Les Hautes-Pyrénées, dont nous présentions en 2006 quelques activités hivernales accessibles, ne sont pas aussi exclusivement montagneuses que leur nom pourrait le laisser supposer. Ainsi, contrairement aux Alpes, n’y trouve-t-on aucune ville de haute-montagne (à l’exception des stations de ski), l’habitat humain se concentrant en plaine ou en fond de vallée. L’orientation, aussi, est différente (nord-sud), de même que le réseau routier, qui ne débouche pratiquement jamais de l’autre côté des montagnes, obligeant à revenir sur ses pas pour changer de vallée. Cet apparent inconvénient (qui l’est pour le développement industriel) s’avère néanmoins bénéfique au tourisme : aucune pollution redevable au trafic routier, et peu de camions; nombreux autocars, en revanche, et ralentissements garantis en période de pointe.

Le plus grand site du département, en plaine, l’est également à l’échelle planétaire, du moins pour les catholiques croyants : Lourdes (dont l’aire métropolitaine se confond avec celle de Tarbes, la préfecture) concentre en effet, tout à la fois le plus grand nombre de touristes/pèlerins et la seconde capacité de France en termes de chambres d’hôtels après Paris. On y arrive aisément par train ou par avion mais la circulation automobile et le stationnement peuvent s’avérer extrêmement difficiles, sinon impossibles (même avec la carte européenne de stationnement) durant la période des pèlerinages, soit en gros de Pâques à Toussaint.

On a tout dit ou presque sur Lourdes, du pire au meilleur. La vérité, comme souvent, se situe probablement entre les deux : la joie intense et la ferveur sincère qui se lisent sur le visage des pèlerins inclinent néanmoins à mettre de côté ses préjugés, quand bien même les marchands du temple existent vraiment (« eux au moins », ajouteront les sceptiques) et le kitch saint-sulpicien domine, de même qu’un certain sentiment d’infantilisation. Difficile toutefois de juger de l’extérieur : il faut avoir « vécu Lourdes » pour comprendre ! À l’entrée des sanctuaires, les pèlerins handicapés peuvent en tout cas visiter l’espace animé par les bénévoles de l’O.C.H (certains formés à la Langue des Signes Française) qui dispose en outre d’une maquette tactile du site. La célèbre grotte (qui tient davantage de l’abri sous roche) est accessible, de même que la basilique du Rosaire, pour laquelle des plaques tactiles ont été réalisées, qui permettent aux aveugles de mieux appréhender le spectaculaire décor de mosaïques. La basilique supérieure, en revanche, n’est pas accessible en fauteuil roulant.

Mais Lourdes ne se résume pas à ses sanctuaires. S’il est évidemment possible d’y suivre les pas de Bernadette Soubirous (un itinéraire balisé existe d’ailleurs), on peut également découvrir le château fort, rare témoignage existant de la cité ancienne. L’accès se fait par ascenseur (place de stationnement réservé à côté de l’entrée) mais la visite, en fauteuil roulant, se réduit à l’esplanade (joli panorama) et au jardin botanique, où de très minutieuses maquettes reconstituent l’habitat pyrénéen. Le musée, quant à lui, est inaccessible.

En sortie de ville, dominant la région, le pic du Jer est en revanche accessible par élévateur puis funiculaire. Le point de vue y est remarquable… quand la météo le permet. Restauration possible sur place, vaste parking au départ du funiculaire.

Maquette de l'abbaye Saint-Martin du Canigou au château de Lourdes

La route qui s’enfonce dans la montagne au sortir de Lourdes permet d’atteindre les autres grands sites du département. Ne manquez pas, en chemin, la belle abbatiale préromane de Saint-Savin-en-Lavedan, accessible par le côté, et sa jolie place à couverts.

Plus au sud, après la bifurcation de Pierrefitte-Nestalas, la D920 atteint son terme à Cauterets, station réputée pour ses berlingots, mais également ses activités hivernales et thermales, ainsi que pour le site du Pont d’Espagne qui la surplombe.

Celui-ci se découvre à pied (très vaste parking payant) ou, pour les randonneurs fatigués ou handicapés, via un téléphérique puis un télésiège (débrayables, personnel formé). Été comme hiver, le paysage, dominé par les sommets et ponctué de lacs et de ruisseaux, est d’une beauté à couper le souffle; d’où son succès les week-ends ou lors des vacances scolaires, mais le domaine est si vaste que l’on n’y ressent aucune pression. Restauration possible sur place en plusieurs points, toilettes accessibles au départ du téléphérique. Il est conseillé, malgré la pente, de redescendre par ses propres moyens (pieds ou roues) car c’est l’unique moyen de découvrir sans effort les bouillonnantes cascades qui ont fait la réputation de l’endroit. D’autres, tout aussi photogéniques, se découvrent également depuis la D920, où des petits parkings ont été aménagés.

