Officiellement fondée, après moult vicissitudes guerrières, au début du XVIIe siècle par le roi Vasa Gustave II Adolphe, dont la statue orne l’une des places principales, Göteborg (que les Scandinaves prononcent Yeutabolg, et qui se dit également Gothembourg en français) est rapidement devenue une capitale économique : seul grand port suédois sur la mer du Nord (ou plus précisément le détroit du Cattégat), doté d’une charte royale instaurant la liberté de culte et l’exemption fiscale, elle a immédiatement attiré les riches commerçants hollandais, mais aussi allemands, puis britanniques au XIXe siècle. Cette prospérité ne s’est jamais démentie, même en temps de crise, la ville caracolant toujours dans le peloton de tête des métropoles européennes où il fait bon entreprendre; bon séjourner, également, bien que le coût de la vie y soit plus élevé qu’en Europe occidentale. Rappelons que la Suède ne s’est pas aventurée dans l’euro et qu’on y paye toujours en couronnes…

L’histoire de Göteborg et de sa région (le Västra Götaland) est remarquablement retracée dans le musée municipal, situé dans le centre ancien, non loin de la place Gustave-Adolphe, le long de l’un des canaux du fleuve Göta älv qui contribuent beaucoup au charme de la ville. Le bâtiment est celui de la mythique Compagnie suédoise des Indes orientales, l’une des entreprises de commerce ayant contribué à la richesse et au rayonnement de la ville au XVIIIe siècle et dont la réplique du navire amiral, qui porte de nom de la cité, sert désormais d’ambassadeur à celle-ci sur toutes les mers du monde.

Le musée, fondé quant à lui au milieu du XIXe siècle mais maintes fois réaménagé depuis (et donc parfaitement accessible au public handicapé), présente un panorama passionnant des grandes heures de cette partie de la Suède, de la préhistoire à nos jours en passant évidemment par les Vikings et « l’âge d’or » des XVIIIe et XIXe siècle. La muséographie, assez ludique, avec de spectaculaires reconstitutions d’intérieurs, offre une déambulation très agréable dans le temps, que complètent utilement des cartels traduits en anglais, y compris pour les expositions temporaires. En préambule ou à la suite de votre visite, ne manquez pas d’explorer les ruelles adjacentes, qui ont conservé leur cachet typiquement hollandais et leur tracé à angle droit.

Si vous poussez un peu plus loin sur Norra Hamngatan (« rue du port du nord »), vous accéderez au fleuve, de plus en plus large au fur et à mesure que l’on se rapproche de l’embouchure, laquelle se situe toutefois à plusieurs kilomètres en aval.

Cette partie du port, très pittoresque, mérite qu’on en affronte les pavés : le musée maritime y a en effet rassemblé à quai les plus beaux fleurons de son patrimoine; aucune accessibilité en fauteuil roulant, mais l’endroit vaut réellement le coup d’oeil! En remontant ce quai vers l’amont, on accède à un très beau port de plaisance que dominent deux bâtiments contemporains de style radicalement opposé : d’un côté l’élégant opéra, tout en courbes et transparences (tarifs et accessibilité réellement attractifs), de l’autre le massif gratte-ciel Lilla Bommen (du nom de ce quartier portuaire) que tout le monde ici appelle « le rouge à lèvres » à cause de sa forme et de ses couleurs; un étage panoramique, accessible par ascenseur, y offre paraît-il un beau point de vue sur la ville…

Plus au sud, de l’autre côté du canal, le centre-ville du XIXe siècle raconte une toute autre histoire, avec ses belles façades néoclassiques et ses rues piétonnières où alternent commerces, lieux culturels et restaurants. C’est le coeur battant de Göteborg, que les nombreux étudiants font battre plus fort encore ! La voirie y est globalement plate et roulante, sauf pour accéder au fortin à la couronne (Skansen Kronan), l’un des rares témoignages des fortifications qui protégeaient la ville, dont un canal suit le tracé.

Certaines traversées piétonnes, au milieu des voies de tramway (rames partiellement accessibles par rampes manuelles) pourront impressionner mais la circulation automobile, très réglementée, n’a rien d’agressif, pas plus que celle des très nombreux vélos, qui ont néanmoins tendance à foncer dans les voies qui leur sont réservées. Aucune bande d’éveil de vigilance pour déficients visuels, mais des feux sonores, et des sanisettes modernes et adaptées signalées sur le plan de ville avec marquage braille des différents éléments.

