Le seul nom de Champagne fait (à juste titre) pétiller l’imagination mais il se résume trop souvent, dans l’inconscient collectif, à la région de Reims, ce qui est dommage : outre le fait que l’appellation s’étend largement au sud de Bar-sur-Aube (pays baralbin), il n’y a pas que le Champagne en Champagne ! Il suffit, pour s’en rendre compte, de quitter l’autoroute : voici quelques idées d’escapade dans le sud de la région.

Un bel exemple des surprises qui attendent quiconque sort, au sens propre, des sentiers battus (et à péages) est la cité de Langres. Fièrement édifiée sur son plateau éponyme, la ville natale de Diderot cache ses trésors derrière d’épaisses murailles vieilles, pour partie, de près de 2.000 ans. De l’antique Andemantunnum, capitale des Lingons, il ne reste pas grand chose en place mais le Musée d’Art et d’Histoire (accessible) rassemble quelques vestiges dont certains impressionnants : vaste mosaïque « de Bacchus » et marbres antiques notamment. Le musée abrite également des collections de peinture, sculpture et arts décoratifs dont des rares faïences d’Aprey. Toilettes adaptées.

Il est possible de promener sur les remparts, aisément accessibles, même si l’énorme Tour de Navarre (XVIe siècle) où sont organisées des expositions temporaires présente une rampe d’accès peu praticable en fauteuil roulant (fort taux de pente et sol en tout-venant).

Des visites de ville sont proposées par l’Office de Tourisme (conférenciers en été, audioguides toute l’année) mais, guide ou pas, c’est un plaisir de déambuler au gré des rues (pavées), des belles maisons de pierre et des places ombragées avec l’impression que le temps, ici, s’est arrêté au XVIIIe siècle. Ne manquez pas la Maison Renaissance (rue Saint-Didier) et sa façade richement ornée de bucranes, ainsi que la maison natale de Diderot, sise sur une place qui s’orne désormais de sa statue. La cathédrale de style roman bourguignon, dédiée à Saint Mammès, présente une intéressante tapisserie dans laquelle le martyr parle à des animaux sauvages inconnus à Langres.

Côté pratique, un vaste parking (gratuit, avec toilettes adaptées) en entrée d’hyper-centre comporte des emplacements réservés, et Langres figure parmi les rares villes de France à offrir un camping en plein centre, avec vue sur la campagne depuis les remparts !

À quelques encablures au nord de Langres, Nogent (ex-Nogent en Bassigny : rien à voir avec celui du « petit vin blanc » !) est un paisible village mondialement réputé pour la qualité de sa coutellerie. Un élégant musée (avec toilettes adaptées), installé en coeur de bourg, témoigne de l’extraordinaire talent de ces artisans, dont quelques uns ont ouvert leur atelier à la visite (liste disponible à l’accueil du musée). Certaines réalisations sont époustouflantes ! L’industrie locale s’est, quant à elle, orientée depuis quelques années vers les technologies de pointe : chirurgie, aéronautique, automobile…

Mémorial Charles de Gaulle à Colombey

Entre Chaumont et Bar-sur Aube (étapes qui valent surtout pour leurs centres-villes préservés où l’on peut flâner, et qui constituent de bonnes « bases arrières » d’où rayonner dans la région) l’un des sites emblématiques du département… et du gaullisme attend les visiteurs épris d’histoire : Colombey-les-Deux-Églises. Un nom qui parlera davantage aux anciennes générations qu’aux nouvelles, lesquelles gagneront néanmoins à visiter le mémorial ultramoderne (parfaitement accessible) inauguré récemment au pied de la fameuse croix de Lorraine. C’est en effet un pan important de l’histoire de France que l’on y découvre en suivant les pas du général de Gaulle, du début du XXe siècle aux années 1960, dans une muséographie originale qui laisse s’exprimer l’émotion sans imposer la moindre idéologie. Audioguides descriptifs disponibles pour les visiteurs mal et non-voyants, parking réservé, petite restauration possible sur place. Une desserte Proxibus est, en outre, accessible sur réservation depuis la gare de Chaumont.

