Le département du Doubs a été créé en 1790 sur une partie de la province de Franche-Comté, région rattachée à la France au XVIIe siècle. Fortement militarisé du fait des nombreux conflits qui s’y sont déroulés avec l’Allemagne, le département a également vu s’épanouir quelques fleurons de l’industrie, au premier rang desquels l’horlogerie (sinistrée dans les années 1970 mais qui renaît de ses cendres grâce notamment à la sous-traitance pour la production haut de gamme) et les automobiles Peugeot. Plus récemment, l’absinthe, dont la réputation sulfureuse avait conduit à l’interdire durant la Première guerre mondiale, a refait son apparition à Pontarlier. Le Doubs ne dépend pas du tourisme au même niveau que d’autres départements, ce qui est un gros avantage : l’authenticité, ici, n’est pas un vain mot.

Besançon, la préfecture, est lovée depuis des temps immémoriaux au bord d’un méandre du Doubs qui y décrit une boucle presque parfaite. Le site est dominé par la silhouette abrupte du mont Saint-Étienne et son imposante citadelle. Comme la ville s’est au cours de l’Histoire étendue aux collines alentour, les Bisontins se plaisent à évoquer Rome, une comparaison qu’aurait faite Jules César en personne ! De l’époque romaine subsistent quelques ruines romantiques (Porte Noire, Square Castan) mais surtout le plan actuel du centre-ville, dont les axes se coupent à angles droits. De nombreux vestiges, dont une impressionnante mosaïque, ont été exhumés au fil des ans; on peut les découvrir au Musée des Beaux-Arts. Le bâtiment, dont les collections ont été ouvertes au public à la fin du XVIIe siècle (soit un siècle avant le Louvre), occupe une ancienne halle aux grains réaménagée dans les années 1960 par un élève du Corbusier. La forte rampe en béton qui dessert les étages (et qu’il vaut mieux descendre que remonter) fera préférer le monte-charge aux personnes utilisant un fauteuil roulant. Outre les collections locales d’archéologie, on pourra y contempler des peintures du XVe au XXe siècle et l’un des fonds de dessins de maîtres les plus riches de France.

Si le centre-ville, généralement plat, ne pose aucun problème majeur d’accessibilité, il en va tout autrement lorsqu’on gravit les collines évoquées ci-avant : sauf à vouloir se forger des bras d’athlète, les utilisateurs de fauteuils roulants (et leurs accompagnateurs) seront bien inspirés d’utiliser un véhicule. En premier lieu s’ils désirent se rendre à la citadelle. Le site, dû au génie de Vauban (dont on célèbre en 2007 le trois-centième anniversaire de la disparition) est un témoignage préservé de l’architecture militaire du XVIIe siècle. Il abrite plusieurs espaces muséaux, dont un zoo assez inattendu en pareil endroit. Hélas, les mauvaises conditions d’accueil du public handicapé, empêché de stationner sur place, la très forte pente d’accès et les seuils innombrables n’en font pas un but idéal de promenade même si la vue, depuis le sommet, est tout à fait remarquable.

On pourra donc, en attendant que des aménagements soient réalisés à la citadelle, se contenter de flâner dans les rues du quartier Battant, avec leurs beaux immeubles Renaissance et leurs cours intérieures à galeries de bois (n’hésitez pas à y pénétrer !). Ou, sur l’autre rive, du côté du palais Granvelle dont les salles, qui ont connu Charles Quint, abritent désormais un poétique Musée du temps parfaitement accessible. En sortant, faites un détour par la rue de la Préfecture : les porches imposants qui s’y succèdent cachent de surprenants jardins, authentiques morceaux de campagne qui sont l’une des caractéristiques les plus charmantes de la ville. Et ne repartez pas sans avoir salué, sur la place qui porte son nom, la maison natale de Victor Hugo… mais également, au même endroit, celles des frères Lumière et de Charles Nodier ! Autres enfants du pays : Charles Fourier, Pierre Joseph Proudhon et Tristan Bernard.

