La seule évocation du Nil fait rêver la plupart des amateurs de voyages qui, baisse des prix aidant, s’offrent désormais plus facilement la croisière tant espérée. Ce produit touristique est rodé depuis de nombreuses années et il ne réserve généralement pas de mauvaises surprises aux passagers valides ou handicapés sensoriels. Il en va, hélas, tout autrement des insuffisants respiratoires, qui auront à souffrir d’une pollution atmosphérique généralisée, et des personnes paralysées des membres inférieurs, pour qui la présence de tierces personnes robustes sera absolument indispensable. Fauteuil manuel pliable uniquement ! Les vénérables beautés de l’Égypte opposent en effet une accessibilité aléatoire; quant aux navires de croisière, ils sont bardés de marches et leurs appontements peuvent s’avérer une épreuve, même pour les passagers valides. Les bateaux sont amarrés la plupart du temps « à couple » par groupes qui peuvent aller jusqu’à une dizaine et il y a parfois loin de la cabine au quai. Il faut toutefois savoir que l’aide n’est pas difficile à obtenir, souvent spontanément, de la part d’autres touristes ou des Égyptiens, dont l’amabilité est sincère et qui souvent connaissent suffisamment bien le français ou l’anglais pour soutenir une conversation… et comprendre ce que vous dites.

Généralités. La croisière « de base » se déroule sur une semaine et relie Louxor à Assouan, en Nubie. Bien que cette région ait pour nom Haute Égypte, elle se situe à la limite sud du pays, non loin du tropique. Il y fait chaud et sec toute l’année, jusqu’à 50°C à l’ombre en plein été. Préférez donc novembre à mars pour voyager; bien évidemment, c’est aussi la haute saison touristique et il ne faut pas espérer s’y retrouver seul. Mais que les amoureux de mystère se rassurent, les havres de paix existent entre deux passages de groupes et il suffit souvent de s’éloigner de quelques mètres du « flux principal » pour goûter au mieux à l’atmosphère mystique qui règne encore dans les monuments égyptiens.

Un constat s’impose : à moins de ne disposer d’aucune documentation sur les lieux visités ou d’avoir l’instinct grégaire, mieux vaut vaincre son appréhension face à l’inconnu et « oser » faire les visites de son côté plutôt que de payer des « options » vendues à prix d’or par les tour operators. Par exemple : visite en bus du temple d’Hatshepsout et passage obligé par une hideuse boutique d’albâtre, 35 € par personne. En solo : traversée du fleuve en felouque, location d’un taxi pour la matinée, visite du temple et de la vallée des rois, 100 livres égyptiennes soit environ 13 € par personne ! Options- pièges à fuir définitivement, les sons et lumière en général (allez-y par vos propres moyens) et les visites de boutiques prétendument « officielles » (pièges à touristes). Le cas d’Abou Simbel est particulier : une excursion vers ces sublimes temples nubiens sauvés des eaux vous sera présentée comme « à ne pas manquer », ce qui est vrai. Mais valent-ils vraiment de payer une centaine d’€ par personne pour se lever en pleine nuit, subir de longues heures de convoi escorté par l’armée (la région est réputée peu sûre) et ne rester sur place qu’une heure ou deux ? Sachez, quelle que soit votre décision, qu’il est possible de s’y rendre en avion par ses propres moyens dans des conditions moins spartiates, et que des voyagistes proposent de luxueuses croisières sur le lac Nasser, infiniment plus propices à une découverte en profondeur… lors d’un autre séjour en Égypte.

Le déroulement d’une croisière-type suit un rythme réglé par ces fameuses options payantes. Ne vous laissez pas intimider, le personnel est là pour vous rendre la vie agréable et il ne vous refusera ni petits déjeuners tardifs ni collations prises où bon vous semble. Les cabines sont généralement distribuées au hasard. Les meilleures (et les plus vastes) sont situées sur le pont supérieur. Handicapé moteur, vous veillerez à obtenir celles placées au niveau de la réception du navire, si possible vers l’avant, au plus loin des moteurs qui fonctionnent en permanence. La circulation entre les différents ponts se fait au moyen d’escaliers (parfois d’ascenseurs, renseignez- vous) et il n’est pas difficile de s’y repérer. Les repas sont pris en commun dans une salle à manger. N’ayez aucune crainte quant à la qualité de ce qui vous sera servi : tout, y compris les crudités, répond aux standards occidentaux. Évitez, en revanche, de consommer quoi que ce soit au-dehors à l’exception des bouteilles et emballages scellés, vos entrailles risqueraient de vous en faire l’amer reproche… Incontournables moments « sociaux », les soirées disco (qui ne durent généralement pas au-delà de 23h) et la soirée orientale costumée, pour laquelle on tentera de vous fourguer des déguisements ad hoc, et qu’il vous sera tout à fait loisible de fuir (vous ne serez pas les seuls).

temple de Philae.

