La Catalogne est une communauté autonome historique reconnue comme nation depuis juin 2006 au sein de l’Espagne et gouvernée par une Généralité dont les origines remontent au XIVe siècle. C’est l’une des plus peuplées (7 millions d’habitants) et des plus prospères du pays. On y parle indifféremment le catalan et l’espagnol, souvent aussi le français. Elle est divisée en quatre provinces : Gérone, Barcelone, Tarragone et Lérida.
De la Catalogne, on ne retient souvent que Barcelone et la Costa Brava. Ces destinations sont certes « sans danger » (l’accueil des publics handicapés y est en outre particulièrement soigné) mais elles ne sont pas les seules dans une région qui s’étend sur plus de 30.000 km² ! Par exemple, les habitants de Perpignan (autre cité catalane) qui traversent la frontière par l’autoroute connaissent bien Figueras, patrie de Salvador Dalí. De l’ahurissant Théâtre-Musée où le génie repose, seul le rez-de-chaussée est accessible mais les inconditionnels seront comblés, surtout s’ils optent pour une visite guidée. Entrée gratuite, ainsi que pour un accompagnateur, par le côté droit du bâtiment. Et tant qu’à couper les longues files d’attente, ne repartez pas sans avoir vu l’extraordinaire collection Dalí Bijoux, moins visitée et dont on ressort pourtant avec des étoiles dans les yeux ! Les (grands) enfants pourront également s’attarder au Musée du jouet installé presque en face et pleinement accessible, qui expose le nounours du petit Salvador. Pèlerinage à poursuivre par l’Hôtel Duran, dans lequel Dalí venait déjeuner, et l’immeuble natal du 6 rue Monturiol, dans lequel les parents du Maître résidaient à l’entresol.
En suivant la même autoroute sur une quarantaine de kilomètres, les Catalans sont nombreux à se rendre à Gérone dont ils apprécient l’atmosphère; les touristes étrangers sont en effet peu nombreux à s’y arrêter dans leur course effrénée vers le sud. On ne s’en plaindra pas : avec son décor de petites rues médiévales (parfois très pentues), de patios, sa rambla ombragée et ses bords de rivière traversés par des passerelles, cette « belle inconnue » a de quoi séduire. Si vous souhaitez monter jusqu’à l’imposante cathédrale (l’une des plus larges de la chrétienté), faites-le en voiture ou en empruntant un minibus accessible. Il vous faudra ensuite envoyer quelqu’un à l’accueil pour qu’on vous ouvre la porte côté sud. Dans le même périmètre, le très riche Musée d’Art est également accessible aux aveugles : outre de nombreuses présentations tactiles et braille, un audioguide spécifique en français y sera bientôt disponible. Entrée en fauteuil roulant par une porte latérale (demander à l’accueil).
En redescendant, le passionnant Musée Juif est hélas inaccessible, mais pas celui du Cinéma, dans la partie moderne de la ville. Côté gastronomie, demandez à goûter aux mouches de Saint Narcisse, patron de la ville, et faites-vous expliquer l’histoire de cette étonnante spécialité locale.
Et Barcelone ? Quelques lignes ne suffiront pas à témoigner de la vie trépidante de la capitale, sur laquelle nous reviendrons à l’occasion d’un prochain article. En peu de mots, la ville où sont nés Joan Miró, mais aussi Gloria Lasso, Montserrat Caballé et le présentateur David Pujadas, et qu’a tant façonnée Antoni Gaudí mérite largement sa réputation de ruche cosmopolite et son rayonnement international. Si tout n’y est pas (encore) accessible, aux dires de l’architecte Enrique Rovira-Beleta, auteur d’un guide touristique spécialisé, une grande partie des attraits de la cité est largement ouverte aux personnes handicapées. Faute de pouvoir tout détailler, sachez que vous pourrez sans encombre visiter le rez-de-chaussée de l’emblématique Sagrada Familia (ascenseurs des tours inaccessibles) ainsi que la plupart des chefs d’oeuvres architecturaux de Gaudí : Casa Batlló (accessibilité partielle et entrée onéreuse), Casa Milà (ou Pedrera, idem), Parc Güell (gratuit)…
Pour ce dernier, un plan braille relief a été disposé à l’entrée sud. Autre maquette tactile bien utile, celle de la Sagrada Familia installée au 3e étage du très moderne Musée d’histoire de la Catalogne (M.H.C), sur le port. Les beaux points de vue sur la ville ne manquent pas, parmi lesquels on retiendra celui qui s’étend au pied du Montjuic et qu’on peut découvrir depuis le parvis de l’imposant Musée National d’Art de Catalogne (MNAC, accessible). La quasi-totalité des bus urbains ou touristiques ont des palettes d’accès, le métro est progressivement équipé d’ascenseurs, mais l’information est imprécise sur son accessibilité actuelle. Au rang des plus célèbres flâneries du monde, les ramblas, bien sûr, mais également le typique Quartier Gothique, piétonnier, où il est aisé de circuler en fauteuil roulant.
