Traversé au nord par la Dordogne, et au sud par sa rivière éponyme, le département du Lot présente une grande diversité de paysages, des arides plateaux calcaires (causses) aux vallées verdoyantes. Sa délimitation correspond peu ou prou à l’ancienne province du Quercy, âprement disputée entre Français et Anglais durant le Moyen-Âge, puis théâtre de révoltes pendant les guerres de religion. L’architecture ancienne en témoigne : villes et villages ceints de remparts, maisons fortes… Un « vieux pays » qui a forgé de puissantes personnalités parmi lesquelles le pape Jean XXII au XIVe siècle, le poète Clément Marot au XVIe, le génial Champollion au début du XIXe, le grand Léon Gambetta à la fin de ce même siècle, ou plus près de nous le costaud Fabien Galthié, mais aussi un pays d’épopées où apparaissent les figures majeures de l’Histoire.
Ainsi en va-t-il de Charles Martel, bien connu des écoliers français pour ses victoires contre les Sarrasins au VIIIe siècle. Son passage dans la région a donné lieu à toutes sortes de légendes dont se sont inspirés les habitants d’un bourg fondé au XIe siècle par les puissants vicomtes de Turenne pour donner un nom à leur cité : Martel. « La ville aux sept tours », comme on la surnomme aujourd’hui, présente un centre ancien préservé où il fait bon déambuler, notamment autour des splendides halles à charpente de châtaignier (ambiance garantie les jours de marché), mais ce qui attire plus particulièrement les visiteurs, c’est le chemin de fer touristique du Haut Quercy, alias Le Truffadou qui, d’avril à septembre, attend ses passagers à la gare. Un authentique voyage dans le temps assuré par des bénévoles passionnés pour qui l’accessibilité n’est pas un vain mot : parking réservé près de l’entrée, toilettes adaptées dans la gare (petite restauration possible sur place) et, surtout, longue rampe pour monter dans un wagon ouvert où des espaces ont été spécialement aménagés. Le parcours, d’une dizaine de kilomètres, offre de spectaculaires points de vue sur la vallée, ainsi que des sensations uniques lors du passage dans les tunnels ou sur les viaducs, sensations décuplées si vous réservez votre voyage un jour de sortie de la locomotive à vapeur !
À quelques encablures de là, en bords de Dordogne, le charmant village de Carennac, classé parmi les plus beaux de France (ils sont nombreux dans le Lot) offre également ses vieilles rues à la déambulation. Si l’église romane est inaccessible en fauteuil roulant, son magnifique portail figurant le Christ en mandorle mérite néanmoins l’effort de gravir la pente qui permet de découvrir cet ancien prieuré clunisien où l’auguste Fénelon, au XVIIe siècle, écrivit son « best seller » Télémaque. Le cloître est accessible par rampe (s’adresser à l’office de tourisme situé dans le même bâtiment) mais pas le palais du doyen et ses collections muséographiques. Stationnement aisé en bord de rivière.
Au sud de Carennac, Loubressac est un spectaculaire village fortifié dont le château (privé) domine la plaine. Un peu à l’écart des flux touristiques, il conserve ses secrets et se laisse difficilement apprivoiser, ce qui fait partie de son charme…
Idem à Autoire, quelques kilomètres plus loin : éminemment photogéniques, le bourg et ses antiques maisons amoureusement entretenues n’en demeurent pas moins jaloux de leurs trésors. On peut toutefois visiter l’austère église romane, accessible de plain-pied, jouir du point de vue sur la rivière et rêvasser en sirotant un verre à l’une des terrasses…
Si la foule vous manque ou si vous voulez vivre une expérience inhabituelle, reprenez la voiture : en moins d’un quart d’heure vous serez à Padirac, dont le gouffre est une star mondiale depuis son exploration, à la fin du XIXe siècle, par un autre Martel, Édouard-Alfred de son prénom, père de la spéléologie. Lequel a découvert, au coeur de cette époustouflante formation naturelle, une rivière souterraine qui fait, tout au long de l’année, le bonheur des touristes. La visite, obligatoirement guidée, comprend une longue descente par ascenseurs, puis escaliers que les personnes à mobilité réduite ne peuvent éviter, de même que le délicat transfert dans les barques. Le personnel assure, sur réservation préalable, le portage des fauteuils roulants avant l’ouverture au grand public : une sacrée performance qui nécessite toutefois de s’y prendre en avance… et de se lever tôt. Stationnement réservé à coté du parking autocars, au plus près de l’entrée, restauration possible sur place. Une « grosse machine », certes, mais réellement efficace : la magie est bel et bien au rendez-vous !
Autre grosse machine, mais bien moins accessible : Rocamadour. Un site extraordinaire, aussi bien au plan naturel qu’architectural, où les plus grands personnages (et des millions « d’ordinaires ») se sont succédés depuis le XIIe siècle, en pèlerinage à la Vierge noire et à Saint Amadour, patron éponyme du lieu. Bien que des stationnements réservés existent aux deux extrémités du bourg, il est moins risqué, eu égard à l’affluence touristique, de se garer sur le parking haut, où les emplacements sont plus nombreux et l’accès plus facile aux ascenseurs (payants). La suite est moins commode : en-dehors de la cour et d’un minuscule espace exposant une maquette, le sanctuaire, bardé de marches, est inaccessible en fauteuil roulant et le restera tant que le musée ne sera pas rouvert (il contient un ascenseur qui réglerait le problème). Il arrive cependant en été que des bénévoles assurent le portage : renseignez-vous. Le reste du bourg est une succession de boutiques et d’établissements hôteliers mais on peut faire de jolies découvertes en levant les yeux… Ne quittez pas l’endroit sans emprunter, en voiture, la D32 qui passe juste en face du site : le point de vue est splendide.