Côté vrais plaisirs, il y a la piscine (royaume des enfants) et le sun deck , d’où la vue sur les berges du Nil défilant mollement de jour ou de nuit, sous la voûte étoilée, est inoubliable. Et les aveugles, donc ? Qu’ils embarquent : l’Égypte regorge de sons et d’odeurs complètement dépaysants, et c’est probablement le seul endroit au monde où ils pourront caresser librement sculptures et hiéroglyphes, un plaisir esthétique et minéral recommandé, d’ailleurs, à tout le monde ! En ce qui concerne les visites, tâchez d’être matinal(e), vous éviterez le gros des touristes et surtout la chaleur, qui frappe dès 11 heures. Réservez la flânerie et les musées à l’après- midi. Les tarifs tournent autour d’une cinquantaine de livres (environ 6 €) avec parfois une réduction pour les visiteurs handicapés. Nous ne reviendrons pas en détail sur l’histoire des lieux visités : de nombreuses documentations existent sur le sujet, dont on trouvera un choix Internet en bas de page.

Louxor. Fondée au 20e siècle… avant notre ère, l’ancienne Thèbes, fut la seconde capitale de l’Égypte pharaonique après Memphis (près du Caire actuel), apparue quant à elle au 3e millénaire. Autant dire que le visiteur occidental s’y sentira bien petit en histoire ! Les Bretons pourront toujours objecter que les célèbres alignements mégalithiques de Carnac remontent à plus de 6.000 ans mais il n’en demeure pas moins que la plus ancienne cité française, Marseille, est née « seulement » en 600 avant notre ère, soit au crépuscule de la civilisation égyptienne. De la Louxor d’aujourd’hui émane une impression de désordre bruyant et pollué : le port est rempli de centaines de bateaux, ferries et felouques dont le ballet est permanent. A quai, calèches, piétons, voitures et bus s’entremêlent. On conduit au klaxon par principe. La police est omniprésente, à de nombreux carrefours et dans les sites touristiques, en plus des agents en civil nantis de pistolets mitrailleurs…

Ici, comme ailleurs en Afrique, les bordures de trottoir sont très hautes (plus de 30 cm) et il n’y a quasiment pas d’abaissés. Le souk est intéressant le soir, on pourra le visiter en sortant du musée, dont la visite est recommandée : il expose peu de pièces mais d’une très grande qualité (mobilier et vannerie du tombeau de Toutankhamon, têtes colossales souriantes, sculptures d’albâtre, bijoux…) dans une sobre muséographie contemporaine. L’accessibilité y est excellente, sauf pour l’espace exposant les très fines statues découvertes récemment dans une cachette du temple de Louxor (fauteuils, faites- vous porter par les gardiens !) et deux salles avec momies.

Les temples de Karnak. Situés au nord de Louxor et construits sur une période de 1.300 ans, depuis le 16e siècle avant notre ère, ils étaient dédiés à la « triade thébaine » : Amon, « roi des dieux », sa femme Mout, déesse du ciel, et leur fils Khonsou, dieu de la lune. On entre dans le site par une allée de béliers aux pavés disjoints. Comme dans de nombreux autres monuments, certains murs portent des traces de couleurs, ce qui ne laisse pas d’étonner. L’air sec du désert et, parfois, un long ensablement, expliquent cet exceptionnel état de conservation. Vastes ruines assez difficilement lisibles, Karnak est surtout célèbre pour son impressionnante salle hypostyle dont les colonnes massives s’élèvent très haut vers le ciel. Une scène fameuse du film Mort sur le Nil, d’après Agatha Christie, y a été tournée (autre ouvrage à emporter ou à lire avant de partir : Sinhoué l’Egyptien, de Mika Waltari).

Ne manquez pas le lac sacré et ce qu’il reste du sanctuaire mais n’hésitez pas non plus à vous perdre dans ce labyrinthe de pierres, au hasard des salles et des motifs sculptés : sauf à être égyptologue, vous ne retiendrez jamais la liste des dynasties et des divinités (au premier rang desquelles Pharaon lui- même) et il vaut mieux s’imprégner simplement de l’atmosphère, admirer l’art consommé des Égyptiens pour la sculpture en haut ou bas relief. Côté pratique, les personnes en fauteuil roulant seront bien inspirées de demander au guichet qu’on les laisser accéder au site par la rampe en pente douce située à gauche de l’entrée : elles éviteront ainsi les escaliers qui desservent l’allée des béliers.

