À une dizaine d’heures d’avion de l’Europe, l’Afrique du Sud, baignée par l’Atlantique et l’Océan Indien, est un puissant état de l’hémisphère austral dont l’histoire douloureuse imprègne toujours le quotidien. Bien qu’étendu sur plus de deux fois la superficie de la France, le pays compte moins d’habitants (environ 50 millions), dont près de 80% de Noirs. Les Blancs, qui représentent moins de 10%, dominent toujours d’un point de vue économique, en dépit de la fin de l’Apartheid de sinistre mémoire (aboli en 1991) et de mesures gouvernementales de discrimination positive en faveur des « Africains » (les Blancs se définissent comme « Afrikaners »). Dans les faits, la « nation arc-en-ciel » chère à l’archevêque anglican Desmond Tutu reste encore à construire, une évidence qui saute aux yeux dès la sortie de l’aéroport : aux Blancs les quartiers proprets surprotégés, les centres commerciaux et de loisirs flambants neufs, les beaux hôtels et restaurants, les véhicules climatisés; aux Noirs les townships (bidonvilles en cours de réhabilitation), les taxis collectifs bondés et la marche sur le bord des routes…

La liberté de circulation est effective depuis la fin de l’Apartheid mais la barrière économique demeure, renforcée par la crise et l’immense retard à rattraper en matière d’éducation et d’accès égal aux opportunités d’emploi. D’où de frappantes disparités sociales. Cela, le visiteur étranger ne le voit pas forcément mais il peut le comprendre à considérer la faible interaction entre communautés (chacun chez soi) et la prééminence d’un tourisme blanc, même en ce qui concerne la clientèle de proximité. Côté sécurité, tout est fait (et de manière très efficace) pour se protéger : hauts murs, barrières électrifiées, gardiens… La règle absolue est d’éviter de sortir seul le soir en ville en dehors de ces aires protégées ou d’un véhicule bien fermé : pas de promenade romantique au clair de lune! Mais même s’il faut, ici plus qu’ailleurs, faire preuve d’un minimum de vigilance, le pays n’est pas pour un autant un bunker sur lequel planerait la lourde atmosphère de l’insécurité : sauf à vous jeter délibérément dans la gueule du lion, vous ne ramènerez, selon la saison, qu’un bon coup… de soleil.

D’un point de vue sanitaire, l’Afrique du Sud n’a rien à envier à ses homologues occidentaux : eau potable, nourriture saine et paludisme quasi-inexistant. Côté climat, hémisphère austral oblige, c’est l’été en hiver (et vice-versa) avec une amplitude de température qui va du méditerranéen au tropical. Cerise sur le gâteau, le coût de la vie est deux à trois fois inférieur à celui de la France.

Centre-ville de Durban.

Hormis l’aspect historique, et la figure tutélaire de Nelson Mandela (véritable dieu vivant ici, on comprend aisément pourquoi !), l’Afrique du Sud évoque souvent de vastes espaces naturels où s’ébattent en toute liberté ces animaux que l’on trouve enfermés dans nos zoos européens : lions, guépards (appelés ici cheetahs), zèbres, girafes, éléphants, hippopotames, buffles… La réalité est presque conforme au rêve : presque, parce que ces nobles représentants de la vie sauvage sont désormais parqués dans d’immenses réserves dont la plus célèbre, le parc Kruger, est aussi vaste que le Benelux… On peut s’y rendre pour la journée mais il est d’usage, la plupart du temps, de passer une ou plusieurs nuits sur place, pour pouvoir mieux jouir (en voiture) de la beauté des paysages et augmenter ses chances de faire d’heureuses rencontres : les bêtes ne se laissent pas toujours approcher facilement (généralement autour des points d’eau) et il faut se lever de bon matin… Souvenir inoubliables garantis : n’oubliez pas vos jumelles et votre appareil photo ! Côté hébergements, les parcs abritent différents types de lodges, nom local d’établissements souvent luxueux au plus près de la nature, dont la plupart compte au moins une chambre adaptée.

