Lové autour de la rive nord du lac Léman, entre Alpes et Jura, le canton de Vaud (capitale : Lausanne) appartient à la Suisse romande : on y parle donc le français et, si l’on n’y paye toujours pas en euros (bien que la Suisse appartienne à l’Espace Schengen), cette communauté de langue en fait un voisin avec qui l’on peut discuter, voire plaisanter, car les habitants ne sont pas bégueules… Cerise sur le gâteau, villages et stations de ski restent à taille humaine, au point qu’il est courant que l’on y salue le visiteur, un usage qui tend à disparaître de l’autre côté de la frontière.
Pas d’affolement en ce qui concerne le coût de la vie : les tarifs sont similaires à ceux pratiqués en France, avec des offres promotionnelles plutôt attrayantes en dehors des périodes de congés scolaires. Côté déplacements, la Suisse compte parmi les réseaux de transports en commun les plus denses au monde : tous ne sont pas encore accessibles mais l’aide fait rarement défaut.
En matière automobile, les places de stationnement réservé sont bien respectées. Si vous venez avec votre propre véhicule, pensez à vous procurer la vignette automobile indispensable pour emprunter les autoroutes, disponible en France dans les offices de tourisme de Besançon, Beaune, Montbéliard et Pontarlier (coût : environ 30€), ou dans les bureaux de douane, postes, garages et stations-service suisses (40 CHF).
Le canton de Vaud culmine aux Diablerets (3.210m). La station homonyme, située au cœur d’un paysage grandiose, joue à fond la carte familiale, privilégiant un cadre intimiste et une urbanisation maîtrisée : aucune verrue architecturale, ici, mais d’élégants chalets, dont certains remontent au XVIIIe siècle, et un « vrai » village où il fait bon flâner. Le seul hôtel réellement adapté aux personnes handicapées motrices est celui des Sources (l’établissement dispose en outre d’une navette ad hoc) mais la plupart des commerces sont de plain-pied. Côté ski, un long télésiège équipé de bulles pare-vent conduit aux pistes depuis le pied de la station (tarif groupe pour le skieur handicapé et gratuité pour l’accompagnateur). Avec 125 km de pistes tous niveaux sur 3 domaines skiables, il y a largement de quoi s’occuper !
Basée à la station voisine de Villars-Gryon (lire plus bas), l’association Handiconcept, spécialisée dans les loisirs accessibles, ouvre ses activités (et son matériel) aux visiteurs étrangers séjournant aux Diablerets. Débutants ou amateurs confirmés sont accueillis avec la même attention. Contrairement à nos ESF, l’École de Ski Suisse (ESS) commence tout juste à former des moniteurs à la pratique du handiski. L’association Handiconcept a beaucoup fait pour la mise en accessibilité des établissements de la station : sur son site web, elle publie la liste des restaurants accessibles ou dont les toilettes sont adaptées. L’association a également fourni des fauteuils roulants aux restaurants d’altitude, ce qui permet aux handiskieurs de pouvoir accéder aisément, aux Mazots, par exemple, et de déjeuner au chaud face à un paysage splendide. Autre panorama somptueux depuis le sommet du glacier, accessible en téléphérique (la navette n’est pas adaptée).
Côté culturel enfin, le Musée des Ormonts, installé plus bas dans la vallée dans une ancienne poste classée monument historique, présente des expositions temporaires ayant trait à la culture locale. Seul le rez-de-chaussée est accessible (avec aide) mais la visite vaut le détour, ne serait-ce que pour le cadre : charmante église ancienne à galeries du XVe siècle, immense chalet de 1785 richement ouvragé et dont la façade est barrée d’une longue dédicace gravée dans le bois.
À quelques encablures des Diablerets, Villars-Gryon est une station de taille plus importante, dont le chic discret s’explique en partie par la présence de plusieurs écoles privées internationales. Plusieurs établissements hôteliers offrent des chambres adaptées (comprenant parfois des sièges élévateurs électriques pour baignoires) mais leur partie spa-bien-être reste difficile d’accès pour les clients en fauteuil roulant. La montée au vaste domaine skiable se fait par un train à crémaillère des plus pittoresques traversant un paysage qui ne l’est pas moins ! Accès par élévateur manuel dans les gares de Villars et Bretaye, prix inclus dans le forfait de ski.
Handiconcept, qui dispose à la gare d’arrivée d’un local équipé de toilettes adaptées (et chauffées), conduit ici la plupart de ses activités : pensez à emporter avec vous, ou à commander avant de voyager, l’Eurokey indispensable pour en ouvrir la porte. Grâce à l’association, le restaurant d’altitude du col de Bretaye, au cœur des pistes, dispose d’un fauteuil de prêt et de toilettes adaptées. On mange très (trop !) bien, dans les Alpes vaudoises : fondues, bien sûr, mais également papet, charcuteries délicieuses et fromages onctueux en tous genres.
Au nord du massif, le village de Château-d’Oex (on prononce « château d’ai ») a récemment fait l’objet d’un réaménagement de son centre-ville, rendu parfaitement accessible grâce à l’opiniâtreté de l’association Capdenho. La plupart des commerces y sont de plain-pied ou avec rampe rattrapant la pente. Côté ski, 30km de pistes tous niveaux s’ouvrent aux amoureux de glisse, et c’est ici l’ESS qui a en charge la pratique handiski. Les amateurs de sensations fortes pourront faire l’ascension en télécabine (accessible) jusqu’à la Videmanette, dont le domaine est partagé avec celui d’un prestigieux voisin : Gstaad, dans le canton (alémanique) de Berne. Mais on peut se contenter d’y prendre un repas au restaurant d’altitude, accessible par rampe.
Côté culturel, le Pays-d’Enhaut regorge de trésors architecturaux : il suffit de lever le nez pour découvrir parmi les plus beaux chalets que compte la Suisse. Celui du peintre Balthus, à Rossinière, vaut réellement le déplacement, même si l’accessibilité y est limitée. Pour les dates et horaires de visites, renseignez-vous à l’Office de tourisme de Château-d’Oex, qui propose également des brochures sur ces chalets pour chaque village. Autre patrimoine, bien vivant : la tradition du papier découpé, incarnée par plusieurs générations d’artisans dont la virtuosité laisse sans voix. Les motifs folkloriques cèdent parfois la place à une inspiration plus contemporaine, signe d’une grande vivacité de cet art séculaire. Certains artistes réalisent en outre des œuvres sur commande : un cadeau original. Enfin, tous les hivers, le Festival international de ballons déploie ses montgolfières multicolores dans le ciel de la vallée. Des baptêmes de l’air en nacelle accessible sont proposés aux personnes handicapées.
Terminons cette escapade vaudoise en fond de vallée, celle du Rhône en l’occurrence, pour une séance d’après-ski tout en douceur : les Bains de Lavey, situés à l’entrée de la localité éponyme, offrent un immense espace de détente, design et parfaitement accessible (y compris pour la mise à l’eau) où l’on peut « infuser » de jour comme de nuit en contemplant, bien au chaud dans l’eau thermale à 34°, les montages enneigées…
Jacques Vernes, janvier 2011.
Sur le web, le site de l’Office du Tourisme du canton de Vaud constitue un excellent portail d’information pour toutes les destinations, aussi bien hivernales qu’estivales, mais sans mention d’accessibilité. La section avancée du moteur de recherche hôtelier inclut néanmoins ce critère. Idem pour les sites des Diablerets, de Villars-Gryon (où l’association Handiconcept propose néanmoins une liste tenue à jour des établissements et activités accessibles) et de Château-d’Oex.