Le temple de Louxor. Situé au sud de la ville, on y accède par une rampe assez raide placée sur la gauche, après le portique d’entrée. Élevé au 14e siècle avant notre ère et dédié, à l’instar de Karnak, à la triade thébaine, c’est le site le plus accessible de la région, et l’un des plus « lisibles ». En face du temple, une très belle allée de sphinx reliait Karnak. A gauche de l’entrée se dresse « l’autre » obélisque de Louxor : son jumeau, qui trône désormais sur la Place de la Concorde à Paris, a été offert à la France en 1831 par Méhémet Ali, Vice-roi et Pacha d’Égypte. La plupart des salles du temple sont de plain- pied sauf celle de la barque céleste. Élément pittoresque, qui rappelle certaines pratiques occidentales, une mosquée a été construite au 19e siècle sur l’un des côtés de l’édifice, lui- même temporairement transformé en église copte avant l’avènement de l’Islam. Si les Musulmans ont peu endommagé le patrimoine artistique légué par les Anciens, les Chrétiens en revanche s’y sont livrés à de nombreuses déprédations, martelant sans vergogne bas reliefs et effigies divines de l’ancienne religion. On peut visiter les lieux au crépuscule et y déambuler dans une atmosphère propice à la rêverie. On profite également fort correctement du spectacle depuis la rue car les ruines sont très bien mises en lumière.

Louxor la nuit.

La rive occidentale. Traditionnellement dédiées aux défunts (côté soleil couchant), les bords ouest du Nil sont, toujours à notre époque, peu urbanisés. Le désert y affleure à peine franchie une bande fertile qui dépasse rarement les dix kilomètres de large. Quelques ponts ont été construits, loin des centres- villes, et on franchit plus généralement le fleuve au moyen de petits ferries ou de felouques. La rive occidentale de Louxor est un endroit très riche d’un point de vue archéologique puisqu’il abrite, outre les célébrissimes Vallées des Rois et des Reines, le temple d’Hatshepsout, les tombeaux des nobles, le Ramesseum, le temple de Médinet Habou et les colosses de Memnon. Ces sites fermant assez tôt, n’espérez pas les visiter tous. Le soleil, en outre, y est écrasant après 11 heures. Lunettes de soleil, couvre- chef, crème solaire et bouteille d’eau indispensables, même en plein hiver !

La vallée des Rois est un endroit mythique mais bondé. L’air y est extrêmement sec, on s’y fatigue vite. Un petit train (indispensable) permet de faire le chemin qui sépare les guichets du site proprement dit. Les tombes « emblématiques » (notamment celle de Toutankhamon) sont systématiquement prises d’assaut et on ne les visite qu’après avoir fait une queue parfois longue en plein soleil. Dans les trois tombeaux compris dans le billet, nous vous recommandons d’en visiter au moins un qui soit libre de touristes, quand bien même sa décoration (protégée par des vitres pas toujours propres) serait moins éclatante : vous pourrez ainsi vous faire une meilleure idée des volumes de ces tombes creusées dans le rocher. Certaines d’entre elles ont été équipées d’un plancher en bois qui les rend relativement « roulables ». Reste la volée de marches obligée pour accéder à la chambre funéraire. Attendez- vous, quel que soit votre choix, à vous retrouver au coude à coude au milieu de groupes bigarrés dans une ambiance confinée et parfois malodorante. Autre site mythique, le temple d’Hatshepsout. On y accède par longues rampes à pente forte et l’on se rend assez vite compte qu’il n’est pas forcément indispensable de se rapprocher des monuments pour en apprécier la beauté : les restaurateurs, ici, n’y sont pas allés de main morte et on finit par se demander ce qu’il reste d’authentique dans ces lieux qui ne présentent plus guère d’intérêt que la vue merveilleuse qu’ils offrent sur la vallée du Nil. Il en va de même pour les célèbres colosses de Memnon, assaillis à toute heure du jour et vraiment très restaurés… depuis les Romains !