Ici comme ailleurs, cette notion d’adaptation peut varier selon les lieux (aucun label national ne régit le secteur) mais les mauvaises surprises sont rares, ne serait-ce que parce que la place ne manque pas et que les chambres sont spacieuses et de plain-pied. Bon à savoir : s’il est possible de prendre ses repas au restaurant, quelques établissements permettent à leurs clients de préparer eux-mêmes leur pitance (self-catering) dans une cuisine attenante à la chambre. Il n’existe pas, à proprement parler, de gastronomie sud-africaine (très influencée par le mode de vie anglo-saxon) mais vous aurez sans doute l’occasion de découvrir la viande d’antilope ou de crocodile, le tout arrosé de l’un des vins qui font la réputation du pays.

Ouvert sur l’Océan Indien, le KwaZulu-Natal est l’une des régions qui a le mieux développé son offre de loisirs accessibles. Outre le safari dans des réserves à taille « humaine », on peut aisément y pratiquer un tourisme individuel libéré des contraintes du voyage organisé, d’autant que la location de voiture est très répandue en Afrique du Sud (attention : conduite à gauche !) à des prix tout à fait raisonnables. La capitale administrative du KwaZulu-Natal est l’élégante Pietermaritzburg mais la vraie métropole demeure Durban. Découvert le jour de Noël 1497 par le navigateur portugais Vasco de Gama qui lui donna le nom de Rio de Natal, ce port naturel rebaptisé Durban au XIXe siècle en l’honneur du gouverneur de la colonie du Cap a connu une forte expansion économique, devenant le port le plus important du sous-continent, seconde plus grande ville du pays après Johannesburg. C’est également une station balnéaire très prisée dont le développement se poursuit, avec des équipements ultramodernes parfaitement accessibles.

Le centre-ville a conservé quelques traces du passé (notamment la statue de la reine Victoria, que l’on retrouve dans pratiquement tous les centres-villes du pays) et abrite quelques musées, dont un, accessible de plain-pied, consacré à l’histoire tragique de la région du temps de la ségrégation. Maîtrise de l’anglais indispensable. Mais c’est sur le Waterfront (front de mer) que se concentre l’activité touristique. Outre le célèbre Golden Mile, promenade longeant l’océan qui évoque la Floride (criminalité nocturne comprise…), les aménagements s’étirent jusqu’au port de commerce, où un quartier « alternatif » de restaurants branchés et d’ateliers d’artistes a vu le jour. Les familles pourront passer la journée à uShaka Marine World, vaste centre d’attractions construit en bord de plage, avec aquarium à requins (les grands blancs : une spécialité locale!), bateau fantôme, aire de loisirs nautiques et zone commerciale. Bonne accessibilité, prêt de fauteuils et tiralos sur la plage. La côte du KwaZulu-Natal tendant à devenir la Riviera de l’Afrique, les amateurs de plages de sable blanc, décor de rêve et cocotiers trouveront un bonheur très chic à quelques encablures de Durban, à Umhlanga Rocks, station balnéaire récente, ultra-sécurisée et parfaitement accessible, d’où ils pourront rayonner sur le reste de la région.

