Des cinq départements frontaliers avec l’Espagne, les Pyrénées Atlantiques sont, comme leur nom l’indique, les plus au sud-ouest de la carte. À cette patrie de la bonne chère et du ballon ovale, la façade maritime ajoute une passion pour le surf qui déplace les amateurs du monde entier. Depuis la rive, faute de grimper sur l’une de ces planches, le spectacle de ses adeptes à l’assaut de rouleaux parfois énormes est réellement impressionnant.

Curieusement en retrait par rapport au littoral dont elle est pourtant très proche, Bayonne est une sous-préfecture aux allures de capitale régionale. Fondée au confluent de l’Adour et de la Nive, elle a longtemps été l’un des ports de commerce et de pêche (à la morue et à la baleine) les plus florissants de France. On vante bien sûr (et à juste titre) le fameux jambon de Bayonne mais on sait moins que c’est par-là qu’au XVIe siècle entra le chocolat, grâce aux Juifs chassés par l’inquisition espagnole. Une tradition (le chocolat, pas l’inquisition !) que les artisans locaux ont perpétuée jusqu’à nos jours, et qui s’étale dans de nombreuses boutiques du centre-ville. En périphérie, l’Atelier du Chocolat propose en outre un passionnant atelier découverte (de plain-pied) qui permet de tout connaître ou presque de la transformation de cette fève en gourmandise antistress. Privilégiez la visite dès l’ouverture à 9h30 si vous voulez observer la chaîne de fabrication, qui s’arrête vers 11h. Parking aisé.

Bayonne

Bayonne est une cité relativement plate où il n’est pas difficile de stationner : cinq places réservées sont, par exemple, disponibles derrière le théâtre, à un jet de pierre de la zone piétonne. La cité natale de l’écrivaine Marie Darrieussecq, du présentateur télé et radio Christophe Hondelatte et de l’ex-footballeur devenu entraîneur Didier Deschamps, se divise en trois quartiers : Saint-Esprit, sur la rive droite de l’Adour, le Grand Bayonne, sur la rive gauche de l’Adour et de la Nive, et, entre les deux, le Petit Bayonne. Saint-Esprit, resté populaire, a toujours accueilli les étrangers (c’est là, notamment, que s’installèrent les Juifs au XVIe siècle) : est-ce un hasard si la gare y est implantée ? Moins touristique, le quartier peut s’avérer plus aisément stationnable, notamment pour découvrir le Petit Bayonne, difficilement praticable en voiture.

Le Petit Bayonne, avec ses rues étroites et ses maisons typiques, abrite notamment le Musée Basque, dont la muséographie contemporaine parfaitement accessible rend particulièrement attrayante la présentation d’une culture millénaire dont certains soubresauts se font encore sentir aujourd’hui… Quant au Grand Bayonne, c’est tout à la fois le plus ancien quartier de la cité et le plus vivant. Un vaste secteur piétonnier permet d’y promener en toute quiétude au milieu des commerces : un détour par la rue d’Espagne et ses belles maisons s’impose; elle débouche, au sommet d’une petite pente, sur des fortifications qui nous rappellent l’importance stratégique de la place au temps jadis. À l’extérieur, les Bayonnais disposent, du côté d’Anglet, à l’embouchure de l’Adour, d’un littoral bien doté côté loisirs et d’une longue promenade littorale où il fait bon flâner, à pied ou à roulettes. Parking aisé.

Le rocher de la Vierge, à Biarritz

À quelques encablures plus au sud, Biarritz déploie ses fastes Art-Déco et ses immenses plages. Station balnéaire réputée dès le début du XIXe siècle, la cité doit une grande partie de son développement à l’impulsion de l’impératrice Eugénie (épouse de Napoléon III) qui en fit sa villégiature et pour qui fut construit un splendide palais (devenu hôtel de luxe) face à la mer. Biarritz restera une station chic jusqu’à la seconde guerre mondiale, avec ses hôtels et ses thermes Art-Déco (désormais Musée de la mer, ludique et accessible), son casino et sa clientèle huppée. L’arrivée du surf, dans les années 1960, a rajeuni l’image un peu désuète de l’endroit mais sans en effacer vraiment un côté « haut de gamme » qui peut autant amuser qu’agacer, selon le budget dont on dispose…

