Même si ses autorités touristiques locales le définissent comme « le pays du Futuroscope », le département de la Vienne ne se résume pas, pour ses visiteurs, à cette étape plus ou moins incontournable que nous présentions en 2005 (avec quelques autres) et dont les conditions d’accessibilité n’ont guère évolué depuis. Attractions, hôtels, restaurants, technopole, desserte ferroviaire: c’est un monde clos sur lequel nous ne reviendrons pas ici et dont il serait dommage de ne pas sortir…

Visiter Poitiers, par exemple ! La préfecture de la Vienne, ville d’art et d’histoire, regorge de trésors architecturaux et son centre ville, partiellement piétonnisé, se laisse découvrir sans encombre en fauteuil roulant. Une histoire qui commence à l’époque gauloise mais dont les vestiges, en-dehors de quelques pans de murs, remontent au Haut Moyen-Âge. Ainsi en va-t-il notamment du baptistère Saint-Jean (l’un des rares monuments inaccessibles en fauteuil roulant) dont la partie centrale date du IVe siècle, ce qui en fait l’un des plus anciens d’Occident. L’élégante église romane et gothique Sainte Radegonde, accessible par le portail nord (demandez à ce que l’on vous ouvre la porte) abrite toujours la tombe de la sainte patronne de la ville, épouse du roi des Francs Clotaire Ier (VIe siècle) et l’on peut également visiter en toute accessibilité l’église Saint Porchaire ou l’imposante cathédrale Saint Pierre, avec ses stalles et ses merveilleux vitraux, mais la « star » emblématique de Poitiers, c’est l’église Notre-Dame la Grande. Ce chef d’oeuvre de l’art roman trône au coeur du centre ancien depuis le XIe siècle. En fauteuil roulant, on y accède par le côté mais ce sont bien les extérieurs et leur richesse décorative (remarquablement mise en lumière la nuit en saison) qui attirent tous les regards : il faut prendre le temps de lever les yeux ! L’office de tourisme organise d’ailleurs toute l’année de passionnantes visites guidées qui permettent de mieux « lire » cet étonnant édifice.

Autre bâtiment étonnant, le palais de justice (accessible par élévateur, sur demande), dont l’immense salle des pas perdus, de style gothique Plantagenêt, n’est autre que la salle de bal des comtes du Poitou et ducs d’Aquitaine. La célèbre Aliénor et sa cour ont vécu ici et il n’est pas difficile d’imaginer la magnificence de l’endroit à l’époque.

Les périodes suivantes ont laissé en ville des traces plus discrètes mais certaines façades du centre ancien, notamment celles datant de la Renaissance, méritent vraiment le détour, surtout quand on les découvre avec un guide-conférencier. Le XXe siècle a légué quelques éléments Art-Déco de toute beauté et le XXIe s’annonce audacieux avec le Théâtre Auditorium de Poitiers (TAP) dont la mise en lumière est l’une des heureuses surprises nocturnes de la ville. Côté programmation, la qualité et l’accessibilité sont au rendez-vous, de même d’ailleurs qu’au célèbre et branché Confort Moderne, à quelques encablures de là.

Enfin, si vos moyens vous le permettent, offrez-vous une nuit originale (et adaptée) dans une ancienne chapelle des jésuites transformée en hôtel : une réussite qui a fait l’objet de nombreuses publications dans des revues de décoration. Mais on peut se contenter d’y prendre un repas… dans la nef !

La Vienne réserve par ailleurs bien d’autres surprises : à une quarantaine de kilomètres au sud de Poitiers, par exemple, sur la commune de Romagne, la Vallée des Singes est l’un des plus importants parcs thématiques d’Europe, et le premier au monde pour les bonobos. Tous nos cousins ou presque y sont représentés, du plus petit au plus grand, dans un aménagement paysager globalement accessible (quelques pentes et graviers) où les enclos, très vastes, respectent au mieux l’environnement naturel des animaux. Certaines parties sont ouvertes, permettant aux visiteurs de déambuler librement au-milieu des primates : une expérience inoubliable, surtout lors des nourrissages. Restauration possible sur place, toilettes adaptées, parking réservé. Attention, le parc est fermé durant la période hivernale (Toussaint à Pâques).

