Fondée au 1er siècle avant notre ère par les Gaulois Allobroges, l’antique Cularo (« champ de courges » en langue vernaculaire) s’est appelée Gratianopolis (du nom de l’empereur Gratien) au IVe siècle, l’altération de ce nom se muant progressivement en Grenoble au Moyen-Âge. La cité ayant connu une forte expansion au cours des siècles, il ne subsiste pratiquement rien de l’époque antique (sinon quelques romantiques vestiges non loin de la Maison du tourisme) mais les remparts romains sont signalés au sol par d’élégants clous de cuivre. Capitale du Dauphiné, Grenoble a légué au royaume de France, outre de fort riches territoires, un titre de Dauphin qui sera porté par les héritiers du trône jusqu’en 1830 et subsiste encore de nos jours dans le langage courant.

La situation géographique particulière de Grenoble fait que, bien qu’entourée de montagnes, le centre-ville en est plat. La déambulation n’y présente donc aucune difficulté majeure, que l’on utilise ou non un fauteuil roulant (les nouvelles rames du tramway améliorent une accessibilité déjà correcte). Le centre ancien, aussi animé qu’une ville méridionale avec ses terrasses, ses marchés et ses façades colorées, recèle en outre quelques pépites architecturales qui se découvrent en levant les yeux ou en poussant la porte d’une cour. Ainsi peut-on suivre les traces de l’enfant le plus célèbre du pays : Marie-Henri Beyle, alias Stendhal, né ici en 1783 et qui y vécut jusqu’en 1799, à l’aube de sa carrière littéraire. Autre célébrité locale, auquel un musée (accessible) rend hommage : Jacques de Vaucanson, fameux inventeur d’automates du XVIIIe siècle. Plus près de nous, la capitale alpine a vu, entre autres célébrités, la naissance des chorégraphes contemporains Karine Saporta et Jean-Claude Gallotta, ainsi que, dans un genre différent, du chanteur Michel Fugain et de l’humoriste Roland Magdane… Lesquels peuvent se donner en spectacle, ainsi que d’autres artistes, sur la scène de la Maison de la Culture MC2 (accès par ascenseur depuis la base du bâtiment, places fauteuil vers le tiers de la grande salle en passant par des couloirs de service et accompagné par un pompier, guidage podotactile par bandes noires). Après spectacle, un agréable bar restaurant très design, à cuisine de qualité et prix serré attend les noctambules.

En plus d’attrayantes promenades en ville, Grenoble offre la richesse de ses musées, dont le mieux pourvu est sans conteste celui des Beaux-Arts, simplement dénommé « Musée de Grenoble » et installé depuis 1994 en bord d’Isère, dans un bel édifice contemporain globalement accessible en dépit d’erreurs manifestes de conception (notamment de fortes rampes qui obligent à prendre l’ascenseur !). Le bâtiment incorpore quelques restes de fortifications; quant aux collections, elles couvrent toute l’histoire de l’Art depuis l’antiquité égyptienne, avec une partie XXe siècle particulièrement bien pourvue qui ravira les amateurs de MatisseDerainRouaultSignacVlaminck et autres Van Dongen. Le très récent Musée de l’ancien évêché, dont l’accès est gratuit, présente pour sa part l’histoire de la région depuis la préhistoire. Installé dans l’ancien palais épiscopal, sa muséographie lumineuse, ses maquettes et son rarissime baptistère médiéval (crypte archéologique) en font un incontournable pour qui souhaite mieux comprendre la genèse de la cité. Accès « fauteuil » par une porte située à gauche de l’entrée principale (bouton d’appel) puis par ascenseur et élévateurs.

Les enfants seront davantage à la fête au Muséum d’histoire naturelle, où ils pourront se familiariser avec la faune locale, découvrir d’impressionnants fossiles (de toutes provenances, certains spectaculaires) ainsi qu’une collection de minéralogie mise en scène comme une vitrine de bijoutier. Le Muséum organise d’ailleurs jusqu’au 27 septembre 2009 une exposition temporaire (gratuite) sur ce thème dans le Palais du Parlement, au coeur du centre ancien : une occasion unique de se familiariser avec la science et explorer un très beau bâtiment, dont une moitié Renaissance et l’autre constituant un « décalque » XIXe de la partie ancienne, ancien tribunal dont la nouvelle affectation n’est pas encore décidée. Attention, seul le rez-de-chaussée est accessible en fauteuil roulant. De l’autre côté de la place, La Table ronde est réputé le plus vieux café de France hors Paris, ce qui n’apparaît guère évident depuis sa réfection…

Pont Saint-Laurent à Grenoble.

Au-delà de l’Isère et du pont Saint-Laurent, au-dessus du pittoresque quartier italien, s’élève… la Bastille, dont le nom rappelle qu’il désigne avant tout un ouvrage de fortification. Cette Bastille-là date du XIXe siècle mais elle fait suite à d’autres constructions, dont les plus anciennes remontent au XVIe. Le panorama sur la vallée du Grésivaudan et les montagnes de Belledonne, du Vercors, de la Chartreuse est à couper le souffle ! La ville s’étend jusque dans les brumes du lointain. Longtemps problématique aux utilisateurs de fauteuils roulants, la Bastille est désormais accessible en grande partie au moyen de rampes et d’ascenseurs, en utilisant depuis le centre-ville les fameuses « bulles » du téléphérique (accès automobile également possible). En dépit de leur grande qualité, on y vient moins pour les expositions temporaires et les espaces muséographiques que pour la vue, déjà chantée en son temps par le grand Stendhal… Sachez en revanche que le passionnant Musée dauphinois, situé en contrebas dans un ancien couvent du XVIIe siècle, est (et demeurera hélas encore longtemps) trop partiellement accessible pour s’y risquer en fauteuil roulant.

Panorama sur Grenoble et 'bulles' depuis la Bastille.

S’il ne reste plus grand chose de Grenoble ville olympique (hiver 1968) en dehors du Palais des sports, de nombreuses stations de ski sont aisément accessibles dans la proximité (consultez la rubrique ad hoc sur le site de l’Office de Tourisme) et les belles balades possibles en toutes saisons. La plus prestigieuse d’entre elles consiste à se rendre dans le massif de la Chartreuse, tout proche. Le monastère éponyme fondé en son coeur au XIe siècle est fermé au public mais un musée didactique en cours de rénovation et d’amélioration de l’accessibilité, installé dans la Correrie jadis dévolue aux frères convers, y retrace l’épopée de cet ordre contemplatif dont l’une des plus fameuses productions est une célèbre liqueur fabriquée à… Voiron. Le musée, accessible avec aide, en dévoile une partie de la fabrication (secrète comme il se doit) et permet de visiter des cellules similaires à celles qu’occupent toujours les moines. Stationnement possible au plus près de l’entrée : envoyez un valide demander à l’accueil ou prévenez de votre arrivée.

On peut apercevoir le monastère proprement dit, situé plus haut dans la montagne, depuis la route mais la vue panoramique maintes fois photographiée nécessite de grimper à flanc de montagne. Une montagne qui protège Grenoble comme un écrin et n’attend que la neige pour devenir également accessible à tous vos plaisirs !

Jacques Vernes, juillet 2009.


Sur le web, le site de l’Office de Tourisme de Grenoble propose de nombreuses informations sur la ville, avec quelques mentions d’accessibilité, ainsi que des brochures en téléchargement.

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