Habité depuis des milliers d’années et indépendant jusqu’à sa conquête par Édouard 1er d’Angleterre au XIIIe siècle, le très celtique Pays de Galles (Cymru en langue vernaculaire : se prononce kumri) fait partie du Royaume-Uni depuis 1536. Quant au titre de Prince de Galles, il est porté par les héritiers du trône depuis 1301. Décentralisation et velléités d’indépendance obligent, la région a obtenu l’institution d’une Assemblée Nationale en 1999. Laquelle siège à Cardiff, la capitale, dans un très bel édifice transparent et parfaitement accessible (conçu par Richard Rogers, l’architecte du Centre Pompidou) que l’on peut visiter.

La fondation de Cardiff, au bord du large estuaire de la Severn, remonte à l’époque romaine. Les seuls témoignages subsistant de cette période sont quelques pans de murs de brique enchâssés dans la muraille du château. Celui-ci, édifié au centre de la ville, témoigne d’une très longue histoire dont la marque la plus spectaculaire (bien qu’inaccessible en fauteuil roulant) est sans doute sa motte castrale normande miraculeusement préservée. Les logis XVe et XIXe construits sur deux angles du plan romain d’origine ne sont malheureusement pas davantage accessibles en fauteuil roulant mais on peut visiter les remparts, le musée militaire et une partie de la tour de l’horloge : passages étroits et gros seuil pour cette dernière. Le récent centre d’interprétation, en revanche, est parfaitement adapté. Audioguides disponibles en plusieurs langues dont le français avec, sur demande, interface vidéo en langue des signes britannique. Des visites décrites et tactiles (y compris en français) sont organisées sur réservation. Tarif réduit pour les utilisateurs de fauteuils roulants.

Tout proche et d’un stationnement aisé (on peut d’ailleurs y laisser son véhicule pour aller visiter le château), le Musée national offre, sur plusieurs vastes niveaux desservis par ascenseur, un florilège de collections allant des âges géologiques à nos jours. Difficile de ne pas trouver son bonheur au fil des différents espaces muséographiques, que l’on soit amateur de minéraux et fossiles (dinosaures compris), d’archéologie, d’histoire naturelle ou de peinture : la partie Impressionnistes est mondialement réputée pour ses Millet, Rodin, Monet et autres Cézanne. L’accès « fauteuils » se fait par une entrée spéciale (interphone) située à gauche des grandes marches du perron. Accueil attentionné. Le musée, gratuit, dispose par ailleurs d’une cafétéria très correcte et met des fauteuils roulants et des cannes à la disposition de ses visiteurs fatigables.

Le (petit) centre-ville alterne maisons basses, immeubles néoclassiques et constructions modernes. La cité ne s’est réellement développée qu’au XIXe siècle avec l’industrie du charbon. Au lendemain de la 1ère Guerre Mondiale, Cardiff devint même le premier port houiller du monde : cette richesse a permis l’édification de quelques imposants bâtiments que l’on peut encore admirer aujourd’hui. Mais le déclin de cette industrie, entre la 2e Guerre Mondiale et les années 1980, a entraîné celui de la ville. C’est de cette époque que date le lancement de la réhabilitation du quartier des docks, désormais « vrai » coeur battant de la cité.

La Coupe du monde de rugby de 1999 a consacré cette renaissance, au Millennium Stadium, et les amateurs français de ballon ovale n’auront pas oublié l’homérique quart de finale de la Coupe du monde 2007 opposant les Bleus aux (pas si terribles) All Blacks… Quant au quartier des docks, remarquablement réhabilité et très fréquenté, il offre tous les services que l’on peut attendre d’une grande ville : salles de spectacles, cinémas, centres commerciaux et de loisirs, pubs, restaurants, hôtels, promenades… Outre l’Assemblée nationale mentionnée ci-avant, le Wales Millennium Center, inauguré en 2004, abrite plusieurs espaces de concert et d’opéra et pas moins d’une dizaine de compagnies théâtrales, dont une d’artistes handicapés. Le centre bénéficie des dernières avancées technologiques en matière d’adaptation, et d’une politique tarifaire encourageante.