La D921 (via Pierrefitte-Nestalas) traverse quant à elle la station hivernale et thermale de Luz-Saint-Sauveur, au confluent des gaves du Bastan et de Gavarnie, avant de bifurquer à son tour. Le nom de Gavarnie évoque bien sûr celui de la titanesque formation calcaire qui se déploie à proximité du hameau très touristique qui la borde. Partie du Parc national des Pyrénées, le cirque de Gavarnie a été classé au patrimoine mondial de l’humanité (dans l’ensemble franco-espagnol Pyrénées-Mont Perdu) en 1997. L’affluence y est très importante lors des vacances scolaires (et le stationnement très difficile du fait de restrictions de circulation) mais les titulaires de la carte européenne de stationnement peuvent franchir la barrière. Un sentier permet ensuite d’approcher du cirque, qui demeure néanmoins inaccessible aux fauteuils roulants du fait de pentes caillouteuses rédhibitoires. Un meilleur accès est actuellement à l’étude. Sachez par ailleurs que le festival organisé tous les étés sur le site se rend pour l’occasion accessible aux personnes handicapées grâce à un minibus adapté, exceptionnellement autorisé à emprunter le raidillon.

Massif de Gavarnie vue depuis la route du port de Boucharo

En poursuivant la route au-delà de la station de Gavarnie-Gèdre, on peut accéder en voiture jusqu’au col des Tentes puis, à pied ou à roulettes, sur l’ancienne route goudronnée qui conduit au port (« porte » en bigourdan) de Boucharo et au versant espagnol où la voie s’interrompt. Les blocs de schiste qui encombrent la voie rendent le passage difficile mais le panorama sur la vallée vaut le détour !

Moins connu, donc moins couru que Gavarnie mais tout aussi époustouflant, le cirque de Troumouse est approchable par la D922 au départ de Gèdre, où un centre d’interprétation pleinement accessible (Millaris) offre la possibilité de se familiariser avec l’environnement et son histoire. Un tronçon de route à péage (exemption sur présentation de la carte européenne de stationnement) permet de stationner au centre de la formation rocheuse, d’où quelques sentiers plus ou moins carrossables offrent la possibilité de se rapprocher des parois vertigineuses. Les clôtures électriques (les lieux servent de pâture) s’ouvrent au moyen de poignées ad hoc. Après quoi, on peut jouir paisiblement du paysage, voire pique-niquer.

Autre site emblématique, le Pic du midi de Bigorre (2870m) est atteignable en téléphérique depuis la station très bétonnée de la Mongie et le non moins emblématique col du Tourmalet, incontournable du Tour de France. Un paysage aride parsemé de remontées mécaniques, où se côtoient cyclistes, vaches et moutons, que l’on quitte non sans plaisir pour rejoindre les cimes et les étoiles ! Le site de l’observatoire, qui comprend un musée, un restaurant et une petite boutique, est globalement accessible mais il vaut bien davantage pour le panorama extraordinairement dégagé que l’on peut y découvrir que pour le confort des lieux, encore très sommaire. Des « soirées étoilées » sont organisées de mars à septembre, au cours desquelles des amateurs font partager leur passion (la partie professionnelle demeure fermée au public) mais si quelques visiteurs valides peuvent dormir sur place, rien n’est encore prévu pour recevoir les personnes handicapées motrices. Quoi qu’il en soit, on en redescend avec des étoiles… dans les yeux !

Jacques Vernes, novembre 2010.


Sur le web, l’organe officiel du tourisme dans les Hautes-Pyrénées, Hautes-Pyrénées Tourisme Environnement, dispose d’un site internet particulièrement complet, véritable portail du tourisme dans le département, régulièrement mis à jour, où les visiteurs handicapés ne sont pas oubliés. Les Grands sites offrent par ailleurs une interface spécifique (tous départements) spectaculaire, mais hélas peu ergonomique et sans mention d’accessibilité. Le site internet de l’office de tourisme de Lourdes, très exhaustif, a développé quant à lui une interface de recherche d’hébergements et restaurants incluant le critère handicap. Voyez également cette page sur le site de la station de Cauterets. Sachez enfin qu’un agriculteur inventif de Trouley-Labarthe, au nord de Lourdes, a conçu et réalisé un rêve d’enfant qu’il met à la disposition de tous, valides et handicapés : une merveilleuse cabane perchée dans les arbres, aisément accessible par passerelles, où la nature chante et enchante !

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