Si le Grand Bleu vous manque, rendez-vous à Lloret de Mar (prononcez yorette de mar) jolie station balnéaire de la Costa Brava que le béton n’a pas trop défigurée, du moins en centre ville. A l’instar d’autres sites de bord de mer (dont Barcelone), la municipalité à impulsé une politique de mise en accessibilité privilégiant les hôtels et les plages. En saison, des passerelles permettent un accès aisé à la baignade et des matériels adaptés (Tiralo ou équivalent) sont mis à la disposition des estivants handicapés, suivant des procédures qui peuvent varier d’une ville à l’autre mais toujours gratuitement. Ouvert depuis peu au public, les Jardins Sainte Clotilde, ponctués de statues et de cyprès florentins, offrent un havre de paix et un panorama magnifique sur la côte (accès limité avec aide). Autre station d’intérêt, Calafell, (pronocez calafeil) sur la Costa Daurada, privilégie un tourisme à échelle humaine où les touristes handicapés ne sont pas oubliés. Quant aux amateurs d’Histoire, ils pourront découvrir la plus vaste citadelle ibérique découverte à ce jour; en cours de réaménagement pour une meilleure accessibilité, des reconstitutions historiques y sont proposées l’été.
Histoire antique encore du côté de Tarragone, où il faut absolument faire halte, ne serait-ce que pour son époustouflant amphithéâtre romain creusé à flanc de montagne, face à la mer, et sa vieille ville enceinte de remparts : Rome en Espagne ! A côté de Tarragone, les enfants et leurs parents qui n’ont pas peur de la foule (ni des nombreux transferts nécessaires pour accéder aux attractions) passeront une journée inoubliable à Port Aventura, parc thématique d’Universal Studios dans l’esprit Disneyland; à noter, un élévateur fauteuil donne accès au train panoramique. Ceux qui, au contraire, préfèrent le calme et la quiétude, ne regretteront pas de choisir un autre parc, naturel, celui du Delta de L’Ebre. Une destination préservée où d’importants efforts d’aménagements ont été faits pour l’accessibilité de tous.
Un rapide passage par l’écomusée de Deltebre (équipé de panneaux braille et d’un guidage tactile complet) permet de mieux appréhender les richesses et les enjeux d’un delta en mouvement permanent, qui ressemble beaucoup à la Camargue. On y trouve d’ailleurs des espèces naturelles similaires (flamants, hérons, goélands, qu’on peut observer depuis des miradors), un riz rond très renommé (bomba) et les mêmes cabanes traditionnelles en chaume et torchis. Des mini-croisières sont possibles en bateau jusqu’à l’embouchure du fleuve.
En remontant la spectaculaire vallée de l’Ebre, les amateurs de bon vin, d’huile d’olive de qualité ou d’architecture moderniste (ou des trois à la fois) seront comblés au Pinell de Brai, (prononcez pineil de bray) modeste village mais dont les habitants se sont offert, dans les années 1920, les services de l’architecte Cèsar Martinell, élève de Gaudí pour la construction d’une extraordinaire cave coopérative à cinq nefs, véritable cathédrale agricole ! A proximité, les randonneurs apprécieront la voie verte de la Terra Alta : Arnes-El Pinell de Brai, 23 km de paysages majestueux sur une ancienne voie ferrée parsemée de tunnels, on regrette de ne pouvoir louer sur place un handbike pour la parcourir…
Côté Pyrénées, rares sont également les touristes français qui s’aventurent au-delà du Val d’Aran ou d’Andorre. Savent-ils qu’à quelques kilomètres seulement de nos frontières s’étendent des paysages qui font le bonheur des amoureux de nature et de ski ? La Seu d’Urgell (prononcer la séou d’urgeil) par exemple, réserve ses merveilles (qui sont aussi culturelles et accessibles) à quiconque pousse à peine plus loin qu’Andorra la Vella ! A Espot, autre exemple, le splendide Parc National d’Aigüestortes (dont la Maison, en fond de vallée, est accessible) a été équipé de passerelles en bois permettant aux visiteurs handicapés moteurs d’accéder au coeur des paysages, en pleine forêt ou en bord de lac. Accès en voiture jusqu’au lac de Saint-Maurice; au point de contrôle, présentez votre carte européenne de stationnement. La région cache, par ailleurs, de charmants petits villages, tel Esterri d’Aneu, aux maisons de pierre à découvrir avant que le tourisme de masse ne s’y impose.
Autre lieu d’exception, le Centre de nature et de développement durable des Planes de Son créé par une fondation bancaire. Les visiteurs y bénéficient d’un accueil privilégié dans un décor au design très contemporain (et parfaitement accessible) qui s’inscrit harmonieusement dans le paysage montagneux. La nuit, on y observe même les étoiles au télescope…
Jacques Vernes, décembre 2006.
Sur le web, le site catalunyaturisme.com diffuse une information généraliste très complète en plusieurs langues dont le français, mais seule la province de Lérida propose, en ligne, une rubrique Tourisme accessible. Pour les plages, suivez ce lien. Par ailleurs, le guide électronique Accessible Barcelona est une bonne source d’informations multilingues (mais pas en français), de même que le guide papier Barcelona accessible, édité par Viena. Côté hébergement, vous trouverez de nombreux établissements avec chambres adaptées, notamment des hôtels au design soigné, souvent équipés de piscines, au prix d’un 2 ou 3 étoiles français.