Calvados : plus qu’un nom, une vraie marque, célèbre bien au-delà de nos frontières. Ce département de Basse-Normandie n’a pas seulement donné son nom à un alcool réputé, il a servi de décor à au moins deux événements majeurs de l’histoire européenne : la conquête de l’Angleterre et le Débarquement allié, près de neuf cents ans plus tard. Les Normands, entre ces deux dates et outre le nectar précité, ont offert à l’humanité une race bovine bien connue des collectionneurs de calendrier des postes, et surtout parmi les fromages les plus typés du monde : camembertpont-l’évêquelivarot… On sera donc avisé, en préparant son voyage, de prévoir une glacière ou tout contenant susceptible d’abriter sans dommage les produits du terroir que l’on ne manquera pas de ramener chez soi !

À l’embouchure de la Seine, face au Havre, Honfleur est un charmant petit port maintes fois représenté par les peintres (CourbetBoudin, qui y est né, MonetJongkind…) et qui a su préserver un centre ancien (pentu et pavé) fait de maisons caractéristiques en pierre et pans de bois. Bois également pour l’église Sainte-Catherine (accessible de plain-pied) qui borde l’une des places où se tient le marché. L’atmosphère, très familiale, qui fait l’un des charmes de l’endroit, change néanmoins durant la saison touristique, quand les atouts de Honfleur deviennent un handicap… Mieux vaut alors stationner en dehors du centre ville (places réservées aussi étroites que les rues !) et prendre les choses avec la philosophie de ces deux autres célèbres natifs du cru : Allais et Satie. Si l’espace muséographique consacré à ce dernier (« Maisons Satie« ) n’est hélas pas accessible, on pourra se « consoler » par une visite du Musée Boudin, qui lui l’est, une fois passé un seuil élevé, de même que le petit mais émouvant Musée de la Marine.

Ne quittez pas Honfleur sans passer par Notre-Dame de Grâce, jolie chapelle pré-baroque installée au sommet de la côte éponyme, vous y bénéficierez d’un splendide panorama sur la baie et le port du Havre et pourrez, selon la météo, apprécier pleinement la qualité si particulière des ciels normands et leur lumière argentée. La route côtière, bordée d’étonnants « manoirs » et « chalets » XIXe, offre ensuite moins d’occasions de découvrir le large. Passé le pont de Trouville-sur-Mer, élégante station balnéaire où l’on peut faire halte, s’étend le domaine branché-chic (et parfois un peu toc) des Parisiens en goguette : Deauville. Son casino, son festival, ses célèbres planches… Séduisant et romantique en dehors des périodes d’affluence, l’endroit peut autant fasciner qu’agacer le reste du temps. Sachez, quoi qu’il en soit, que de nombreux stationnements réservés sont disponibles gratuitement en bout de plage, entre châteaux néogothiques en ruine et blockhaus « recyclés ». À notre goût, cependant, les autres villes de la Côte Fleurie, moins prises d’assaut, présentent davantage d’authenticité et de romantisme : Villers-sur-MerHoulgateCabourg

On peut ensuite remonter l’Orne (qu’il est possible de traverser, canalisée, sur le célèbre Pegasus Bridge) jusqu’à Caen, la capitale régionale, pour le double rendez-vous historique évoqué ci-avant. Fondée par Guillaume le Conquérant au XIe siècle, la cité a conservé de splendides témoignages de son histoire pluriséculaire malgré les bombardements alliés de 1944 qui ont durement éprouvé son centre-ville et entraîné, après-guerre, une reconstruction plus ou moins heureuse. Emblème local, le château ducal de Guillaume, perché sur son éperon, a connu moult réaménagements dont le dernier, en cours, devrait permettre une meilleure accessibilité aux visiteurs handicapés moteurs, notamment du rempart et du Musée de Normandie, installé dans de nouvelles salles. Le Musée des beaux-Arts, quant à lui, parfaitement accessible, conservera son site et ses riches collections. Stationnement possible sur place.

Caen, Abbaye-aux-Hommes. © CDT 14.