Changement de vallée et d’ambiance, au-delà des causses : lovée au bord du Lot (et à portée d’autoroute A20) la préfecture Cahors porte hautes les couleurs de son terroir. Opulents depuis l’Antiquité, les Cadurciens aiment la vie et le bon vin. Un vin à forte personnalité dont on peut d’ailleurs faire une découverte quasi-exhaustive dans le lounge tout récemment inauguré à côté de l’Office de tourisme : un espace ultramoderne et parfaitement accessible d’où l’on ressort… initié ! La déambulation en ville est des plus agréables, au fil des édifices Renaissance et de leurs cours secrètes, des places ombragées, sans oublier l’emblématique pont Valentré, désormais piéton, l’un des derniers ponts médiévaux fortifiés d’Europe. Le démon qui a participé à sa construction est prisonnier dans la pierre : saurez-vous le trouver ? Côté musées, en revanche, il ne faut guère espérer visiter en dehors de quelques rez-de-chaussée : consultez cette page sur le site de la mairie, à la rubrique patrimoine.
Le Lot, on le traverse mais on peut aussi y naviguer. C’est ce que propose Lot Croisières, à une trentaine de kilomètres en amont de Cahors, du côté de Bouzies, hameau situé à la confluence du Lot et du Célé et qui dispose d’un embarcadère (pentu) permettant un accès avec aide aux bateaux pour les passagers en fauteuil roulant. Vaste parking à proximité. La rivière, à cet endroit, s’enfonce dans des gorges spectaculaires au bas desquelles des constructions ont été édifiées ainsi qu’un chemin de halage creusé dans le roc, où un artiste contemporain a laissé une trace assez poétique…
Dominant les gorges, le site vertigineux de Saint-Cirq-Lapopie semble sur le point de s’y précipiter ! Ce célèbre village médiéval, qui compte moins de 50 résidents mais près de 700.000 visiteurs par an, est également l’une des destinations les plus prisées du département : affluence garantie pendant les vacances… De nombreux parkings ont été aménagés en entrée de bourg mais les personnes à mobilité réduite seront bien inspirées de se faire déposer au sommet. Un stationnement réservé existe par ailleurs place du Sombral, en plein centre (ignorer l’interdiction de circuler) mais il est plus prudent de visiter l’endroit, très pentu et peu carrossable, tôt le matin ou en toute fin de journée, quand la foule est moins dense et que règne de nouveau cette atmosphère unique qui a jadis tant séduit le poète André Breton…
L’écriture a également sa place à l’extrémité sud-est du département avec le maître incontesté des hiéroglyphes : Champollion, né à Figeac à la fin du XVIIIe siècle et à qui sa ville natale rend hommage à travers un très beau musée consacré aux écritures du monde. Un bâtiment résolument contemporain dont la façade interpelle, au sens propre du terme ! Les collections, passionnantes, retracent l’histoire de la communication écrite des origines à nos jours. Elles sont parfaitement accessibles aux visiteurs handicapés moteurs mais également aux personnes déficientes visuelles, grâce à des postes tactiles. Enfoncez-vous dans la ruelle qui jouxte le musée et où se trouve la maison natale de Champollion : une surprise de taille vous attend au bout… Autres surprises en ville, où une balade le nez en l’air permet de découvrir de splendides architectures Renaissance remarquablement préservées. La cité, qui fut un important marché médiéval, a par ailleurs conservé cette ambiance chaleureuse, déjà méridionale, qui fait le charme de la région : il ne faut surtout pas s’en priver !
Jacques Vernes, juin 2013.
Sur le web, le site officiel Lot Tourisme est une véritable mine d’informations permettant de préparer un séjour dans ses moindres détails, que l’on soit valide ou handicapé. Utilisez le moteur de recherche interne sur le mot-clé « handicap » pour une liste exhaustive d’activités et hébergements accessibles. Consultez également cette page sur le site de l’Office de Tourisme de Cahors.
Nos adresses accessibles.
L’hôtel-restaurant Les Trois-Soleils de Montal, à Saint-Jean Lespinasse (près de Saint-Céré) dispose d’une chambre adaptée au calme, avec une jolie terrasse et une grande salle de bains design. Particularité de l’endroit : les propriétaires collectionnent et exposent des oeuvres de Jean Lurçat, artiste célèbre pour ses tapisseries. Côté restauration, c’est également du grand art, à des prix assez élevés mais qui se justifient. Stationnement possible en haut de la côte, au plus près de l’entrée.
À Rocamadour, l’hôtel Les Esclargies offre un véritable havre de paix ombragé à l’écart des foules. Design contemporain, vaste chambre adaptée et stationnement réservé devant l’entrée haute. Ne vous attendez pas à une vue sur le village (encore moins depuis la chambre adaptée) : vous êtes au-milieu des arbres. Petit déjeuner généreux et accueil attentionné.
Enfin, à Tour-de-Faure, juste en face de Saint-Cirq-Lapopie, avec une vue imprenable sur le site, l’hôtel Le Saint Cirq propose un concept éclaté entre différents bâtiments. Décor « campagnard chic ». La chambre adaptée, de plain-pied, bénéficie comme toutes les autres d’un point de vue à ce point splendide que les propriétaires ont décidé de supprimer le téléviseur ! Dommage que la piscine, aménagée en bordure de vignoble, ne soit pas accessible en fauteuil roulant…