L’industrie touristique est la première ressource économique des Hautes-Alpes, et l’ensoleillement son principal atout, avec une montagne omniprésente. Mal desservi côté transports, il n’est toutefois pleinement accessible qu’en véhicule individuel, raison probable pour laquelle le tourisme y est essentiellement de proximité, avec une nette prédominance de visiteurs en provenance des Bouches-du-Rhône. Inconvénient : week-ends et vacances scolaires de la zone B sont à éviter sauf à aimer la foule. Avantage : on y jouit de conditions d’accueil exceptionnelles tout le reste du temps !
La frontière sud du département suit grosso modo la Durance jusqu’au très beau lac de Serre-Ponçon et son célèbre barrage hydroélectrique. Aixois et Marseillais connaissent par coeur la route qui, du terminus de l’A51 à Tallard, dessert toute la vallée via Embrun. La station des Orres, toute proche, a fêté ses 40 ans en 2010 et fleure bon ses années 70 mais les « verrues » architecturales typiques de cette période tendent à s’effacer derrière de nouvelles constructions privilégiant la convivialité, notamment à Bois Méan. On apprécierait toutefois que les toilettes publiques dites « adaptées » dans le bâtiment de front de neige, équipé d’un élévateur fauteuil roulant, soient rénovées et mises aux normes… L’accessibilité générale de la station est correcte et l’offre adaptée généreuse, notamment grâce à l’action d’Handisport 05, qui y organise de nombreux événements. L’association dispose de matériel (que l’on peut réserver sur demande préalable) mais les débutants seront bien inspirés de s’adresser à l’antenne locale de l’Ecole du Ski Français (ESF), dont les moniteurs sont disponibles tout au long de la saison. Une monitrice est en outre formée à la Langue des Signes Française, ce qui n’est pas si courant !
L’ESF, on la retrouve plus au nord, à Orcières-Merlette, vaste domaine bien exposé où l’on skie sur de larges pistes, où tous les engins habituels de ski assis sont disponibles, et où les activités annexes ne manquent pas, sauf en matière de ski nordique. On peut, entre autres, y faire des randonnées en traîneau à chiens : le musher-inventeur Philippe Desmurger développe (en toute discrétion et modestie) des prototypes de matériels adaptés qui rendent cette pratique confortable aux personnes handicapées motrices. Il reçoit régulièrement des autistes, et les déficients visuels peuvent également se former au pilotage.
Dans la station, le vaste complexe sportif La Grande Ourse comporte piscine, patinoire, spa et remise en forme, l’ensemble accessible. Si des toilettes publiques adaptées équipent la station, il est dommage que le restaurant d’altitude en soit dépourvu… A noter que le sommet du domaine est desservi par une remontée mixant télésiège et cabines, ce qui permet aux piétons d’y accéder.
À quelques kilomètres de là, plus petite mais plus familiale, la station d’Ancelle s’ouvre également aux handiskieurs grâce notamment à l’ESF. Panoramas splendides et forêts sont au rendez-vous, dans une atmosphère bon-enfant qu’explique peut-être la prédominance de pistes bleues et vertes. Ici comme dans les autres stations, l’enneigement artificiel supplée, autant que de besoin, aux caprices de la météo et l’on skie sans souci jusqu’en avril.
Côté culture et paysages, en-dehors des sentiers battus, on peut se perdre, au coeur du massif des Écrins, en Valgaudemar (que les gens d’ici appellent affectueusement « Valgo »), au bout d’une route départementale (la D985A) qui finit en chemin de randonnée : le rêve pour tout amoureux de nature et d’authenticité ! Un très élégant centre d’interprétation a récemment été inauguré à la Chapelle en Valgaudemar. Labellisé Tourisme et handicap, il permet à tout un chacun de découvrir, en pleine accessibilité (plan tactile à l’entrée, guidage podotactile, audioguidage descriptif en préparation, toilettes…), ce terroir méconnu et ses habitants : « Un très beau pays quand on peut y vivre », exprime l’un des paysans interviewés par la Maison du parc, qui prépare des randonnées en langue des signes et d’autres animations adaptées.
Dans un esprit similaire, le parc naturel régional du Queyras, plus à l’est, offre également de ces routes mystérieuses qui débouchent sur de simples sentiers. De petites stations permettent d’y skier à la demi-journée en toute tranquillité : handiski à Abriès (un moniteur sourd présente en LSF la station et quelques activités sur le site web de l’ESF de la station) ou Molines, luge nordique à Arvieux ou Ristolas (où l’on peut également pratiquer le ski-joëring pour GMS attelé). Petits domaines, petits prix mais vastes panoramas : par temps dégagé, vous verrez l’Italie ! Côté matériel et accompagnement, l’ESF locale sait y faire.
Toujours à Arvieux, faites donc étape à la ferme des Espars : globalement accessible, elle offre la possibilité de découvrir in situ le fonctionnement d’un petit élevage laitier avec vaches, veaux et génisses, et de discuter avec les gens du cru, ce qui n’arrive pas tous les jours !
Quelques adresses. Dans la vallée du Champsaur, le gîte La grange des écrins, à Chabottes, construit en balcon sur la vallée, est un must si couru qu’il faut réserver bien en avance. Vaste chambre adaptée au rez-de-chaussée, jacuzzi et piscine extérieure accessibles aux beaux jours, dîner possible sur place et, surtout, accueil attentionné. À Aiguilles en Queyras, le gîte Qu’en Chan’t le Guil, ultra-moderne et parfaitement accessible, offre vivre et couvert aux familles et aux groupes. Côté Écrins, le gîte de groupe de Chauffarel permet aux parents d’enfants handicapés de se reposer dans un cadre protégé, des moniteurs se chargeant de distraire leur progéniture; interprète LSF sur demande. Enfin, si vous souhaitez ramener quelque chose de votre séjour dans les Hautes-Alpes, soutenez donc l’industrie locale en faisant étape à Château-Ville-Vieille, où la maison de l’artisanat, accessible de plain-pied, propose un éventail très complet de la production locale…
Jacques Vernes, mars 2011.
Sur le web, le site officiel hautes-alpes.net, très documenté, permet de préparer séjour et activités en toute quiétude. Une (petite) page recense les hébergements labellisés Tourisme et handicap. Pour une liste plus complète, suivez ce lien sur le site du Conseil Général. Le comité départemental Handisport propose, par ailleurs, de nombreuses informations utiles aux handiskieurs, notamment des grilles d’évaluation des stations de ski ainsi qu’un guide papier « Handisport Alpes du Sud » (disponible sur demande) particulièrement bien fourni.