Les amoureux des oiseaux peuvent, en revanche, profiter toute l’année de la réserve ornithologique de Saint-Cyr, gérée par la LPO au bord d’un plan d’eau résultant d’une gravière désaffectée sur un bras du Clain, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Poitiers. Si la base de loisirs ne présente pas de réelle accessibilité, le parcours ornithologique accueille à bras ouverts les visiteurs handicapés moteurs et visuels, notamment grâce à des postes d’observation parfaitement aménagés et des supports de visite adaptés. Sternes arctiques, hérons cendrés, martins-pêcheurs et autres colverts n’auront plus de secret pour vous ! Seul bémol, outre l’absence de toilettes adaptées, l’obligation de stationner à 300m de l’entrée…

Côté loisirs adaptés on pourra utilement se tourner vers le Centre de plein air (CPA) de Lathus, situé à environ 70km au sud-est de Poitiers : l’éventail des activités proposées (sports de pleine nature, découverte de l’environnement, ferme pédagogique…) que complète une offre d’hébergement orientée groupes et familles, en fait une destination de vacances à soi seul ! Le centre dispose en outre de handbikes à assistance électrique, de buggy-bikes ainsi que d’une joëlette. Cerise sur le gâteau, l’accueil y est particulièrement chaleureux.

Non loin de là, en remontant vers Poitiers, faites halte par Civaux : ce bourg discret abrite non seulement un site préhistorique et une villa romaine, mais également une immense nécropole mérovingienne, la plus importante connue à ce jour. Un petit musée, accessible de plain-pied et par ascenseur, présente quelques trésors découverts ici ainsi qu’une maquette tactile de la vénérable église romane qui se dresse au centre du village, mais c’est surtout la visite de la nécropole, dans l’actuel cimetière, qui vaut le détour : elle se découpe sur fond de centrale nucléaire, dont les eaux chaudes, retraitées par échange thermique, alimentent par ailleurs le luxueux centre aquatique Abysséa et, à l’instar de Pierrelatte dans la Drôme, une Planète des crocodiles richement dotée en bestioles, les deux parfaitement accessibles aux personnes handicapées motrices. Restauration possible sur place.

Achevons ce survol de la Vienne par un autre incontournable, certes plus discret mais dont la réputation a dépassé les frontières depuis son classement au patrimoine mondial de l’Unesco : l’abbaye de Saint-Savin sur Gartempe, à une quarantaine de kilomètres à l’est de Poitiers. Cette merveille de l’art Roman abrite les plus extraordinaires fresques de cette période: Malraux parlait de « Sixtine de l’art roman »! On peut évidemment découvrir l’endroit par soi-même, après la messe par exemple, mais ces lieux, leur histoire et surtout le témoignage pictural unique qu’ils abritent méritent réellement que l’on choisisse une visite guidée et que l’on se munisse de jumelles pour une découverte plus précise de ces oeuvres illustrant des épisodes de l’Ancien Testament. Le centre d’interprétation (EPCC) installé sur place et accessible par rampes, dispose de guides conférenciers et propose un passionnant espace muséographique consacré au bâtiment et à la vie monastique ainsi qu’un vaste espace consacré à des expositions temporaires : une halte hors du temps !

Jacques Vernes,
novembre 2013.


Sur le web, le portail du Comité Départemental de Tourisme de la Vienne propose un large éventail d’activités possibles, notamment en famille. Les hébergements et sites labellisés Tourisme et handicap figurent sur une page dédiée mais ce critère se retrouve également sur les filtres de recherche de la rubrique « dormir ».

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