Autre lieu emblématique, à la sortie de Colombey : La Boisserie où vécut et mourut le Général. On visite (pieusement) le rez-de-chaussée de cette grosse bâtisse mangée par la vigne vierge qui se cache au milieu d’un parc et au bout d’une allée pentue gravillonnée que les véhicules des personnes handicapées peuvent emprunter sur demande préalable. La simplicité du décor intérieur étonne; les « pèlerins » apprécient…

Après Colombey, sur la route de Bar-sur-Aube, on peut faire un petit détour par Bayel, village célèbre pour sa cristallerie fondée sous Louis XIV et qui produit encore des pièces réservées aux plus belles tables (tarifs en rapport !). L’office de tourisme, situé en coeur de bourg juste à côté du magasin d’usine (de plain-pied), propose des visites guidées de la cristallerie ainsi qu’un intéressant écomusée dont, hélas, seul le rez-de-chaussée est accessible. Parking aisé, toilettes adaptées.

La splendide abbaye de Clairvaux, toute proche, est malheureusement inaccessible en fauteuil roulant (marches + gravier)…

Les panoramas sur la route du Champagne, au sud-ouest de Bar-sur-Aube, méritent amplement que l’on s’égare en chemin ! Impossible ici de détailler les viticulteurs : beaucoup offrent (sur réservation préalable) des dégustations dans des caveaux plus ou moins aisément accessibles; mentionnons simplement la maison Drappier à Urville, dont les caves (accessibles de plain-pied et par monte-charge) remontent au XIIe siècle, d’où un cachet certain. Parking aisé et toilettes adaptées.

Fauteuil roulant de Renoir dans son atelier d'Essoyes

Ces paysages, le peintre impressionniste Auguste Renoir les a tant aimés que, non content de les avoir fixés sur la toile, il a décidé de s’y installer, à Essoyes, village natal de son épouse. La maison de l’artiste, qui appartient toujours à ses descendants, ne se visite pas mais son atelier, géré par une association, sera bientôt remis en état (et, partiellement, en accessibilité) en complément d’un projet plus ambitieux, en centre-bourg, destiné à mieux valoriser la thématique Renoir. Des panonceaux, installés aux emplacements du chevalet du maître, invitent à (re)découvrir son oeuvre; les originaux, évidemment, sont éparpillés aux quatre coins du monde, dans les musées les plus prestigieux. En repartant, montez jusqu’au plateau de Blu (Noë-les-Mallets) qui domine Essoyes : la vue sur le vignoble est digne du pinceau d’un peintre !

Aussi célèbre pour ses nombreux magasins d’usine que pour sa fameuse andouilletteTroyes se remplit le week-end de chalands en provenance de toute la France. Lesquels oublient trop souvent que le centre ancien de la préfecture de l’Aube abrite de véritables trésors qu’il suffit de lever les yeux pour découvrir : maisons à pans de bois, façades et cours Renaissance, ruelles mystérieuses (telle la pittoresque rue des Chats)… Ne manquez pas de visiter l’église de la Madeleine, qui a conservé un rarissime jubé gothique flamboyant. Juste à côté, un charmant jardin contemporain a été aménagé dans l’ancien cimetière. Non loin de là, l’église Saint-Jean, de plain-pied, abrite des expositions temporaires dont la dernière en date, intitulée « Le beau XVIe » propose, jusqu’à la fin du mois d’octobre 2009, un compendium des plus fines sculptures champenoises de cette époque : splendide.

Le plan de la ville ancienne, qui évoque un bouchon de Champagne, rappelle en quelque sorte la prospérité historique de Troyes, dont témoigne encore la vitalité de son économie. Commerces et restaurants sont nombreux, avec de plaisantes terrasses à la belle saison. Dans le « haut du bouchon », le quartier récemment restauré autour de la cathédrale appelle également à la flânerie. Les stationnements réservés ne manquent pas (derrière la mairie notamment)… mais ils sont payants. La ville natale de l’humoriste Jean-Marie Bigard et d’Émile Coué (inventeur de la fameuse méthode d’auto-suggestion) mérite donc largement que l’on s’y arrête, et que l’on complète la halte « obligatoire » dans les magasins d’usine, rassemblés en périphérie, par une découverte de son hyper-centre. Pour les amateurs d’andouillette, une seule adresse, la meilleure : Maury, champion de France et d’Europe, rue du Général de Gaulle. La boutique, minuscule, se découvre au sommet d’une grosse marche mais ensuite, quelle récompense !