Dans la banlieue de Cardiff, le Musée national de Saint-Fagans est un incontournable à ne manquer sous aucun prétexte : outre sa gratuité et une excellente accessibilité, l’endroit présente un condensé à ciel ouvert de l’habitat gallois à travers les âges, sur un modèle qui n’est pas sans rappeler l’Écomusée d’Alsace. La plupart des maisons, sauvées de la destruction et soigneusement remontées ici (ou reconstituées, pour l’habitat celte) est aisément accessible pour les parties en rez-de-chaussée : la majorité de ces demeures, transformées pour certaines en musées ethnographiques, ne comporte pas d’étage. La reconstitution du centre-ville d’une bourgade des années 1920 est confondante de réalisme et la visite du château fin XVIe passionnante. Le très vaste parc présente parfois des dénivelés assez importants, il est possible de s’y faire véhiculer. Personnel avenant, vaste parking réservé au plus près de l’entrée, possibilité de restauration sur place : une invitation à passer une journée complète de dépaysement !

Direction plein ouest : face au canal de Bristol (célèbre pour ses marées, parmi les plus importantes du monde) la petite cité côtière de Swansea, ville natale de l’actrice Catherine Zeta-Jones, perpétue la mémoire de l’un des plus brillants poètes de langue anglaise du XXe siècle : Dylan Thomas, presque inconnu en France. Un petit musée, accessible de plain-pied, permet de rattraper cette lacune. Dans un domaine complètement différent, le National Waterfront Museum, installé dans un quartier des docks récemment rénové, retrace le passé industriel de la région. L’industrie minière et la condition de vie ouvrière y sont présentées au moyen de dynamiques reconstitutions et interfaces multimédias incluant la langue des signes (britannique). La visite est gratuite, de même que le parking réservé à proximité. Comme ailleurs, l’accessibilité aux visiteurs handicapés est ici une notion très extensive qui n’oublie personne.

Fauteuil roulant sur la plage de Caswell Bay, au Pays de Galles.

Au sortir de Swansea, le trait de côte qui longe la péninsule de Gower offre de spectaculaires points de vue sur la mer (la plupart dotés de parkings réservés) qui en font l’un des joyaux les plus visités du Pays de Galles. Falaises découpées, criques sauvages, immenses plages, dunes, marais… la nature préservée se fait ici enchanteresse en toutes saisons. Certaines parties sont plus difficiles d’accès (Three Cliffs Bay notamment) mais Caswell Bay et, surtout, Rhossili offrent la possibilité de jouir sans obstacle de la magie des lieux, moyennant finance en période d’affluence mais sur des chemins globalement carrossables. Les amateurs d’embruns et de paysages photogéniques seront comblés. Vaches laineuses et moutons en liberté agrémentent la visite.

Protégée par l’estuaire de Loughor, Llanelli, jadis industrielle, est devenue une élégante station balnéaire dont l’une des caractéristiques, outre un amour immodéré pour le ballon ovale, est que la moitié de sa population y parle couramment le gallois, langue celtique où les consonnes prédominent souvent au point de décourager toute tentative de prononciation par les non-initiés ! Le bilinguisme étant généralisé dans la région, on finit néanmoins par apprendre quelques termes, dont beaucoup se rapprochent du breton. En plus de sa langue, le district de Llanelli a su préserver et mettre en valeur son littoral. Niché au coeur du Millennium Coastal Park (Millennium est un terme qu’affectionnent les Britanniques), le Wetland center est une réserve aviaire parfaitement accessible (fauteuils électriques en prêt) où l’on peut observer la faune sauvage et même nourrir les multiples canards et oies hébergés sur place. Plusieurs parcours carrossables sont proposés, ainsi qu’une aire à pique-nique : de quoi passer une journée ensoleillée sur fond de romantiques paysages lagunaires. Cerise sur le gâteau : les postes d’observation sont accessibles et des jumelles disponibles à la location.

