La Lituanie est le plus méridional des pays baltes, frontalier avec la Pologne. Émancipée du grand frère russe depuis 1991, elle est membre de l’Union européenne depuis 2004 et fait partie de l’espace Schengen depuis 2007. Sa monnaie, le Litas, équivaut à 30 centimes d’euros. Avec près de 600.000 habitants (850.000 dans l’agglomération) Vilnius est la ville la plus peuplée d’une nation qui compte un peu plus de 3,5 millions de ressortissants; c’est également là que se concentre la majeure partie de l’activité économique et culturelle. Fondée sur les rives du Neris au XIVe siècle par le grand-duc Gediminas, la capitale a connu la prospérité jusqu’au XVIIe siècle, lorsque les conflits, ainsi que les influences polonaise puis russe l’ont progressivement provincialisée. La cité n’a recouvré son éclat qu’à la faveur de l’indépendance du pays en 1991, dont elle constitue désormais la vitrine.

Dominé par la colline où se dressent les vestiges du château de Gediminas (dont une tour emblématique inaccessible, mais avec un joli panorama accessible par funiculaire), le centre-ville de Vilnius est relativement plat, bordé par endroits de larges trottoirs, et les lieux d’intérêt, particulièrement bien conservés et mis en valeur, se concentrent dans un périmètre que l’on peut aisément parcourir à pied ou en fauteuil roulant. Comme ailleurs en Europe, les abaissés de trottoirs sont nombreux dans les parties récentes, plus rares ailleurs, et des pavés « agrémentent » les déambulations dans le centre ancien. Quelques feux sonores ont été implantés aux principaux carrefours. Il ne faut en revanche guère attendre des habitants, peu familiarisés avec les langues étrangères ni encore habitués à la présence de touristes occidentaux (et à plus forte raison handicapés), sinon une indifférence polie. Si la carte européenne de stationnement n’est pas officiellement reconnue (en contravention avec la réglementation qui s’impose à la Lituanie) elle s’avère néanmoins utile.

La longue perspective Gedimino est un incontournable local, où s’alignent sous les arbres, dans de beaux immeubles néoclassiques et art-déco, banques, hôtels, boutiques de luxe… et casinos. Son ancien nom d’avenue Lénine rappelle une période récente demeurée dans toutes les mémoires, et l’on ne passe pas devant le palais de justice sans songer qu’il a abrité la Gestapo et le KGB (musée inaccessible). Sur un côté, dans un petit square, un émouvant monument a été improvisé aux victimes déportées en Sibérie. De l’autre côté de la rue s’ouvre la vaste place où se dressait une statue colossale de Lénine, déboulonnée lors de l’indépendance, face aux caméras de télévision du monde entier.

A l’extrémité ouest de Gedimino se dressent l’archi-cathédrale basilique (catholique) de Saint-Stanislas et son étonnant clocher séparé en forme de phare. Accessible de plain-pied par son portail sud, le bâtiment néo-classique est le sixième sur le site, dont l’origine remonte au XIIe siècle. La décoration intérieure est assez dépouillée, à l’exception de la chapelle de Saint-Casimir, baroque à l’extrême, qui vaut le coup d’oeil ! Le palais royal de style Renaissance, à côté de la cathédrale, est une reconstruction contemporaine (controversée) qui devrait être inaugurée à l’été 2009, l’édifice original, endommagé au XVIIe siècle, ayant été entièrement rasé au XIXe.

Non loin de là, la flamboyante église Sainte-Anne est un chef-d’oeuvre gothique en briques rouges, accessible par rampe. L’intérieur en est assez délabré mais y subsistent quelques belles fresques du XVIe siècle. Le quartier attenant constitue le centre historique de Vilnius, classé par l’Unesco en 1994. C’est un dédale de rues pavées que surplombent de charmantes façades anciennes dont le rez-de-chaussée est, la plupart du temps, occupé par des boutiques. Le shopping, ici, est orienté vers les deux produits phares de la Lituanie : le lin et, surtout, l’ambre, résine fossile qui se décline principalement sous forme de bijoux, plus ou moins chers selon la qualité des matières utilisées. Attention, nombre de commerces comportent un seuil parfois très haut. Les prix sont généralement comparables au reste de l’Europe, avec quelques bonnes surprises côté restauration et habillement.

Au coeur du centre ancien, l’Université, fondée au XVIe siècle, est un quartier à elle seule, avec ses treize cours. La plupart des bâtiments est réservée aux études mais on peut traverser les cours et visiter l’église baroque édifiée par les Jésuites au XVIIIe siècle, accessible de plain-pied par le haut de la rue Pilies. Laquelle débouche, au sommet d’une pente, sur la Porte de l’Aurore, dont le portique abrite une chapelle (inaccessible) où l’on vénère une célèbre icône de la vierge noire considérée comme miraculeuse, tant par les catholiques que les orthodoxes, et largement copiée de par le monde. D’où que l’on dirige le regard, à Vilnius, un clocher émerge des toits ! Du ghetto juif qui rayonnait autour de la place Stikliu ne restent que quelques plaques et évocations dont le monument au Gaon : alors que plus de la moitié des habitants de Vilnius étaient juifs, la quasi-totalité a été exterminée lors de l’occupation nazie des années 1941 à 1944.

Monument au Gaon dans l'ancien quartier juif de Vilnius.