Centre-ville de Troyes

Et Napoléon ? Grand amateur d’andouillette au Champagne comme chacun sait, il a fait ses premières armes à l’école militaire de Brienne-le-Château, au nord-est de Troyes, au sein de ce qui est aujourd’hui devenu le parc naturel régional de la forêt d’Orient. Si le château lui-même (transformé en hôpital psychiatrique) ne se visite que très exceptionnellement, ce qui subsiste de l’école militaire abrite l’office de tourisme et un émouvant musée napoléon consacré à la jeunesse du futur empereur des français et à la bataille de Brienne qui, en 1814, vit la victoire de l’armée française sur les troupes prussiennes. L’accessibilité, très correcte, devrait bientôt être améliorée avec la mise à disposition d’audioguides. Stationnement réservé possible à côté de l’entrée. Si le nom de Napoléon n’est plus accolé à celui de la cité depuis 1881, le fronton de son Hôtel de Ville est toujours orné d’un médaillon représentant l’empereur en César !

La Champagne : l’autre région des Grands Hommes… ?

Jacques Vernes, août 2009.

Sur le web, le site du Comité Régional de Tourisme de Champagne-Ardenne propose une information très complète ainsi que des brochures en téléchargement, dont la liste des sites labellisés Tourisme et handicap. Idem pour le Comité Départemental de Tourisme de Haute-Marne. Celui de l’Aube, bien documenté, est en revanche discret côté accessibilité. L’office de « toutourisme » de Troyes propose néanmoins en téléchargement une brochure recensant « les sites et lieux à caractère touristique pourvus ou équipés spécialement pour les handicapés ».


Nos adresses accessibles :

À Montigny-le-Roi, à quelques kilomètres au nord de Langres, l’Hôtel moderne porte bien son nom avec, pour les clients handicapés moteurs, une grande chambre à salle de bains design très bien adaptée. Le restaurant l’Arcombelle, au rez-de-chaussée, propose une carte gastronomique mettant en vedette les produits du terroir. Stationnement réservé sur le parking de l’établissement.

Gastronomie toujours au Rendez-vous des amis, à Chamarandes, au pied de Chaumont, où l’on vous reçoit chaleureusement dans une salle au décor soigné, moyennant un petit seuil descendant, une largeur des portes limitée à 65 cm et des toilettes adaptées… accessibles avec aide. Menus express à prix tout doux et carte inventive. Stationnement réservé au sommet de la placette attenante.

Plus familiale, la Grange du Relais, à l’entrée de Colombey-les-Deux-Églises, vous accueille dans un décor régionaliste de bon aloi. La chambre adaptée évoque la campagne, le restaurant propose quant à lui une cuisine classique d’excellente tenue. Vaste parking.

Moderne mais sage, la Toque baralbine, à Bar-sur-Aube, propose une cuisine soignée dans un décor Louis XV qui ne l’est pas moins. Toilettes adaptées. Accès par rampe avec stationnement réservé juste devant !

Le récent Hôtel des canotiers, à Essoyes, est accroché à flanc de coteau, avec une vue imprenable sur la vallée. L’accueil est aussi sobre que la décoration des chambres mais l’accessibilité est satisfaisante, exception faite de la place réservée, en dévers, devant l’entrée. Gastronomie inventive servie, en saison, sur une splendide terrasse.

À Magnant, non loin de la bretelle d’accès à l’autoroute A5, on pourra faire étape au Val Moret : luxe discret, calme et gastronomie sont au rendez-vous. L’établissement, de type motel (évolué) propose deux chambres adaptées. La salle de restaurant, très lumineuse, donne sur la campagne.

Enfin, dans le vieux Troyes, La Mignardise est une véritable institution installée dans une maison ancienne de la célèbre rue des Chats. Ambiance feutrée et carte raffinée; prix en rapport… Toilettes adaptées, stationnement réservé conseillé derrière la mairie.

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