Autre site emblématique, l’Abbaye aux Hommes, fondée au XIe siècle, comme son pendant féminin (l’Abbaye aux Dames) par un Guillaume soucieux de se faire pardonner d’avoir épousé sa cousine Mathilde sans l’accord du pape. Si l’abbatiale Saint-Étienne, qui abrite le tombeau du Conquérant, est librement accessible, les bâtiments conventuels, occupés par les services municipaux, ne se visitent qu’avec un guide, ce qui n’est pas un inconvénient eu égard au prix modeste et à l’intérêt de l’exercice : un authentique voyage dans le temps ! Les rarissimes boiseries baroques, miraculeusement préservées, valent à elles seules le détour, de même que l’escalier d’honneur, tour de force architectural qui a nécessité quatre années de construction. Stationnements réservés devant l’abbatiale et sur le parking situé en contrebas de l’esplanade de l’abbaye. Propriété du Conseil Régional, l’Abbaye-aux-Dames offre moins d’espaces à la visite (guidée également) mais l’aérienne abbatiale de la Trinité, tombeau de Mathilde, est accessible par rampe (se faire ouvrir la porte située sur le côté du bâtiment).

En périphérie de Caen, le Mémorial de la Paix témoigne du second rendez-vous majeur de la Normandie avec l’Histoire : la Seconde guerre mondiale. Inauguré en 1988 par le Président Mitterrand et agrandi par son successeur, l’immense et sévère bâtiment réunit, dans plusieurs espaces muséographiques de facture résolument contemporaine, de nombreux supports multimédias et artefacts (dont certains très rares) retraçant l’histoire du terrible conflit depuis ses origines. La visite n’est certes guère réjouissante mais elle s’avèrera particulièrement instructive pour les jeunes générations… et les oublieux. Excellente accessibilité, même si le circuit de visite « fauteuil » s’avère parfois difficile à appréhender. Guide abrégé braille, stationnements réservés, restauration possible sur place.

Pour compléter le « pèlerinage », un retour en bord de mer s’impose, en direction des plages du Débarquement : Sword (à côté de Ouistreham), Juno (Courseulles sur Mer), Gold (Arromanches) et Omaha (Utah beach est située dans le département limitrophe de la Manche). Musées et espaces commémoratifs fourmillent, la plupart de plain-pied. On pourra utilement se reporter à la brochure « Espace historique de la bataille de Normandie », disponible gratuitement dans les offices de tourisme et en téléchargement. Les différentes plages comportant jetées accessibles et panneaux explicatifs, les plus pressés pourront se contenter d’une promenade méditative en bord de mer ou dans l’impressionnant cimetière américain d’Omaha beach, dont l’ultra-moderne (et parfaitement accessible) Visitor center a ouvert récemment. Un peu plus loin sur la côte, la Pointe du Hoc, également sous administration américaine (et donc accessible) témoigne encore de l’âpreté des combats. Nombreux stationnements réservés.

Tapisserie de Bayeux

L’arrière-pays, très vert et doucement vallonné, offre un contraste rassérénant avec la nature violente de la côte. En un ultime voyage dans le temps, on pourra faire halte à Bayeux, pour la célèbre tapisserie, bien sûr (accès « fauteuil » par le haut du musée, matérialisé par des pictogrammes sur le trottoir), mais également pour la splendide cathédrale Notre-Dame (pour laquelle la tapisserie avait été réalisée) et le petit quartier ancien, miraculeusement épargnés par les bombardements. Et faire un détour par Vieux la Romaine où, comme son nom l’indique, des fouilles remarquablement mises en valeur par un musée de belle facture, peuvent être visitées. Ne manquez pas les colonnes sculptées de motifs végétaux, elles sont parmi les seules visibles en Gaule ! L’accessibilité est excellente, pour « fauteuils » et déficients visuels (oeuvres à toucher, installations tactiles, etc.), l’accueil attentionné et l’on peut même, sur place, pique-niquer ou tester quelques spécialités romaines. Le département du Calvados : à déguster sans modération !

Jacques Vernes, juin 2008.

Sur le web, Calvados Tourisme propose un certain nombre de pistes pour préparer un séjour, dont des informations consacrées au tourisme adaptéNormandie Tourisme, plus généraliste, comporte néanmoins une rubrique dédiée au label Tourisme et handicap. Idem pour Honfleur. La municipalité de Caen renseigne ses administrés handicapés en rubrique « Action sociale » : certaines informations peuvent s’avérer utiles aux touristes. Enfin, les amateurs d’histoire (et de technologie) pourront consulter le très (trop ?) riche site de l’association Normandie mémoire, véritable mine de renseignements sur le D-Day.

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