Au sud du Massif Central, le département de l’Aveyron tire son nom de l’une des rivières qui le traversent. Le climat, rude en hiver, y devient très clément avec les beaux jours. Conséquence de l’exode rural et du vieillissement de la population, ses 31 habitants au km² en font l’un des départements les moins peuplés de France malgré la vogue du retour à la nature : on compte ainsi davantage d’Aveyronnais (d’origine) à Paris qu’en Aveyron ! Avantages notables pour le visiteur : un environnement préservé, un accueil chaleureux et des prix raisonnables…

Ancienne capitale des Rutènes (qui ont donné leur nom à ses habitants – Ruthénois), Rodez, aujourd’hui préfecture, a vu défiler tous les envahisseurs de l’histoire, depuis les Romains jusqu’aux Anglais en passant par les Wisigoths et les Maures ! En témoignent les nombreux vestiges exposés au très beau Musée Fenaille (accessible). Partiellement accessible, le Musée Puech présente quant à lui, outre les oeuvres de son fondateur, celles d’artistes originaires de la région ainsi que des expositions temporaires. En attendant l’ouverture, annoncée pour 2012, d’un musée spécifiquement consacré à l’enfant du pays : Pierre Soulages, qui fêtera cette année ses 90 ans. Autre célébrité locale, plus jeune et mieux connue du grand public : Bernard Laporte, rugbyman devenu ministre…

Le centre ancien de Rodez, lové autour de l’austère cathédrale gothique (accessible), fourmille de bâtiments Renaissance aux façades joliment ouvragées : n’hésitez pas à vous risquer sous les porches lorsqu’ils sont ouverts, les belles surprises sont souvent au rendez-vous !

La vallée du Lot, au nord du département, offre de très beaux paysages et abrite un joyau de l’art roman mondialement célèbre : Conques, étape majeure sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. L’abbatiale Sainte-Foy en constitue le coeur, avec son extraordinaire tympan et ses vitraux signés Soulages (accès fauteuil par le coté gauche de l’église : clés à emprunter au musée… inaccessible). Le village tout entier, préservé sur son flanc de coteau, est un enchantement en dépit des pavés, de la pente… et de la très forte affluence touristique en saison. Sachez toutefois que le fameux trésor de Conques est accessible par élévateur (contourner le chevet de l’église) et que des parkings réservés sont disponibles aux extrémités du bourg : présentez, le cas échéant, votre carte de stationnement au personnel de service.

Détail du tympan de l'abbatiale Sainte-Foy de Conques : l'enfer.

Plus en amont du Lot, entre Saint-Côme et Saint-Laurent d’Olt, les paysages se font romantiques, avec leurs sapinières, leurs maisons traditionnelles aux toits d’ardoise et leurs châteaux dominant la rivière. On peut y déambuler en toute sérénité mais il est également possible d’explorer les hauteurs en quad (adapté) grâce à Vent de liberté, basé à Rodez, qui organise des excursions (journée ou demi-journée) dans tous les sites remarquables du département. C’est certes un peu bruyant mais on atteint ainsi des lieux inaccessibles autrement (sauf pour des randonneurs valides) et l’encadrement, très professionnel, est un gage de sécurité et de découverte « intelligente ». Vent de liberté dispose en outre d’un siège coque adapté aux personnes qui ont besoin d’être sanglées.

En redescendant vers le sud, à travers le minéral plateau du Levezou ponctué de lacs, on peut faire halte à Micropolis, véritable ovni architectural et muséographique lancé dans la continuité du célèbre film Microcosmos. Petits et grands ont une belle occasion de découvrir, de manière ludique, un monde souvent méconnu : que savons-nous, au juste, des insectes ? Vous serez incollables en sortant et verrez différemment ces bestioles qui parfois nous effraient. L’impressionnant tunnel à fourmis vaut à lui seul la visite, parfaitement accessible. Coffret sensoriel disponible pour les visiteurs non-voyants, stationnement réservé au plus près de l’entrée principale, repas possible sur place, avec vue panoramique sur le pittoresque village de Saint-Léons, où est né le grand entomologiste Jean-Henri Fabre (1823-1915).

À quelques kilomètres de là, sur le Tarn, Millau, calme sous-préfecture, n’en revient toujours pas du succès que lui vaut la proximité de son célébrissime viaduc, inauguré en 2004. Lequel, à péage, ne se visite évidemment pas autrement qu’en véhicule motorisé (mais il est interdit de s’arrêter) ou, gratuitement, en se rendant à l’Espace Info installé sur l’aire des Cazalous (accès possible depuis la route). Autre manière, plus écologique : en barque, depuis le village de Creissels. Stationnement possible à côté de l’accueil, les transferts se faisant en minibus. Portage à prévoir pour accéder aux canots (l’embarcadère devrait prochainement être amélioré) mais le plaisir de la balade, ensuite, compense largement ce désagrément, surtout lorsque l’on se retrouve à l’aplomb des piles gigantesques du viaduc ! Castors et oiseaux sont également de la partie… Autre façon encore de visiter le viaduc : depuis les airs, en parapente (pour les courageux) dans le cadre du programme Hand’Icare, avec du matériel adapté et un (bon) moniteur. Sensations garanties !

Panorama depuis l'Espace Info du viaduc de Millau

Dernière manière, moins risquée : au centre de Millau, l’Espace des Ponts et ouvrages d’art, accessible librement au pied du beffroi, présente de belles maquettes (et aussi d’autres ponts spectaculaires) avec indications braille, dont certaines peuvent être touchées.

Dans un domaine connexe (celui du toucher) Millau, qui a connu au XIXe siècle le développement de l’industrie du gant, abrite l’une des dernières grandes maisons spécialisées dans cet accessoire indispensable : Causse. Du (très) haut de gamme confectionné avec passion et que l’on peut découvrir sous la forme d’un musée ultramoderne comportant un atelier en activité. La manufacture fournit les plus grandes maisons parisiennes de haute-couture. La boutique réserve néanmoins d’agréables surprises côté prix.

Causses, c’est également le nom des plateaux calcaires qui s’étendent au-delà du Tarn, dont les paysages arides font le bonheur des poètes, des photographes… et des brebis laitières de Roquefort. On ne présente plus ce fromage mondialement apprécié mais il est possible d’en découvrir quelques aspects de la fabrication en se rendant sur place. Impossible de manquer l’usine Société, qui propose un circuit interactif plutôt bien conçu, même si, hygiène oblige, les divins fromages demeurent hors d’accès. Les personnes handicapées n’ont droit qu’à une visite partielle (accès par le village : éviter de stationner devant l’entrée du haut) mais la gratuité est de mise. Prévenir pour pouvoir bénéficier d’une dégustation sur mesure… ou traverser la rue : les caves Papillon (éternel rival) ne sont pas accessibles en fauteuil roulant mais leur (splendide) boutique oui…

Jacques Vernes, mai 2009.


Sur le web, le site officiel Tourisme Aveyron permet de préparer son séjour en toute sérénité. Une page spécifique, basique mais régulièrement mise à jour, liste en outre les sites labellisés Tourisme et handicap.

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