Comme chaque début juin, Bâle (Basel en allemand) sera le centre marchand de la création culturelle contemporaine avec sa foire Art Basel; et en cette année 2008, ses amateurs croiseront les supporters venus assister à l’ouverture du Championnat d’Europe des Nations. Bâle est la troisième ville de Suisse après Zurich et Genève. Lovée sur un méandre du Rhin, son histoire est millénaire et l’on peut y admirer des vestiges antiques, des demeures médiévales et un ensemble préservé de bâtiments couvrant la plupart des époques jusqu’à nos jours : l’un des effets positifs de la célèbre neutralité suisse, qui a épargné au pays les destructions que ses voisins ont connues.

La première exploration de la cité se fait donc le nez à l’air, au gré des vieilles rues, des jardins, des places et des fontaines, pour contempler les façades remarquablement entretenues des différents édifices, dont certains, outre le nom de leur propriétaire, portent des dates pour le moins étonnantes eu égard à leur état de conservation. Occasion, également, de constater que les dénivelés sont nombreux (et parfois forts) en centre-ville, de même que les pavés. Bonne nouvelle : les bus et tramways, dont le réseau est très dense, sont dotés de rampes manuelles, places réservées, annonces sonores et visuelles, boutons d’appel. Mauvaise nouvelle : sauf à maîtriser le dialecte local (alémanique) ou la langue de Goethe, il ne faudra guère compter sur la bonne volonté des chauffeurs (ou des passagers) pour vous aider à embarquer… Et comme il semble en aller de même côté train (le confortable T.G.V Lyria dessert Bâle mais le service d’assistance suisse est d’une complexité dissuasive), cette inaccessibilité pratique des transports contraint d’utiliser un véhicule personnel; peu de places réservées, mais la carte européenne de stationnement est valable sans toutefois exonérer du paiement.

Si l’on fait exception des désagréments évoqués ci-avant (ainsi que du coût de la vie, nettement plus élevé qu’en France), il y a fort à découvrir, à Bâle. Et notamment une concentration de musées unique au monde : près d’une quarantaine pour moins de 200.000 habitants ! Le guide des musées édité par l’Office de tourisme en détaille la liste ainsi que l’accessibilité. Il y en a pour tous les goûts : de l’étrange Musée Anatomique au ludique Musée Tinguely en passant par la célèbre Fondation Beyeler, le plus classique Kunst Museum ou le très riche Musée Archéologique, aucun domaine n’est oublié. Même les enfants ont droit à leur paradis ! Impossible de les détailler tous, tant l’offre est pléthorique et de qualité ! Muséographie soignée, bâtiments récents dus aux plus grandes signatures de l’architecture contemporaine, l’accessibilité de certains (surtout les plus anciens) tient parfois du casse-tête mais le personnel sait être attentionné.

Cet amour pour l’art se manifeste tous les ans avec Art Basel, la plus importante foire d’Art Contemporain d’Europe. Puissance économique oblige, Bâle accueille également le salon mondial de l’horlogerie et de la bijouterie (Baselworld) et le siège de l’Union des Banques Suisses (U.B.S). Enfin, la ville est l’une des capitales mondiales du médicament : son agglomération abrite plusieurs groupes pharmaceutiques (NovartisRoche) et chimiques. On le sait peu, mais la fortune de ces industries a débuté avec le textile et la mise au point de teintures. Est-ce un hommage : les câbles le long desquels les bacs (typiques mais inaccessibles) traversent le Rhin sont ornés de fanions multicolores…

Bâle, place du Marché.

Le coeur de Bâle, c’est sa place du Marché (Marktplatz), vaste rectangle bordé de bâtiments anciens vers lequel convergent rues et lignes de tramway. Les terrasses se remplissent de monde au moindre rayon de soleil et l’ambiance y est bon-enfant, même le soir. La zone en partie piétonnière qui s’étend au-dessus propose de nombreuses boutiques et restaurants mais son taux de pente incite à la descendre (à partir de la porte Spalentor, par exemple) plutôt qu’à la remonter ! Gardez vos sens en éveil : le quartier regorge de façades splendides et d’arrière-cours mystérieuses avec de beaux jardins fleuris.

Autre lieu de rendez-vous des Bâlois (et des tramways), relié à Marktplaz par de larges rues commerçantes : Barfüsserplatz. Dominée par l’ancienne Barfüsserkirche (devenue Musée d’Histoire de la ville, partiellement accessible) et bordée par l’époustouflant Musée de la Maison de Poupée (accessible), la place attire surtout la jeunesse, qui sait y trouver des établissements bon-marché et s’y rassemble de jour comme de nuit…

Les Bâlois savent s’amuser : en témoigne le fameux carnaval (Fasnacht) qui s’empare des rues pendant 72 heures tous les ans, à partir du lundi suivant le mercredi des Cendres.

Les plus courageux remonteront la pente qui conduit de Barfüsserplatz à la Place du Théâtre, toute proche, plus culturelle et plus « branchée », avec sa divertissante fontaine Tinguely. Les autres se feront véhiculer, pour un joli panorama, jusqu’à la place de la Cathédrale (Münster). Aujourd’hui église protestante, la cathédrale romane, partiellement détruite lors du tremblement de terre de 1356, fut achevée en style gothique. Ne manquez pas la porte de Saint-Gall, au nord de l’édifice, c’est un véritable chef d’oeuvre de sculpture romane. Le beau vaisseau de grès rose, qui abrite le tombeau d’Érasme, est par ailleurs flanqué de cloîtres particulièrement romantiques (accès par le côté droit du bâtiment) aux innombrables monuments funéraires. Le quartier, remarquablement préservé, vaut également le détour pour ses belles maisons et son point de vue dominant toute la vallée.

En contrebas, plus en amont sur le fleuve, le petit quartier de Saint-Alban, construit en bord de canal, conserve un moulin à papier vieux de 500 ans et qui fonctionne toujours. Un musée vivant y est installé (sous la forme d’un atelier protégé pour travailleurs handicapés) qui permet à tous de s’initier aux anciennes techniques de fabrication, impression et reliure. Prêt de fauteuil roulant, comme dans la plupart des musées. Les bords de fleuve sont ici très agréables (certains s’y baignent !) mais la plus belle promenade reste sans conteste celle que l’on peut effectuer, sur l’autre rive, côté « Petit Bâle ». Les berges, entre le Musée Tinguely et le Johanniterbrücke (pont), ont été agréablement aménagées et arborées. De nombreuses fontaines ornées du célèbre Basilic ponctuent la déambulation, de même que les terrasses de restaurants.

Jacques Vernes, mai 2008.


Une belle maquette tactile de la ville est disposée quai Oberer Rheinweg. Un plan de ville mentionnant itinéraires et lieux touristiques accessibles a été édité par l’association Pro Infirmis; il est disponible à l’Office de tourisme. Sur le web, le site Bâle Tourisme propose, en français, tous les renseignements utiles sur la ville mais sans mention particulière d’accessibilité en dehors du moteur de recherche hôtelier (critères avancés). Enfin, Suisse Tourisme propose une page sur les services spécifiques avec des liens sur des bases de données d’hôtels, restaurants, services de transports, Eurokey, etc.

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