À l’intérieur des terres, non loin de la paisible Llandeilo, se dressent les châteaux de Dinefwr (Dynevor en anglais). Propriété du National Trust (équivalent de notre Centre des Monuments Nationaux), le domaine comprend en effet, au milieu d’un immense parc, de très évocatrices ruines médiévales ainsi qu’un élégant château restauré dans l’esprit victorien, où il est possible de déguster des spécialités locales après une découverte exhaustive des lieux : chose rare, les parties réservées aux domestiques (en sous-sol, accessible par ascenseur) se visitent également, reconstituées dans leurs moindres détails.

Les amateurs de jardins ne manqueront pas de faire un (petit) détour par Aberglasney house, toute proche, où un authentique jardin élisabéthain déploie discrètement ses fastes aux abords d’une élégante demeure de style néoclassique. Un exemple unique au Royaume-Uni, objet de soins infinis, dont le charme intimiste et paisible ravira les poètes ! La pente d’accès est assez forte mais le reste est accessible avec un minimum d’aide. La partie centrale du logis (qui a échappé de justesse à la destruction) abrite une étonnante serre exotique.

Serre du National Botanic Garden

À quelques encablures, star médiatique de 250ha, le National Botanic Garden a été inauguré en l’an 2000 par le Prince de Galles sur l’emplacement d’un jardin remontant au XVIIIe siècle. Sa serre gigantesque, due à l’architecte Norman Foster, est la plus vaste du monde, accumulant les superlatifs… et les écosystèmes reconstitués. Sa découverte, ainsi que celle des innombrables espaces de plein air, est un véritable enchantement. Quant à l’accessibilité, c’est quasiment un modèle du genre ! Un petit train permet en outre d’économiser ses forces : il y a tant à observer, toucher, sentir, qu’une journée n’y suffit pas. Parking réservé devant l’entrée, restauration possible sur place (heureusement !).

Encore plus à l’ouest, retour en bord de mer avec Tenby, cité balnéaire nichée sur sa falaise et, pour partie, ceinte de remparts. Un très agréable (et accessible) but de promenade et, dans les alentours, de belles balades possibles en bord de mer. Au bout de la route, sur sa péninsule, Saint-David’s (du nom du saint patron du pays) est réputée la plus petite ville du Royaume-Uni. Lieu de pèlerinage connu dans toute la Chrétienté, elle a été fondée au Moyen-Âge autour d’une imposante cathédrale qui a subsisté jusqu’à nos jours. Les ruines spectaculaires du palais épiscopal se visitent également, même si l’accessibilité d’ensemble n’en est pas optimale en dépit d’un élévateur fauteuil, rarissime en pareil décor.

Restent, omniprésents, des points de vue remarquables et souvent très romantiques sur la nature et les traces laissées par l’Homme. À noter : certains panoramas accessibles sont signalés par panonceau, de même que les toilettes adaptées (nombreuses, fréquemment fermées par une clé universelle à commander en ligne auprès de l’association Radar) et les parkings; n’oubliez pas votre indispensable carte européenne de stationnement appelée ici Blue badge. Et si certaines routes rappellent l’Irlande par leur étroitesse, s’il pleut souvent en journée (mais ensuite, quels éclats de soleil et quels ciels !), l’infinie beauté des paysages et la chaleur de l’accueil compensent largement ces petits désagréments…

Jacques Vernes, février 2009.


Sur le web, le site officiel Visit Wales propose, en français s’il vous plaît, une information globale sur la destination qui n’oublie pas l’accessibilité. Par ailleurs, le site Visit Cardiff offre également en plusieurs langues dont le français, des données généralistes et, en téléchargement, un « Disabled access guide » qui, comme son nom l’indique, contient toutes les informations utiles (pictogrammes). Sachez enfin que les nombreux châteaux du Pays de Galles se mettent progressivement en accessibilité. Derniers en date : ceux de Chepstow et de Caernarfon.

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