Sidonie Gabrielle Colette, immense romancière à qui l’on doit notamment la série des Claudine, mais également Le blé en herbe et Gigi, a vu le jour à Saint Sauveur en Puisaye, dans le sud de l’Yonne, en janvier 1873. Sa maison, à la façade austère, au jardin magique, est toujours là mais c’est au château qu’a récemment ouvert un musée entièrement dédié à sa vie. La muséographie, très accessible, y sert remarquablement le propos, où les connaisseurs retrouveront le souvenir de l’écrivaine, et les néophytes pourront s’initier à l’atmosphère particulière qui a continûment baigné son oeuvre. Le documentaire qui sert d’introduction à la visite vaut réellement qu’on y consacre du temps. Le regard, par les fenêtres, porte loin sur la campagne alentour, très verte.
Si l’on fait exception des villes, qui ont nécessairement changé, cette partie de la Bourgogne est pratiquement demeurée la même qu’au temps de Colette : doucement vallonnée, ponctuée de routes abritées sous l’immense couvert des feuillages, et de bourgs minuscules où chaque église cache un trésor, parfois un peu difficile d’accès mais qui en vaut souvent la peine, telle la spectaculaire danse macabre de La Ferté Loupière. Étonnement également à Rogny les Sept Ecluses, lesquelles datent du début du XVIIe siècle; désaffectées, elles sont en cours de restauration mais le site, spectaculaire, mérite le détour, de même que l’église de Bléneau dont le tympan porte une rare dédicace révolutionnaire à l’Etre Suprême.
Décor préservé également dans quelques villages, parmi lesquels Noyers sur Serein, où le temps semble s’être arrêté au XVe siècle. Outre une Sainte locale (Vérote) à laquelle est dédiée une coutume uvale, on y trouve la maison natale d’une autre gloire nationale, bien que dans un genre très différent : Charles-Louis Pothier (1881-1962), auteur méconnu des fameuses Roses blanches et de… Félicie !
Des chansons à boire, on en pousse sans doute beaucoup du côté de Chablis, dont le seul nom évoque l’un des vins blancs les plus célèbres du monde. Que l’on aime ou non ce nectar, la route des vins offre, notamment vers Courgis ou Préhy, de très beaux points de vue sur le vignoble avec aires à pique-nique. A Beine, un musée de la vigne et du tire bouchon (de plain-pied) propose une collection plutôt amusante et parfois leste; dégustation possible en fin de visite. Les bulles vous manquent ? Rendez-vous plus au nord dans les caves de Bailly, à Saint-Bris-le-Vineux : 4ha d’anciennes carrières de calcaire y recèlent des milliers de bouteilles de crémant de Bourgogne dans un décor d’autant plus étonnant qu’on peut y pénétrer en voiture ! Le reste du parcours, très aisé, se fait en visite guidée et s’achève par une dégustation.
Étonnantes également, mais pour d’autres raisons, la pugnacité des initiateurs du site de Guédelon, près de Treigny, et leur volonté de le rendre accessible au plus grand nombre, personnes handicapées comprises. Leur objectif ? Rien moins que construire de toutes pièces un château médiéval avec les techniques et les métiers du XIIIe siècle ! En dix ans, l’imposante construction, ouverte aux visiteurs, est suffisamment sortie de terre pour qu’on puisse se faire une idée de ce qu’elle donnera une fois finie, dans une quinzaine d’années. Une partie « écomusée médiéval » complète utilement la visite avec quelques animaux de la ferme. Le sol sablonneux est assez aisé en fauteuil roulant malgré quelques pentes nécessitant une aide. Parking réservé à côté de l’entrée.
L’Histoire n’est pas loin, à Fontenoy-en-Puisaye, où eut lieu le le 25 juin 841 une bataille qualifiée de « fondatrice de l’indépendance de la nation française » par l’obélisque qui en marque l’emplacement.
Colette a-t-elle aimé Vézelay, déjà très fréquentée par les pèlerins ? Son confrère en écriture Romain Rolland y est mort en 1944 après avoir vécu dans une maison aujourd’hui transformée en musée d’art moderne et contemporain grâce à un legs, remarquable par sa qualité, du galeriste parisien Christian Zervos. Les lieux, très lumineux, ont ouvert leurs portes en 2006; ils présentent une accessibilité optimale. Quant à la célèbre basilique, Patrimoine mondial de l’Humanité, juchée au sommet de sa colline, c’est un autre lieu lumineux, tant d’un point de vue architectural que spirituel, malgré le rigorisme anachronique de la congrégation qui en a la charge. Stationnement et accès sont possibles devant le transept sud.
En redescendant côté remparts, on pourra découvrir de petites rues typiques (et pentues) moins vouées au tourisme de masse que la rue principale. A quelques encablures de Vézelay, les enfants (petits et grands) ne manqueront pas de faire halte dans l’atypique Cardoland, et son atmosphère de fête foraine préhistorique que la non moins atypique Colette n’aurait sans doute pas dédaigné !
Jacques Vernes, octobre 2007.
Sur le web, le site du Comité Départemental de Tourisme de l’Yonne propose de nombreuses informations pratiques ainsi que les références Tourisme et handicap, dont la liste est accessible à partir du moteur de recherche.