Montbéliard

A l’autre bout du département, Montbéliard est surtout connue pour sa célèbre saucisse, grande rivale de celle de Morteau (également doubiste). Le centre ancien, bordé par les eaux calmes de l’Allan, est dominé par l’imposant château des ducs de Wurtemberg, qui abrite aujourd’hui un musée municipal relativement accessible (parking réservé aisé sur l’esplanade). La muséographie, très didactique, est agréable et la mise en lumière nocturne du bâtiment spectaculaire. D’importantes expositions temporaires y sont régulièrement organisées. On peut, en ville, flâner sur les traces de l’architecte Heinrich Schickhardt (1558-1635) qui a beaucoup construit à Montbéliard, et découvrir par la même occasion de belles maisons boutiquières et une zone piétonnière où il est aisé de se déplacer en fauteuil roulant. Des visites en L.S.F sont par ailleurs proposées par l’Office du Tourisme.

Autre centre d’intérêt, le parc du Près la rose, aménagé récemment en bord de rivière, qui offre, outre l’ombre de ses grands arbres, un parcours d’initiation à la faune et à la flore. C’est là qu’est implanté le Pavillon des sciences, centre de culture scientifique et industrielle (C.C.S.T.I) de France-Comté, parfaitement accessible. Le centre reçoit les expositions de la Cité des sciences de la Villette, généralement bien dotées côté braille. Des visites en L.S.F sont également possibles. Par ailleurs, les amateurs d’opérette ne quitteront pas la ville sans un crochet par la rue de Belfort, où ils pourront se recueillir devant la maison natale de Francis Lopez !

Dans un tout autre registre, Montbéliard a pour proche voisine une cité aussi fameuse pour son club de football que pour ses usines automobiles mais que peu de Français sont capables de placer sur une carte : Sochaux. Outre la Coupe de France, ramenée en mai 2007 par le F.C.S.M, Sochaux s’enorgueillit d’un riche Musée de l’Aventure Peugeot installé depuis les années 1980 dans une ancienne brasserie. On peut y faire le tour d’horizon de la production de la marque depuis ses débuts, et il ne s’agit pas uniquement d’automobile ! L’atmosphère sonore, en rapport avec les différentes époques évoquées, ajoute une note poétique bienvenue. Côté accessibilité, les espaces d’expositions sont de plain-pied (lève-fauteuil pour accéder au restaurant) tout comme la boutique.

Ornans

Et la nature ? Elle est à portée de roues dès qu’on se dirige vers les monts du Jura, avec des points de vue remarquables sur des paysages de forêts et de lacs ponctués d’alpages où paissent les célèbres vaches montbéliardes. Dans la direction de Pontarlier, par exemple, on peut suivre la route qui serpente dans la splendide vallée de la Loue et faire une halte Courbet à Ornans, plus d’ailleurs pour le site, charmant, que pour le musée, inaccessible. Autre site spectaculaire bien qu’également inaccessible, celui du château de Joux, au sortir de Pontarlier, où fut emprisonné Mirabeau et où mourut Toussaint Louverture.

Infiniment paisibles, les berges des lacs de Saint-Point et de Remoray, tous proches, appellent à la rêverie. C’est dans ce paysage idyllique, ainsi que ceux, vertigineux, du Mont d’Or (à ne pas confondre avec les Monts Dore), que l’association Apach’Evasion organise des sorties en joëlette, fauteuil tout terrain et, l’hiver, des activités handiski. Et si vous voulez voyager très loin en seulement quelques kilomètres, faites donc un crochet par Mouthe et son vaste domaine de ski de fond praticable par tous : cette « petite Sibérie » est le village le plus froid de France (-41°C en 1985) !

Terminons ce survol d’un département qui mériterait bien davantage que ces quelques lignes par l’un de ses trésors les plus emblématiques : la saline royale d’Arc-et-Senans. Ce chef d’oeuvre de Claude-Nicolas Ledoux, achevé peu avant la Révolution, vaut à lui seul le voyage : accessibles (à l’exception notable de la maison du directeur) les bâtiments se répartissent sur un plan en arc de cercle qui évoque une cité idéale. Ils abritent désormais un élégant musée consacré aux projets et réalisations (sous forme de maquettes) du génial architecte ainsi que des espaces consacrés à des expositions temporaires. Des plans en relief et supports de visite en braille sont disponibles. Un festival des jardins y est organisé en été. Cerise sur le gâteau : quelques rares chanceux, s’ils réservent suffisamment à l’avance, peuvent même y loger, promesse de moments rien moins que magiques. La douceur, on le voit, n’est pas qu’angevine : elle est aussi doubiste…

Jacques Vernes, juin 2007.

Sur le web, le Comité Départemental de Tourisme propose une information généraliste et quelques mentions d’accessibilité (entrez le terme « handicap » dans les moteurs de recherche).

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