Sur l’autre rive de la Vilnia, petit affluent du Neris, le quartier « alternatif » d’Uzupis s’est érigé en république bohème en 1997, dont la très poétique constitution est affichée (en plusieurs langues dont le français) dans l’artère principale. Artistes et intellectuels y fleurissent, avec néanmoins une tendance de plus en plus marquée à la « gentrification » (immixtion de bobos locaux) et à la « montmartrisation ». A visiter de toute urgence, donc, avant que ne s’évapore l’atmosphère si particulière de l’endroit…

Enfin, au pied de la colline de Gediminas, l’ancien arsenal abrite plusieurs musées d’intérêt variable pour un Français (cartels uniquement en lituanien, parfois en anglais, collections assez modestes), dont seuls les rez-de-chaussée sont accessibles. À réserver pour occuper le temps un jour d’intempéries…

En-dehors du centre-ville, on pourra zapper la tour de la télévision, dont la visite est onéreuse et sans intérêt (locaux vétustes, personnel peu aimable, panorama trop éloigné de la ville pour être réellement intéressant), mais un détour par le Parc de l’Europe peut s’avérer agréable : installé au flanc d’une forêt de pins et de bouleaux, il expose en plein air d’élégantes sculptures contemporaines. On peut y prendre un repas dans un cadre design largement ouvert sur la nature. Accueil attentionné, stationnement possible au sommet pour les véhicules des visiteurs handicapés.

Château-forteresse de Trakai.

À une trentaine de kilomètres à l’ouest de Vilnius, Trakai fut la capitale médiévale de la Lituanie. De cette époque subsiste (restauré au béton dans les années 1960) un imposant château de briques élevé sur une île du lac de Galvé. Le bâtiment, hormis la cour, n’est pas accessible en fauteuil roulant mais il est très agréable, quand la météo le permet, de faire le tour de l’île, voire naviguer sur le lac, que bordent, côté ville, buvettes et restaurants. Trakai est également célèbre pour sa petite communauté karaïte, descendant des premiers gardes de la forteresse. De tradition judaïque, les Karaïtes ont su préserver leur patrimoine culturel ainsi qu’une cuisine particulière qu’il est possible de découvrir ici. Point de chute des habitants de Vilnius durant le week-end, Trakai peut être très encombrée et difficilement stationnable : à visiter plutôt en semaine, donc.

Autre capitale, beaucoup plus ancienne, considérée comme le berceau de la nation lituanienne, Kernave est un site archéologique de première importance, d’ailleurs classé à ce titre par l’Unesco. Spectaculaire mais complexe, l’endroit vaut d’être découvert avec un guide : la petite communauté française, installée sur place dans un ancien kolkhoze, peut y pourvoir avec talent…

Plus à l’ouest, avant d’arriver à Kaunas, seconde ville du pays en importance (mais où le tourisme est encore balbutiant), Rumsiskes est célèbre pour son passionnant musée ethnographique en plein air, ouvert au public en 1974. C’est l’un des plus grands en Europe. Son équivalent français serait l’Écomusée d’Alsace, avec une identique préoccupation de sauver le patrimoine rural du pays. On peut y découvrir près de 150 constructions, de la modeste masure à la ferme opulente, remontées sur place et soigneusement restaurées jusque dans leur environnement.

C’est également l’occasion d’apprécier la place particulière qu’occupent les croix sculptées dans la culture locale : peintes ou brutes, elles ornent les rues et protègent maisons et habitants. Toutes les régions sont représentées à Rumsiskes, et nombre de bâtiments sont accessibles (parfois moyennant le franchissement d’un seuil). Le personnel, en costume d’époque, confère à l’endroit un charme et une authenticité bienvenus. Il est même possible, sur réservation, de déguster la cuisine traditionnelle. Accès en voiture autorisé aux visiteurs handicapés.

On retrouvera ce caractère rural en se risquant à vagabonder en dehors des grands axes, parcourant des routes de terre battue (bordées parfois de bovins attachés à un piquet) qui traversent des villages aux maisons en bois, et dont le cimetière sans clôture est traditionnellement aménagé à plusieurs centaines de mètres du bourg.

À 130 km au sud de Vilnius, près de la frontière biélorusse, une longue route à travers la forêt (le long de laquelle Lituaniens et Biélorusses vendent à la sauvette conserves et produits frais) conduit au célèbre Parc Grutas, autre musée de plein air, mais à la thématique pour le moins différente. C’est là, en effet, que sont conservées, depuis 2001, les reliques de l’ère soviétique, pieusement collectées par un entrepreneur privé. S’y retrouvent donc, comme à la parade, tous les caciques et héros du régime, soit une centaine de statues, dont certaines colossales. Des pavillons, accessibles de plain-pied, présentent par ailleurs tableaux et breloques à l’esthétique caractéristique. Le tout est entouré de miradors diffusant des bandes sonores de l’époque : les touristes adorent, les Lituaniens un peu moins… Le parc propose également un espace de jeux pour enfants, un petit zoo et de quoi se restaurer. Parking réservé devant l’entrée.

De retour à Vilnius, vous pourrez difficilement rater l’unique vestige à peu près intact de l’époque soviétique : le baroque bâtiment de l’aérogare (avec guidage podotactile au niveau des arrivées… mais pas des départs !), dont les modénatures sont demeurées intactes, seule trace d’un passé qu’une Lituanie tournée vers l’Occident veut désormais oublier…

Jacques Vernes, janvier 2009.

Sur le web, le site officiel Visit Lithuania propose une information généraliste sur la destination, mais sans mention d’accessibilité. Idem pour l’office du tourisme de Lituanie à Paris (qui permet néanmoins de télécharger des brochures mises à jour) et pour Vilnius 2009, qui présente les différents événements organisés tout au long de l’année : pour des informations spécifiques, entrez le terme « handicap » dans le moteur de recherche. Sachez enfin que l’agence Taïga Euro Baltika, fondée par des Français, peut vous aider à organiser des voyages à la carte prenant en compte le critère handicap.

Partagez !