L’Irlande, dont l’histoire remonte à plusieurs millénaires avant notre ère, est une jeune république qui ne s’est libérée de la tutelle britannique qu’en 1949, après d’innombrables conflits dont le dernier, dans le nord de l’île, n’est toujours pas résolu. Pour mieux appréhender cette douloureuse genèse, une visite s’impose à la prison de Kilmainham Gaol, proche du centre de Dublin. Seule la partie moderne (qui abrite un musée) en est pleinement accessible mais on peut, sans trop d’encombres, parcourir les espaces du rez-de-chaussée de la partie historique. L’endroit n’est certes pas des plus réjouissants mais sa visite, très impressionnante, peut constituer un instructif prélude à la découverte de la société irlandaise. C’est d’ailleurs dans ces murs que les films « Au nom du père » (Jim Sheridan, 1994) et « Michael Collins » (Neil Jordan, 1996) ont été tournés.

Pratiquement en face de la prison, le Musée d’art moderne (IMMA) offre un panorama assez complet des grandes tendances actuelles et des expositions temporaires de niveau international. L’accessibilité, excellente dans la partie moderne, est un peu bricolée dans les bâtiments anciens (rampes amovibles) mais l’accueil est attentionné, on peut aisément stationner à proximité de l’entrée et le parc est charmant. Comme pratiquement partout en Irlande, l’accessibilité s’étend aux toilettes.

De l’autre côté du fleuve Liffey, le parc Phoenix est le plus vaste du pays (et le second d’Europe après Birmingham en Angleterre). Au milieu d’une verdure toute irlandaise, s’y trouvent notamment la résidence officielle de la Présidence de la République, celle de l’ambassadeur des États-Unis, le quartier général de la police (Garda), le zoo, un obélisque dédié à Wellington et une immense croix, plantée pour la visite du pape Jean-Paul II en 1979… Qui rappelle que les Irlandais demeurent, à l’instar des Polonais, extrêmement attachés au catholicisme, même si certaines églises désaffectées ont été transformées en pubs très mode ! Outre ses ombrages et ses prairies, le parc Phoenix offre (par temps clair, ce qui n’est pas si rare) un joli point de vue sur les monts Wicklow. Stationnement aisé.

Le centre de Dublin (Baile Átha Cliath en gaélique), plutôt plat, ne présente pas de difficulté majeure en terme d’accessibilité. La plupart des trottoirs sont abaissés, les traversées piétonnes des chaussées sont équipées de feux sonores et de guidages podotactiles. Les bus à impériale signalés par pictogramme sont accessibles par la porte avant (rampe manuelle et agenouillement), quant au très beau tramway, il est de plain-pied. Les stationnements réservés, généralement respectés, sont signalés par une pancarte et un marquage jaune au sol (attention, la signalétique diffère d’une ville à l’autre) : emportez votre Carte européenne de stationnement, elle vous fera faire des économies ! Seul bémol : les pavés, très romantiques mais fort peu commodes sous les roues d’un fauteuil, surtout quand il pleut. La cité n’est pas très étendue et ses attractions touristiques sont assez concentrées pour que l’on puisse se passer de voiture, sauf pour visiter les sites mentionnés ci-avant.

Le fleuve Liffey à Dublin.

De part et d’autre du fleuve Liffey s’étendent des quartiers animés de jour comme de nuit, où la chaleur de l’accueil n’a d’égale que la cherté des prix, surtout dans l’hôtellerie et la restauration : (trop) petits budgets s’abstenir… Reste le plaisir de promener, sur les traces d’Oscar WildeJames Joyce ou Bram Stoker (l’auteur de Dracula), au hasard de rues parfois piétonnes, où se produisent de bons groupes musicaux dans une atmosphère quasi-perpétuelle de fête et de fish and chips, surtout du côté de l’emblématique quartier de Temple Bar (patrie du célèbre groupe U2). De nombreuses boutiques restent ouvertes en soirée et le dimanche. Les éclairages nocturnes sont très réussis au bord du fleuve, longé par des passerelles en bois qui servent de refuge aux amoureux.

Quant aux fameux pubs, bon nombre sont de plain-pied : les bières ne faillissent pas à leur légende et on les commande au comptoir avant de les savourer à sa place, parfois en écoutant une excellente musique. À expérimenter au moins une fois, pour l’ambiance, qui n’est (heureusement) plus enfumée depuis quelques années, législation oblige.

Parmi les « immanquables », on compte également la cathédrale Saint-Patrick, du nom du Saint Patron de l’Irlande. L’emplacement remonte au Haut Moyen-âge mais les bâtiments actuels ne datent que de la seconde moitié du XIXe siècle. La visite, accessible par une entrée latérale côté sud (envoyer un valide demander à l’entrée), se fait assez rapidement, sauf peut-être pour les amateurs d’art néo-gothique ou les lecteurs de Jonathan Swift venus se recueillir sur la tombe de l’auteur des Voyages de Gulliver. Une autre (petite) déception guette les visiteurs de Trinity College, dont la richissime bibliothèque a de quoi faire rêver les fans d’Harry Potter et, plus généralement, tous ceux qu’attirent les ouvrages rares. Hélas, l’entrée est chère en rapport à ce qui est ouvert à la visite et il n’est pas toujours aisé, surtout en fauteuil roulant, de se frayer un passage au milieu des grappes de touristes.

Les amateurs de Beaux-Arts seront mieux avisés de passer du temps à la Galerie Nationale, dont les splendides collections sont installées dans un vaste bâtiment récemment rénové, parfaitement accessible, et gratuit ! Idem pour la discrète et aérienne Chester Beatty library, dédiée à l’art oriental. Elle est située juste à côté d’un charmant jardin contemporain où il fait bon se reposer.

