Le Chili, pays isolé et trop souvent méconnu d’Amérique latine, se trouve à l’autre bout du monde, dans l’hémisphère Sud. Il est constitué d’une mince bande de terre longue de plus de 4.500 km bordée d’un côté par la majestueuse cordillère des Andes, parsemée de hauts sommets et volcans, et de l’autre côté par le Pacifique Sud. Ses extrémités territoriales s’étendent au nord du désert d’Atacama, désert le plus aride au monde, et à l’extrême sud à la Terre de Feu, terres glacières. La Route des Cactus Handy démarre de Valparaiso pour s’achever 2.000 km après, dans le Grand Nord du Chili, à San Pedro de Atacama, village situé en plein désert…

Les maisons hautes en couleur du port mythique de Valparaiso datent du début du siècle dernier. Il connut son heure de gloire au temps des Cap Horniers, escale bien méritée et tant attendue de tous les marins après le passage obligé du terrible Cap Horn, jusqu’à l’ouverture du canal de Panama. La cordillère des Andes du Chili se caractérise par la multitude de volcans actifs ou éteints, cônes parfaits aux sommets souvent enneigés qui s’élèvent parfois jusqu’à plus de 6.000 mètres. L’activité volcanique est intense dans cette région du globe comme en témoignent également les nombreux geysers et sites d’eau thermale. Le Chili regorge de trésors naturels. Le long de la côte, de petits ports appelés « caletas » sont en effervescence le matin, à l’arrivée des barques de pêcheurs. Les terres sont riches en minerais et l’extraction du cuivre demeure la plus importante au monde; ses impressionnantes mines à ciel ouvert ont toujours été au coeur de l’économie et aussi de l’histoire du peuple chilien.

De multiples ethnies indiennes, certaines arrivées par le nord et d’autres venant des terres australes, peuplent le pays et mènent une existence pacifique jusqu’à l’arrivée des conquistadores au 16ème siècle. Les structures sociales sont alors chamboulées et les indiens doivent se soumettre aux nouveaux conquérants venus d’Espagne. Seule une très longue bataille de plus de trois siècles, plus au sud, est menée par les valeureux Mapuches, indiens réputés pour leur bravoure et leur courage à défendre leurs terres. Les 15 millions d’habitants que le Chili compte actuellement sont aujourd’hui majoritairement métis, descendants des indiens et des espagnols, et vivent désormais dans une république démocratique, après le terrible et long épisode dictatorial de Pinochet (1973- 1989).

Sur la route. Par les larges baies vitrées de notre véhicule 4X4 Engesa, nous voyons au loin s’approcher la caleta Punta Chorros, formée de ses petites maisons multicolores. La piste de sable blanc est en mauvais état mais l’Engesa survole toutes les irrégularités du parcours. C’est au retour matinal des pêcheurs, dans les barques remplies de poissons et crustacés, que les habitants de la Caleta se mettent au travail, avec chacun sa tâche particulière. Ils trient, vident les poissons et réparent les filets déchirés par les lions de mer qui y ont trouvé une pêche fructueuse et facile. Quelques pécheurs proposent de visiter les iles quand la mer n’est pas trop démontée: c’est de Punta Chorros que l’on accède au Parc National Pinguïno de Humbolt, destiné à protéger la faune qui prolifère entre les trois iles qui le composent. Une quinzaine de barques multicolores sont rangées en amont de la plage d’où un petit embarcadère en béton se jette dans les vagues.

La caleta Horcon: un pêcheur. © Amapi.

Ricardo, notre marin et guide pour la sortie en mer vient nous saluer et nous distribue les gilets de sauvetage. Nous pouvons descendre avec les fauteuils roulants juste à côté de la barque ce qui nous permet de monter sans trop de difficulté à bord. C’est parti ! Les autres pêcheurs réunis autour de notre barque nous poussent jusqu’à l’eau. Les cinq premières vagues sont franchies à la rame avant qu’un puissant hors- bord nous propulse vers l’avant…

Dès les premiers mètres, c’est l’excitation générale, nous nous retrouvons au milieu d’une grande zone d’écume. Près d’une centaine de dauphins émergent et plongent aussitôt, par groupes de quatre, six ou plus. Ils semblent se désintéresser de nous. Ricardo nous signale que les dauphins ne se rapprochent pas trop de la barque car l’eau aujourd’hui n’est pas très claire et que les dauphins se méfient des hélices du bateau. Il nous explique que les dauphins sont en campagne de pêche et que nous nous trouvons en plein sur un banc de poissons. Cela ne semble jamais arréter, devant, derrière, partout où les regards se posent on voit les dauphins s’agiter, parfois suivis d’un bébé, collé à sa mère. Nous restons là pendant près d’une demi- heure, à admirer ce spectacle fascinant de la mer, éblouis !

Nous pourrions rester là pendant des heures mais Ricardo décide de poursuivre la visite et redémarre le hors- bord. A peine une centaine de mètres franchis, nous croisons une loutre de mer qui nage avec dans la bouche un congre doré plus grand qu’elle. Elle ne semble pas dérangée par notre présence et continue de nager sans s’interrompre. Dès notre approche de la première île nous sommes surpris par l’abondance d’espèces qui y cohabitent : pingouins de Humboldt, loutres de mer, vautours, lions de mer, cormorans, goélands, et une multitude d’oiseaux colorés se partagent les rivages de cet immense caillou aux parois cassantes.

Plusieurs escales ponctuent le séjour, avec un décor qui se modifie au fil du parcours. Les hôtels sélectionnés pour leur accessibilité, leur charme et leur propreté, vont du quatre étoiles à l’hébergement chez l’habitant avec la possibilité d’une nuit en grande tente avec lit pliable (Il ne s’agit cependant pas de chambres spécialement aménagées pour personnes handicapées). Lors des déplacements, une petite toile de tente avec toilette chimique est montée chaque fois en fonction des nécessités de l’endroit…

Anne Simon, Amapi, mars 2003

Si l’aventure vous tente, prenez contact avec Anne et Mark au Chili, lisez cet autre récit ou ce troisième. Pour des données plus générales et pratiques sur le pays, suivez ce guide- ci… ou celui- là. Pour voyager avec les yeux, rendez- vous sur le site de Pierre Robin. Enfin, le très officiel Service National du Tourisme (en espagnol) vous propose de nombreuses informations touristiques sur le Chili.

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