De Louxor à Assouan. Appareiller et quitter les abords surpeuplés et poussiéreux de Thèbes est une expérience passionnante dont vous profiterez au mieux depuis le pont supérieur du navire. Deux mondes vont se côtoyer sans jamais se rencontrer : le vôtre, occidental et riche, et le leur, tiers- monde qui parfois s’arrête pour vous voir passer en vous hélant. L’urbanisation s’arrête brusquement, laissant place à de nombreuses palmeraies et cultures maraîchères, arrosées par de l’eau directement pompée dans le fleuve. Quelques villages défilent, dont beaucoup de maisons, la plupart en briques crues, sont inachevées. Le long des berges (certaines couvertes d’ordures), vous apercevrez des pêcheurs, des femmes habillées de noir faisant lessive et vaisselle directement dans le fleuve, de nombreux enfants. Vous verrez également une infinité d’oiseaux, des vaches, des moutons, des chèvres… Le désert est très proche : des collines de pierre agrégées de sable sans aucune végétation se découpent de part et d’autre de l’étroite bande fertile, sur lesquelles les couchers de soleil sont splendides. Le fleuve, quant à lui, est parcouru de nombreux navires de croisière, qui le remontent ou le descendent souvent par grappes et se signalent par de joyeux coups de klaxon le jour, et de phare la nuit. On croise également des felouques « familiales », des jeunes gens en barque qui chantent en frappant dans leurs mains, et des barges chargées de pierres. Le soir, de grands feux de bivouac s’élèvent sur les berges, autour desquels se réunissent pêcheurs et navigateurs. Les bateaux de croisière sont forcés de faire une escale parfois longue à Esna, où un premier barrage sur le Nil (1906) les oblige à emprunter une écluse. Une « tradition » locale consiste, pour les commerçants ne pouvant monter à bord, à jeter leurs produits (textiles principalement) sur le pont afin que les touristes les examinent et les achètent… ou les renvoient. Le seul point d’intérêt d’Esna est son temple de Khoum (dieu bélier) d’époque gréco- romaine.

Edfou. Situé à mi-chemin entre Louxor et Assouan (une centaine de kilomètres), le village en lui- même est un bric à brac poussiéreux non dénué d’un charme plus « authentique » que les grands centres touristiques. Un escalier très raide attend les passagers au débarquement mais l’aide ne fait pas défaut à ceux qui en ont besoin. On emprunte des calèches pour accéder au temple, situé à quelques encablures du débarcadère. Le désordre est total et le souk envahissant mais n’est-ce pas également l’essence du voyage ? Quant au temple lui- même, c’est l’un des mieux conservés d’Égypte. Dédié au dieu- faucon Horus (fils d’Isis et d’Osiris), il a été bâti entre 237 et 176 avant notre ère, à l’époque ptolémaïque. L’accès est assez aisé et « roulant ». La somptueuse salle hypostyle et le sanctuaire ont conservé leur toit : des occulis ménagés dans le plafond répandent une lumière mystérieuse propice à la rêverie et à une meilleure compréhension des lieux et de leur usage, jadis exclusivement réservé aux prêtres et au Pharaon. Ne manquez pas le Naos, taillé dans un seul bloc de granit gris, qui abritait la statue du dieu. De nombreux motifs ont, hélas, été martelés par les Coptes mais la représentation de la bataille entre Horus et Seth (frère et meurtrier d’Osiris), figuré par un hippopotame, reste très lisible. Le petit temple attenant n’a d’autre charme que ses bas- reliefs colorés sur l’un des cotés.

Kom Ombo. A une soixantaine de kilomètres au sud d’Edfou, l’élégante silhouette de ce temple double dédié à la fois à Horus et au dieu- crocodile Sobek s’aperçoit de loin, dominant le Nil. Magie garantie au soleil couchant ! Construit, comme Edfou, à l’époque ptolémaïque, le bâtiment est moins bien conservé mais le charme qu’il distille est certain : volumes imposants, reliefs d’une grande finesse que l’éclairage artificiel, à la nuit tombée, rend presque vivants. On peut notamment y découvrir la première représentation connue d’instruments chirurgicaux et un nilomètre (servant jadis à mesurer les crues du Nil) aux proportions gigantesques. L’accessibilité est correcte du fait de récents travaux : après avoir acheté vos billets, demandez aux gardiens de vous ouvrir la grille située à droite de l’entrée. Arrivé au sommet, le sol est « roulable » quoiqu’un peu cahoteux par endroits, comme d’habitude. Les groupes s’y pressent en nombre, surtout le soir: laissez- les passer et prenez votre temps! Gardez- vous bien, en revanche, de vous aventurer dans le souk en contrebas, c’est une véritable fosse aux lions.

