Comme beaucoup de Canadiens, je ne suis fan ni de George Walker Bush, ni de sa politique étrangère. Alors, pourquoi visiter Washington, le centre de l’administration américaine ? Pour se rendre compte in situ que l’Amérique ne parle pas d’une seule voix et que certaines s’élèvent pour plaider la cause de la Raison et de l’Humanité. Prenez la Maison Blanche, résidence et bureau du Président, par exemple. Désormais quasi- fermée au public étranger (tout comme le Pentagone et le Washington Monument) et très difficile d’accès aux citoyens américains eux- mêmes, on ne peut l’apercevoir que de loin. Mais les mesures de sécurité drastiques qui entourent le bâtiment n’empêchent pas ceux qui le souhaitent de manifester leur opposition à la politique gouvernementale. Tous les jours, le National Mall (parfaitement accessible) voit défiler ses cortèges de manifestants anti ou pro Bush. Visiter les U.S.A, c’est aussi découvrir un pays divisé où toutes les expressions restent possibles, dont certaines gagneraient à être mieux entendues en dehors des frontières.

Un peu d’histoire. En 1791, l’architecte Français Pierre Charles l’Enfant (1754-1825), débarqué dans les colonies américaines comme ingénieur militaire avec le Général Lafayette, établit les premiers tracés de la future capitale, siège du Gouvernement, dans le District of Columbia (D.C). Du fait de son caractère irascible, cette ébauche ne sera que partiellement exécutée durant sa vie. Le projet lui sera retiré (il emporte ses plans avec lui) et en grande partie reconstitué de mémoire par l’astronome et éditeur noir Benjamin Banneker. Les deux hommes reconnaîtraient encore de nos jours leur travail puisque le vaste boulevard qui s’étire du Capitole au Washington Monument, le National Mall, n’a guère changé depuis sa construction. La ville dans son ensemble est, par ailleurs, un modèle d’accessibilité aux personnes handicapées. Quant à Pierre Charles l’Enfant, sa tombe, comme celles de « grands américains » tel le président John Fitzgerald Kennedy ou l’acteur Lee Marvin, se trouve au cimetière National d’Arlington, de l’autre côté du fleuve Potomac.

Revenons au centre historique. Les musées du National Mall sont gratuits. Le plus célèbre est la Smithsonian Institution et ses 142 millions d’objets. Accessible aux fauteuils roulants (possibilité de prêt), et où l’on propose également des guides en Braille, gros caractères et cassettes audio. Une maquette tactile est mise à la disposition des déficients visuels. Le dernier né du National Mall est le très beau Musée National des Indiens d’Amérique, ouvert en septembre 2004. Il abrite, sur cinq étages, une collection unique au monde d’artefacts aborigènes américains. Son très couru « Mitsitam Café » y sert de la nourriture typiquement amérindienne. Attention cependant, le musée étant victime de son succès, il est conseillé de le visiter dès l’ouverture pour éviter la foule qui s’y presse. Le Musée d’Histoire Naturelle contient quant à lui plus de 125 millions de spécimens animaliers, fossiles, plantes, minéraux et autres. Les enfants (et leurs parents) y vont surtout pour les squelettes de dinosaures ou rêver aux films Imax entre deux concerts de Jazz.

Autre célébrité, l’immense Musée National de l’Air et de l’Espace où l’on peut non seulement atteindre la Lune, mais également en découvrir des morceaux ! Vous y apprendrez tout sur la conquête des airs et pourrez même y faire l’expérience (un rien claustrophobe) du laboratoire spatial SpaceLab. Une partie seulement des collections, qui comprennent avions (dont le fameux Flyer des frères Wright) et fusées est exposée. Le nouveau Steven F. Udvar- Hazy Center, près de l’aéroport International de Dulles (navette accessible pour s’y rendre) a permis d’agrandir les espaces ouverts au public avec notamment la navette spatiale Enterprise.

Washington, Musée de l'Air et de l'Espace.

Inaugurée en 1941, la National Gallery of Art est le seul musée du National Mall qui ne fasse pas partie de la Smithsonian. Parfaitement accessibles, les lieux présentent un panorama richissime des productions artistiques du XIIIe au XXe siècle où l’on retrouve notamment tous les grands noms de la peinture et de la sculpture européenne mais aussi américaine. De nombreuses expositions temporaires d’envergure internationale y sont organisées; celle de la Joconde, en 1963, est restée dans les mémoires, tout comme les trésors de Toutankhamon en 1976.

A l’extrémité Est du National Mall, le Capitole est un édifice néo- classique construit entre 1855 et 1866 pour remplacer un bâtiment incendié par les troupes anglaises lors de la guerre de 1812. Il abrite le Congrès américain (réunion, comme en France, du Sénat et de la Chambre des Représentants) mais ne se découvre, gratuitement, qu’au cours de visites guidées. Outre le symbole, l’ampleur de ses volumes architecturaux mérite sans doute le déplacement ! Tout aussi accessible, au pied du Capitole, le Jardin Botanique abrite un « Bartholdi Park » en hommage au sculpteur français de la Statue de la Liberté, ainsi qu’une collection de plantes rares. La mondialement réputée Bibliothèque du Congrès abrite, pour sa part, son trésor de 127 millions d’ouvrages tous supports dans trois immeubles situés à l’Est du Capitole. Le dôme de la grande salle de lecture du Thomas Jefferson Building est à couper le souffle. L’institution organise de passionnantes expositions centrées sur la vie culturelle aux États- Unis. Comme ailleurs, l’accessibilité y est remarquable.

A l’extrémité Ouest du National Mall, le Lincoln Mémorial est dédié à ce grand Président assassiné en 1865. Les 36 colonnes doriques du monument (accessible par ascenseur) symbolisent les 36 états de l’Union au moment de sa mort. Quant à la célébrissime statue colossale, elle est l’oeuvre de Daniel Chester French (1850- 1931).

Alors que de plus en plus d’Américains exercent leur droits démocratiques à s’exprimer pour ou contre leur Gouvernement, une visite dans cette partie des U.S.A vous donnera l’opportunité de comprendre d’où ce pays vient et comment il a su, au fil des décennies, triompher de ses divisions. Et peut- être repartirez- vous avec la certitude que les qualités universelles de cette Nation finiront un jour par reprendre le dessus…

Barbara Taylor, février 2005.
Traduit et adapté de l’anglais par Philippe Gimet.


Pour compléter votre information, vous pourrez utilement consulter le site internet de l’Office du Tourisme de Washington et ce Guide d’accessibilité aux personnes handicapées. Washington et ses communes limitrophes sont desservies par l’un des réseau de transports les plus accessibles au monde, le D.C Metrorail. Enfin, vous pourrez vous rendre compte combien Paris est toujours aimée Outre-Atlantique en suivant ce lien

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