Mais si l’on veut se faire une meilleure idée des beautés naturelles de l’Irlande, direction plein ouest, pour rejoindre le Connemara, l’une des régions les plus emblématiques du pays. Un itinéraire buissonnier, via l’autoroute M7, permet de passer par Kildare, ville résidentielle située à une cinquantaine de kilomètres de Dublin, dont la célébrité tient surtout à la présence des haras nationaux. La visite, de plain-pied, comblera surtout les amoureux de chevaux mais le site comprend, outre un petit musée équestre, de splendides jardins dont un japonais.

Jardins du domaine de Birr.

En quittant l’autoroute, toujours vers l’ouest, le domaine de Birr offre une bonne accessibilité et, comme de coutume, un parc rien moins que splendide avec ses arbres centenaires, ses serres et ses charmilles. Le château Renaissance, toujours habité par les comtes de Rosse, ne se visite pas mais on peut, dans les communs, découvrir un très intéressant musée astronomique : le site a en effet abrité, à la fin du XIXe siècle, le plus grand télescope jamais construit, dont d’impressionnants vestiges sont toujours visibles dans le parc.

Autres vestiges photogéniques et relativement accessibles, en remontant vers Athlone : le très (trop ?) célèbre site de Clonmacnoise. Un endroit magique, fondé au VIe siècle sur une colline dominant une boucle du Shannon. Ruines romantiques entourées des croix celtiques d’un cimetière, stèles mystérieuses, lumière changeante quelle que soit la météo, rien ne manque à la carte postale… si l’on fait exception des cars de touristes. La beauté des lieux mérite toutefois largement que l’on se glisse entre les groupes. En contrebas, ne manquez pas la spectaculaire motte médiévale surmontée d’énormes blocs qui jadis furent un château.

Moins visitée mais non moins intéressante, la petite cité médiévale d’Athenry, à quelques kilomètres de Galway, conserve quelques témoignages de son âge d’or, dont un imposant donjon (inaccessible), les ruines très romantiques d’une abbaye (accessibles avec aide) et un centre d’interprétation installé, à destination des enfants, dans l’ancienne église.

Quant à Galway, troisième ville d’Irlande et patrie du comédien Peter O’Toole, on peut y faire halte pour savourer une bière dans l’un des nombreux pubs de son (petit) centre-ville, avant de prendre une première bouffée d’air marin, le long de sa longue jetée envahie de cygnes. Galway est la porte d’entrée du Connemara; les paysages, au-delà, diffèrent du tout au tout, imposant peu à peu l’impression d’une nature sauvage où la présence humaine n’est qu’anecdotique. Les lacs (lough) s’y comptent par centaines, de toutes tailles, au premier rang desquels l’immense Corrib. On peut en faire le tour pour en admirer la beauté, et visiter éventuellement l’abbaye de Cong ou le château d’Aughnanure, sites à l’accessibilité peu commode mais éminemment romantiques.

Pine Island et son lac.

Plus on se dirige vers l’ouest, plus les paysages correspondent à l’image que chacun se fait, peu ou prou, de l’Irlande : montagnes embrumées, landes multicolores, tourbières, moutons à tête noire, murets de pierre sèche… On en oublierait presque l’étroitesse des routes où l’on circule (parfois difficilement) à gauche. Le climat changeant produit de splendides effets lumineux sur ces horizons qui donnent à observer de sublimes couchers de soleil. Pressé(e) ou pas, il faut absolument faire halte devant l’île des Pins, sur le lac Derryclare : un concentré de Connemara ! Une vision que peuvent difficilement avoir les groupes compacts qui déferlent toute l’année sur Kylemore Abbey, site emblématique de la région. Dominant son lac, l’abbaye bénédictine (toujours occupée par une communauté religieuse) est bien davantage un enchantement pour son site que pour la visite, très partiellement accessible. Ce caprice de milliardaire fin XIXe comporte également ses jardins, distants d’environ 1km du bâtiment principal. A quelques encablures, le Parc National du Connemara propose un centre d’interprétation accessible mais hélas aucun sentier réellement praticable en fauteuil roulant.

On peut atteindre Clifden, paisible port et station touristique à dimension humaine, en passant par la route côtière, qui évoque la Bretagne jusque dans ses petites maisons blanches au toit noir. Quelques décors plus minéraux se découvrent, avec de gros rochers gris aux formes fantomatiques. Au-delà de Clifden, la Sky road invite, comme son nom l’indique, à une promenade entre ciel et mer. Autres points de vue spectaculaires, plus au nord, sur la Connemara loop, où il fait bon prendre le temps de se perdre… La voiture (on peut en louer depuis Dublin avec boîte de vitesse automatique) reste évidemment le moyen le plus commode de parcourir ces vastes paysages où il est possible de pique-niquer. Enfin, on se sent au bout du monde; et pour cause : on y est !

Jacques Vernes, février 2008.

Sur le web, le site officiel du tourisme irlandais permet de préparer son séjour dans les moindres détails, mais hélas sans mention d’accessibilité. Cela n’est en revanche pas le cas de Dublin, qui détaille (mais dans les sections rédigées en anglais) son offre en direction des visiteurs handicapés. Pour plus de références sur l’accessibilité, consultez (toujours en anglais) le site Access Ireland et/ou la section liens du site P.W.D.I. Sachez enfin, pour vous rendre en Irlande, que la compagnie Aer Lingus propose des vols secs à des tarifs similaires à ceux des low cost au départ de Paris et de province.

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