Promenade de bord d'océan indien à Umhlanga Rocks

La découverte de l’arrière-pays n’en sera que plus frappante : outre les possibilités de safaris en pleine nature mentionnées plus haut, telle la réserve d’Hluhluwe-Umfolozi, on peut également se livrer à ce que les Sud-Africains appellent un peu maladroitement « safari culturel », à savoir la rencontre avec la culture zouloue. Ce peuple, autrefois très puissant et qui a longtemps tenu tête aux colonisateurs, perpétue aujourd’hui sa langue et ses traditions, à la fois dans le contexte privé (mais il faut y être convié) et dans le cadre de villages reconstitués qui tiennent à la fois de l’écomusée et, il faut bien le dire, du zoo humain (on parle pudiquement de « musée vivant »). Différents métiers et activités sont présentés au public, ainsi que les célébrissimes danses, toujours très spectaculaires. Le sol est parfois meuble mais l’accès est généralement de plain-pied. Une halte à l’incontournable boutique d’artisanat (curio shop) s’impose néanmoins, ne serait-ce que pour les délicats ouvrages à base de perles ou les très belles vanneries à motifs géométriques, vendus ici infiniment moins cher qu’en Europe. Et si l’océan indien vous attire davantage, la station balnéaire de St Lucia est également bordée par une réserve abritant oiseaux, crocodiles et hippopotames. Pour voir ces derniers, il n’est d’ailleurs nul besoin de naviguer : certains viennent la nuit en ville brouter les pelouses !

Troisième ville d’Afrique du Sud, Le Cap est probablement l’une des métropoles du monde la plus facile à situer sur une carte. Le cap de Bonne-Espérance, d’où elle tire son nom et où se mêlent les eaux des océans Atlantique et Indien, se déploie au bout d’une longue péninsule située plus au sud. La cité elle-même donne sur l’Atlantique, site splendide bordé de montagnes dont la plus emblématique, Table Mountain, domine la région. L’endroit, aussi plat que son nom le suggère, est accessible par téléphérique. La vue depuis le sommet (1080m) est à couper le souffle ! Il est également possible, après une petite promenade sur des sentiers de plain-pied, parmi la flore sauvage et les damans (variété locale de marmotte fort peu farouche), de se restaurer sur place. Un coucher de soleil là-haut…

Autres points de vue fabuleux depuis Chapman’s Peak Drive, route panoramique (à péage) qui longe le versant ouest de la péninsule du Cap à l’à-pic de l’Atlantique. Les aires à pique-nique qui y ont été implantées comptent parmi les plus extraordinaires de la planète ! À visiter plutôt en semaine. La latitude et les eaux froides (une dizaine de degrés tout au plus, quelle que soit la saison) favorisent d’innombrables créatures marines, dont le grand requin blanc, la baleine, le phoque et le pingouin. Ces deux dernières espèces, constituées en colonies, peuvent être observées, en bateau (avec aide) depuis Hout Bay pour la première, ou depuis un ponton aménagé près de Simon’s Town pour la seconde. L’indifférence de ces paisibles bestioles face à l’attention dont elles sont l’objet laisse songeur… Quant au Cap de Bonne-Espérance en tant que tel, accessible également après une route à péage, il impressionne surtout par ce qu’il symbolise, tant d’un point de vue géographique qu’historique. Photo souvenir obligatoire et foule garantie le week-end !

Beaucoup plus saisissante, la seconde extrémité du cap, Cape Point, ressemble davantage à l’idée que l’on se fait du bout de l’Afrique (même si le point le plus méridional est le cap des Aiguilles, situé plus à l’est). On y accède par funiculaire et, si les fauteuils roulants ne vont pas bien loin au-delà de la gare d’arrivée, la vue est absolument fantastique. Restauration possible sur place, avec terrasse panoramique.

Colonie de pingouins à Simon's Town.

Retour à Cape Town : plus métissé que d’autres villes sud-africaines, le centre-ville présente également une grande diversité d’architectures, de rues et de places dans lesquelles il fait bon flâner (en journée uniquement, faut-il le préciser). Le Waterfront, quant à lui, a été récemment aménagé en zone piétonne tout en préservant l’ancien port : l’ambiance est détendue (y compris pour les phoques et otaries qui s’ébattent dans ses eaux !) et l’accessibilité correcte. Nombreux restaurants et commerces ainsi qu’un spectaculaire aquarium « des deux océans » qui porte bien son nom… On peut, depuis le port, embarquer (avec aide) pour la tristement célèbre prison de Robben Island où Nelson Mandela et d’autres prisonniers politiques furent détenus durant de longues années. Le trajet dure environ 45mn et la visite 2h. Inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, les lieux abritent également une réserve maritime dont on visite quelques sites (en bus accessible) avant de pénétrer dans la prison. Là, et c’est ce qui rend la visite poignante, d’anciens prisonniers guident les visiteurs dans les différents bâtiments (de plain-pied) jusqu’à la minuscule cellule de Nelson Mandela. Atmosphère recueillie et public international. Pique-nique possible sur place.