Assouan. Ville frontière du sud du pays, Assouan est, avec ses 500.000 habitants, une cité extrêmement polluée mais ensorcelante. La beauté de son site, idéalement enchâssé aux confins navigables du fleuve, et l’accueil chaleureux de ses habitants donnent envie de s’y attarder et d’y revenir. La vie, rythmée par l’appel des muezzins, y est intense, à terre comme sur le Nil. Son souk est un condensé des richesses de l’Afrique. Face à la corniche, l’île Éléphantine est enlaidie par un hôtel mastoc; à l’autre extrémité, un petit musée (inaccessible) a été élevé, dont les jardins donnent accès à ce qu’il reste du temple de Khoum (peu de chose) et à un nilomètre romain. Vous les découvrirez tout aussi bien depuis une felouque que vous aurez louée pour la matinée non loin du débarcadère. De nombreux îlots parsèment le fleuve, dont le granit poli par l’érosion évoque irrésistiblement certains paysages bretons… la chaleur en plus. Les amateurs de calme et de fraîcheur pourront se passer d’une visite au barrage (sans réel intérêt) et préférer l’île Kitchener et son joli jardin botanique. Accès par escaliers, jardins dallés et de plain- pied. On y croise peu de touristes mais de nombreux groupes de jeunes Égyptiennes, voilées comme de coutume. L’île Kitchener est plantée d’essences tropicales, des employés cueillent des feuilles et fleurs odorantes qu’ils font respirer aux touristes moyennant finances. Vous bénéficierez également d’une belle vue sur l’ouest, encore sauvage, le désert si proche, ainsi que sur la villa et le tombeau de l’Aga Khan. La rive occidentale abrite également une nécropole, dont les tombeaux sont, on s’en doute, moins intéressants que ceux de la Vallée des Rois, mais plus tranquilles.

Jardins de l'île Kitchener à Assouan.

Philae. L’un des grands moments du voyage. Allez-y par vos propres moyens et fuyez-en le grotesque son et lumière. L’île étant située en amont du premier barrage, vous emprunterez à Assouan un taxi qui vous attendra ensuite à terre. Deux barrages hydroélectriques verrouillent le fleuve : un premier construit par les Anglais entre 1898 et 1902, un second, le plus célèbre, élevé sous les ordres du président Nasser entre 1960 et 1971 et qui a donné naissance au gigantesque lac qui porte son nom, retenue d’eau qui a noyé la plupart des trésors archéologiques de Nubie, sauvés in extremis par l’Unesco. Parmi les plus emblématiques « ressuscités » il y a bien sûr les temples d’Abou Simbel mais également ceux de Philae. Érigés à l’époque ptolémaïque, ces derniers étaient dédiés à la déesse Isis, « Grande Mère de tous les dieux et de la nature » jusqu’à l’avènement du Christianisme. La découverte de l’île, splendide et unique îlot de verdure au milieu d’un paysage minéral, est un enchantement. L’accostage est difficile mais en utilisant l’embarcadère de la sortie pour accéder au site vous éviterez les escaliers. Le sol est assez cahoteux, l’accès au sanctuaire se fait par rampe à marches très basses, gravissables en fauteuil. La salle hypostyle a retrouvé son toit et le sol a été protégé par un plancher tout à fait bienvenu. La plupart des images divines de grande taille ont été martelées par les Coptes mais l’endroit n’en conserve pas moins une grande élégance. Et si vous tenez absolument à y découvrir la nuit étoilée ou le lever de lune, attendez la fermeture (attention, vous ne pourrez pas rester ensuite pour le son et lumière).

L’avion qui vous a laissé à Louxor pourra vous reprendre à Assouan (et vice-versa) mais la plupart des voyagistes imposent une arrivée et un départ par le même aéroport. Attendez- vous au pire question assistance… Un tel programme n’a certes rien de reposant mais les découvertes qu’il propose valent sans doute la peine. Gardez à l’esprit qu’un séjour en hôtel moderne sera forcément plus confortable mais que voir défiler les berges du plus antique des fleuves exige un certain nombre de sacrifices. Parlez-en à votre agence de voyages : des solutions « atypiques » existent (combinant hôtel et mini- croisière, par exemple) qui, bien que plus onéreuses, vous permettront de profiter au mieux d’une odyssée au bord du Nil et n’en ramener que des bons souvenirs !

Jacques Vernes, janvier 2005.


Pour préparer votre voyage. Outre les innombrables guides papier, on trouvera en ligne un certain nombre de sites dignes d’intérêt parmi lesquels nous vous recommandons tout particulièrement celui, très complet d’Insecula et celui (en anglais seulement) du Theban Mapping Project, véritable encyclopédie d’Égyptologie qui offre la possibilité de visiter virtuellement les tombes de la Vallée des Rois.

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