Biarritz, quoi qu’il en soit, est devenue l’une des capitales mondiales de ce sport pratiqué toute l’année par des amateurs souvent téméraires dont on peut suivre les évolutions depuis la plage ou l’emblématique rocher de la Vierge (accessible par une passerelle attribuée à Eiffel) qui offre un point de vue splendide sur la côte. La circulation en ville, en cours de piétonisation, n’est pas facile avec ses nombreux sens uniques : mieux vaut aller à pied ou en fauteuil (nombreux abaissés de trottoirs) mais attention aux côtes, qui sont parfois fortes, la ville étant bâtie à flanc de coteau. Enfin, si la météo n’est pas au rendez-vous, un passage par l’exotique musée Asiatica (de plain-pied) permet de passer utilement le temps au milieu de l’étonnante collection d’un amateur d’art d’Extrême-Orient.

Saint-Jean-de-Luz

Toujours plus au sud, Saint-Jean-de-Luz est un charmant port de pêche dont l’authenticité se révèle mieux hors-saison : le site, qui comporte un centre piétonnier agréable et plat (nombreux stationnements réservés) a beaucoup de cachet avec ses maisons anciennes et sa longue jetée accessible par rampe. La cité a connu son heure de gloire en 1660 lors du mariage, à l’église Saint-Jean-Baptiste, de Louis XIV avec Marie-Thérèse d’Autriche, infante d’Espagne. La porte que le couple royal avait empruntée pour pénétrer dans le sanctuaire a été murée peu après et l’église à tribunes se dévoile désormais, par son portail sud, au prix de deux larges marches. (Pour en visiter une de plain-pied, rendez-vous à Cambo les Bains). Plus près de nous, Saint-Jean-de-Luz, qui a vu naître le footballeur Bixente Lizarazu, a été administrée, de 1995 à 2002, par Michèle Alliot-Marie, actuelle ministre de l’Intérieur.

La baie, spectaculaire et très photogénique, s’étire de la digue de Sainte-Barbe, au nord, à celle de Soccoa, plein sud, qui l’abritent des fureurs de l’Atlantique et en font ipso facto un paradis estival pour les baigneurs, y compris handicapés. On peut, en toutes saisons, apprécier la beauté du lieu et pousser, au bout de son petit port tranquille, jusqu’au fort de Soccoa, dont la jetée (théoriquement interdite au public mais tout le monde passe) offre l’occasion d’un grand frisson romantique (et parfois mouillé !) au-milieu des embruns…

L’Espagne, toute proche, se découvre au bout d’une très belle (et très encombrée) route côtière dont les paysages minéraux de falaises et de landes évoquent la Bretagne. Le chemin qui court le long de ces escarpements n’est guère « roulant » mais on peut stationner à proximité et accéder avec aide à quelques remarquables points de vue. La frontière est si ténue qu’on ne la remarque, la Bidassoa franchie, qu’au changement de langue sur les panneaux indicateurs. Lesquels sont souvent bilingues avec le basque, parfois tagués dans leur version en langue française…

L’arrière-pays, au départ d’Hendaye (cité éminemment estivale mais dont les plages valent le coup d’oeil même en hiver) est d’un intérêt tout différent, qui permet en quelque sorte, eu égard aux distances peu importantes, d’alterner en une seule journée mer et campagne, voire moyenne montagne. Espelette, bien sûr, et ses célébrissimes piments suspendus aux fenêtres (on en met partout en cuisine, jusque dans les chocolats !). Mais aussi Ainhoa, étonnante bastide navarraise construite le long d’une large rue, légèrement pentue, investie depuis peu par des artisans d’art. Et tant qu’à acquérir un makhila (bâton de marche typique de la région), autant se rendre à Larressore, toute proche, où une maison continue d’en fabriquer à la main depuis plusieurs générations; la qualité, évidemment, se paie au juste prix… Celui, en revanche, pour passer quelques jours originaux et destressants entre mer et montagne à l’abri des concentrations touristiques devrait vous paraître infiniment plus doux !

Jacques Vernes, décembre 2007.

Sur le web, le site Tourisme 64 présente des informations généralistes sur la destination, que complète utilement une section Tourisme et handicap.

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