux de 2004, tant les projets d’urbanisme sont importants : construction d’autoroutes, de boulevards urbains, de lignes de tramways. En fait, à l’exception du prolongement du métro et de la voie piétonne reliant les sites antiques, la ville est calme et fait se demander si les infrastructures seront prêtes dans les délais. Parce qu’à Athènes l’indolence orientale a un peu poussé sa corne…

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