La Côte d’Azur est probablement la partie la plus célèbre du littoral français. Destination touristique prisée depuis plus d’un siècle, l’inconscient collectif l’associe à des images de mer, de ciel bleu, de luxe… et de béton. S’il est exact que le littoral est aussi densément peuplé que fortement urbanisé, la quiétude de l’arrière-pays n’est pas une légende, au point qu’il suffit souvent de s’éloigner de quelques kilomètres des plages pour découvrir des environnements préservés. C’est l’un des paradoxes d’une région où la douceur du climat attire depuis longtemps une population souvent âgée, urbaine et consommatrice de biens culturels. À cette catégorie particulière de résidents s’ajoutent évidemment les « autochtones » (Azuréens de souche, toutes générations confondues) et les touristes. En conséquence de quoi, plus encore qu’ailleurs, les meilleures opportunités de visite (y compris d’un point de vue pécuniaire) se situent en dehors des périodes d’affluence.
À la fois porte d’entrée aéroportuaire et capitale de la Côte d’Azur, on ne présente plus Nice, sa baie des Anges, sa promenade des Anglais, ses beaux immeubles, son centre ancien pittoresque et son atmosphère hédoniste. Côté accessibilité, la voirie demeure disparate et les aménagements aléatoires mais la majeure partie de la ville, assez plate, ne pose aucune difficulté. Les stationnements réservés sont bien signalés et respectés, même en bord de mer, et les nombreux espaces piétonniers sont idéalement « roulables ». Cerise sur le gâteau, le très beau et très artistique tramway et plusieurs lignes de bus sont accessibles, ce qui s’avère bien utile pour circuler sans stress dans toute l’agglomération.
L’offre culturelle niçoise a peu à envier à celle de grandes métropoles : concerts, théâtre, opéra, expositions, musées, festivals, il y en a pour tous les goûts, tout au long de l’année. Échéance 2015 aidant, l’accessibilité des différents lieux s’améliore, le principal point noir demeurant, selon les endroits (notamment les quartiers résidentiels), une difficulté de stationner récurrente qui oblige à prendre les transports en commun. Ainsi en va-t-il, par exemple, de l’émouvant Musée Chagall, sur le boulevard de Cimiez, où il est très fortement recommandé de se rendre en bus (ligne 22) ou de prévoir de se faire déposer. Inaugurés en 1973, du vivant de l’artiste, les bâtiments à l’architecture dépouillée (l’accessibilité extérieure a récemment été rénovée) mettent idéalement en valeur des oeuvres d’inspiration biblique. Rien de dogmatique ou de sévère mais, au contraire, l’expression d’un amour et d’une poésie infinis. Ne manquez pas, dans l’auditorium, les splendides vitraux et le clavecin décoré. Des expositions temporaires permettent en outre de confronter le Maître à des artistes contemporains. Visioguide LSF sur demande, restauration possible sur place.
Plus haut sur la colline, le Musée archéologique de Cemenelum (nom antique de Cimiez) est installé dans des bâtiments récents, accessibles de plain-pied, à côté de très romantiques ruines romaines. L’approche en est toutefois malaisée pour les personnes en fauteuil roulant, qui doivent se présenter aux grilles donnant sur l’avenue où, via un interphone, il leur est possible d’accéder (voire stationner, sur demande préalable) sans encombre. Des travaux de mise en accessibilité globale devraient bientôt remédier à cet inconvénient d’autant plus regrettable que le site mérite vraiment le déplacement. Les visiteurs déficients visuels disposent en outre de supports spécifiques. Quant aux ruines, elles se laissent plus facilement découvrir depuis le jardin public situé un peu plus haut sur le boulevard, et qui englobe les célèbres arènes de Cimiez, cadre du non moins célèbre Nice Jazz festival qui y vivra sa dernière édition en 2010, avant son transfert à quelques pas de la Promenade des Anglais.
Autre star de l’endroit, le Musée Matisse, attenant, déploie ses trésors dans une splendide villa génoise du XVIIe siècle : peintures, dessins, gravures, sculptures, mis parfois en scène dans le décor de leur réalisation (accessoires, outils…). L’accessibilité y est correcte en entrant par l’arrière du bâtiment. Comme pour le musée Chagall, des expositions temporaires permettent de découvrir d’autres approches picturales contemporaines. S’il vous reste un peu de temps, montez jusqu’au sommet de la colline, où un petit monastère franciscain et son élégant jardin dominent un panorama sur une région qui a beaucoup changé au fil des siècles… Les stationnements réservés disponibles à proximité peuvent s’avérer une solution utile pour visiter les différents points d’intérêt de Cimiez, mais attention à la pente ! Le problème se pose d’ailleurs plus généralement dans les jolis villages perchés de l’arrière pays, où des stationnements réservés sont certes disponibles (parfois, comme à Mougins, au-delà des barrières restreignant la circulation automobile) mais d’où il est ensuite difficile d’affronter les rues pentues.