Le Cap offre, par ailleurs, la possibilité d’explorer un arrière-pays plein de ressources : tourisme balnéaire chic à Camps Bay, plus populaire à Milnerton (mais panorama saisissant sur la baie), incursion dans le passé colonial à Stellenbosch (ville la plus ancienne d’Afrique du Sud) ou, tout près de là, découverte des vignobles qui ont fait, à juste titre, la réputation du pays. À l’instar d’autres contrées viticoles, les domaines sont nombreux, du plus petit au plus grand, du plus confidentiel au plus célèbre. Citons par exemple la maison Spier, qui propose à ses visiteurs, non seulement de la dégustation dans ses caveaux mais également des animations autour des traditions sud-africaines, un hôtel, des restaurants ainsi qu’un inattendu parc animalier où il est possible d’entrer dans des volières à rapaces et même caresser des guépards (à vos risques et périls) !

Enfin, le Jardin botanique national de Kirstenbosch, au pied de Table Mountain, rassemble depuis bientôt un siècle la plupart des espèces végétales du sous-continent. Il est si étendu qu’on le visite en voiturette électrique (transfert nécessaire). Un sentier pour aveugles y a récemment été aménagé, où l’on peut s’enivrer de sensations et découvrir, du bout des doigts, la fameuse protea, symbole d’un pays qui n’en finit pas de changer… en bien.

Jacques Vernes, mars 2010.


Sur le web, le site officiel South Africa Tourism propose, dans sa partie francophone, toutes les informations utiles pour préparer un voyage mais sans mention d’accessibilité (qui figure néanmoins dans la partie anglophone, en entrant le terme « disabled » dans le moteur de recherche). Les différentes provinces sud-africaines disposent par ailleurs de leurs propres sites de promotion touristique, dont le KwaZulu-Natal et la province du Cap : les moteurs de recherche renvoient également des réponses sur le terme « disabled ».


Quelques adresses accessibles:

Dans la réserve de Hluhluwe (KwaZulu-Natal), l’Hilltop Camp est, comme son nom l’indique, situé au sommet d’une colline. Pas moins de quinze de ses bungalows sont adaptés ! Self-catering possible. Accueil et décoration soignés, vue panoramique depuis le bar et sa terrasse sur les monts et la savane…

Sur les hauteurs de Durban, le Makaranga Garden Lodge ouvre sur d’extraordinaires jardins tropicaux agrémentés de sculptures. La moitié des chambres est adaptée, de même que la piscine. Luxe, calme et gastronomie dans un environnement idyllique. Tarifs en rapport…

En pleine péninsule du Cap, loin de l’agitation urbaine, l’hôtel De Noordhoek est un établissement récent construit dans l’esprit des vieilles demeures hollandaises. Quatre de ses vingt chambres sont adaptées. L’endroit comprend également une sorte de village avec restaurants et boutiques. Excellent accueil.

Quelques tour-opérateurs spécialisés:

Au Cap, mention spéciale à Endeavour Safaris, qui s’est spécialisé depuis plusieurs années dans la clientèle handicapée et propose des prestations de très grande qualité. Endeavour intervient également, avec ses propres véhicules adaptés, au Botswana, en Namibie, au Mozambique et en Zambie.

À Durban, Acces2Africa Safaris, créé par des professionnels handicapés, organise des excursions tous handicaps (et tous budgets) dans le KwaZulu-Natal. Accueil sur-mesure.

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