Matisse, on le retrouve à Vence, à la chapelle du Rosaire, consacrée en 1951 dans un monastère dominicain encore en activité. Un espace magique et hors du temps dont l’accès, pour les visiteurs en fauteuil roulant, se fait depuis la maison d’accueil (prévenir). La visite guidée est facultative mais elle s’avère particulièrement utile pour mieux ressentir le propos de l’artiste : à noter, par exemple, la position de l’autel, obligeant le prêtre à célébrer le culte face aux soeurs et aux fidèles, 14 ans avant la réforme liturgique résultant du concile Vatican II. L’art est, par ailleurs, omniprésent dans le village lui-même, qui a vu passer de nombreux artistes et non des moindres : ainsi, le baptistère de la cathédrale abrite une belle mosaïque de Chagall représentant Moïse sauvé des eaux. Une promenade dans les vieilles rues de ce bourg fortifié permet également découvrir de nombreuses galeries d’art et, comme ailleurs sur la Côte d’Azur, des lutrins présentant des oeuvres in situ.
Cette « Côte d’Azur des peintres« , on la découvre aussi à Cagnes avec Auguste Renoir, qui y possédait une maison sur les hauteurs, où il a travaillé jusqu’à sa mort en 1919, et que l’on peut aujourd’hui visiter. Paradoxe d’une maison occupée par un artiste qui ne pouvait plus marcher et était porté dans l’escalier sur une chaise à brancards, seul le rez-de-chaussée est accessible en fauteuil roulant (dépose possible devant la porte : prévenir) ! On en pénètre pas moins dans l’intimité, somme toute assez simple, du grand peintre. La maison est nichée dans un parc (pentu) aux oliviers pluriséculaires à l’ombre desquels il fait bon flâner. Quant au village de Cagnes en lui-même, si sa partie haute, quoique très pittoresque (on y joue l’été aux boules carrées !) demeure difficile aux personnes à mobilité réduite du fait d’un très fort taux de pente, sa partie basse (Cros de Cagnes), qui a su conserver son authenticité de port de pêche, vaut qu’on s’y arrête, particulièrement les jours de marché : la poutine, spécialité locale, ne se déguste qu’à la fin de l’hiver mais le poisson règne ici en maître toute l’année !
Les narines sensibles pourront se réfugier à Grasse, dans l’arrière-pays, où le très design musée international de la parfumerie explique, entre autres, pourquoi la ville est devenue la capitale mondiale du parfum. De fait, la plupart des grands noms y sont installés, dont le musée rend admirablement compte des créations. Les sens en éveil, c’est à un véritable voyage olfactif, dans le temps et dans l’espace, que l’on est convié. Curiosité unique en France, les murs de l’hôtel de Pontevès où sont conservées les collections portent toujours la trace des inscriptions révolutionnaires remontant à l’époque où l’endroit servait de tribunal : « Ici, proclame l’une d’entre elles, on s’honore du titre de citoyen »… Attention, l’accès au musée se fait par le haut, dans une rue sans stationnement possible (mais places réservées à proximité).
Le design et l’art contemporain, on les découvre aussi à Mouans-Sartoux, en redescendant vers le littoral. Implanté au pied du château, l’Espace de l’Art Concret offre l’occasion de rencontres privilégiées avec le travail de créateurs de notre temps, à travers les collections permanentes issues de la donation Albers-Honegger et des expositions temporaires. Accès et parking aisés. Si le château mitoyen est malheureusement inaccessible, sa forme triangulaire atypique vaut qu’on y prête attention.
Dans un genre plus classique, le musée Fernand Léger de Biot (accessible depuis le parking : interphone) constitue une alternative intéressante aux ateliers de verriers qui ont fait à juste titre la réputation de l’endroit.
Enfin, en bord de mer, il ne faut pas passer du côté d’Antibes sans s’y arrêter : outre un centre ancien préservé et remarquablement mis en valeur où se perdre est un plaisir, le célébrissime Musée Picasso contient des trésors de la main du maître et de ses contemporains. Accès par élévateur, stationnement réservé sur les remparts.
Antibes, c’est aussi le non moins fameux quai des milliardaires (rêver c’est gratuit !) et, sur le cap, dominant les villas et les hôtels de (grand) luxe, la modeste chapelle de la Garoupe, dont les émouvants ex-voto rappellent que la Côte d’Azur, avant d’être celle des peintres, des touristes ou des milliardaires, a été (et demeure) celle des gens simples…
Jacques Vernes, mai 2010.
Sur le web, le site officiel Côte d’Azur Tourisme propose une interface simple mais très complète pour préparer un séjour, ainsi qu’un guide pratique Accessibilité pour tous qui présente les sites culturels, activités de loisirs (dont les plages adaptées), les transports, hébergements, guides d’accessibilité des villes, etc. Le site Nice Tourisme est, quant à lui, un véritable portail d’information dont la partie « Handicapés » permet également de télécharger le guide Nice Accessible. Consultez également cette rubrique dédiée sur le site de la mairie.