En cas de fringale, pensez à faire un tour du côté de la halle aux poissons (Feskekörka), accessible de plain-pied, où vous découvrirez un florilège de la gastronomie locale. Pour plus de détails sur les spécialités du cru, suivez ce lien en français. Un repas complet (sans les vins, évidemment tous importés), coûte ici l’équivalent d’une trentaine d’euros mais la fraîcheur des produits ainsi que le savoir-faire, sans parler de la qualité du service, valent largement ce prix. Il est toutefois possible de manger moins cher dans les nombreux fast-food et autres cafétérias qui ponctuent le centre-ville.

Vasaplatsen, le quartier du commissaire Winter...

Au pied du fortin à la couronne s’étend le quartier typique de Haga, avec ses maisons de bois pieusement restaurées, ses boutiques branchées (plus ou moins accessibles) et son secteur en pavés… Les fans des enquêtes du commissaire Winter (récemment diffusées sur Arte) pourront suivre ses traces dans les rues adjacentes, qui évoquent davantage la vieille Angleterre avec leurs immeubles victoriens, leurs allées d’arbres et les bâtiments de l’université.

Ces rues en angle droit coupent les « Champs-Élysées de Göteborg » : Kungsportsavenyen (« avenue de la porte royale »), artère majestueuse qui traverse le centre-ville depuis le canal jusqu’à la Götaplatsen et son emblématique fontaine Poséidon, que bordent de nombreuses institutions culturelles, au premier rang desquelles le Musée des Beaux-Arts. Les collections couvrent le XVe siècle à nos jours mais c’est surtout pour les artistes scandinaves, quasiment inconnus chez nous, que l’on fait ici le déplacement : une découverte d’autant plus enrichissante que l’accessibilité n’y pose aucun problème. La mairie conduit depuis plusieurs années une politique de mise en accessibilité des lieux publics qui lui a d’ailleurs valu un Acces City Award en 2014 décerné par l’Union Européenne.

Les espaces verts ne manquent pas, à Göteborg : outre les places ou squares arborés, un vaste et romantique parc public s’étend le long du canal, sur le tracé des anciennes fortifications, que prolonge, de l’autre côté de Kungsportsavenyen, un magnifique jardin botanique dont les immenses serres du XIXe siècle, accessibles de plain-pied, se visitent librement et où l’on peut, en saison, admirer les collections de roses.

C’est un but de promenade très prisé des Gothembourgeois, été comme hiver : proximité de la mer oblige, la saison froide, ici, ne l’est pas plus qu’à Paris ! Quant aux amateurs de bords de fleuve ou de mer, il leur suffira de prendre le tramway pour faire une jolie balade maritime au fil des petits ports qui ponctuent le rivage jusqu’à Saltholmen, d’où l’on peut embarquer (avec accès fauteuils roulants) pour l’archipel sud. Côté baignade, même en plein été, il faut être Scandinave pour s’y risquer mais gare aux coups de soleil !

Sur la rive droite du fleuve, au débouché sur la mer près du terminal croisières se trouve l’un des fleurons industriels de Göteborg : Volvo. Véritable ville dans la ville, cet ensemble de bâtiments comprend plusieurs usines, immeubles de bureau ainsi que le siège international de la compagnie mais on s’y rend surtout pour le musée où sont exposés tous les véhicules de la marque depuis sa fondation en 1927. Où l’on (re)découvre que Volvo ne s’et pas cantonné aux seules voitures, étendant son savoir-faire aux véhicules de course, camions et même moteurs d’avion. La muséographie, pleinement accessible, en témoigne à l’envi, avec parfois de belles surprises, tels d’étonnants concept-cars… ou la voiture de Simon Templar alias Le Saint !

Autre but de balade hors les murs, ou plutôt de villégiature pour les Gothembourgeois et leurs visiteurs : la côte du Västra Götaland. Très découpée, parsemée de ports minuscules et d’îles innombrables, elle cultive ses charmes en secret : paysages entre terre et mer, changeant au fil des saisons, atmosphère doucement familiale ou détente entre amis… La Suède des Suédois !

Les lieux d’intérêt ne manquent pas mais on vous recommande plus particulièrement Marstrand, atypique cité balnéaire et portuaire répartie entre une île et son rivage, les deux reliés par un ferry-boat accessible de plain-pied. La traversée dure quelques minutes mais le dépaysement est garanti !

Outre la balade en bord de mer, on peut visiter le fortin Strandverket qui abrite un petit musée d’art contemporain dont seul le rez-de-chaussée est accessible en fauteuil roulant mais où sont présentées des expositions temporaires de belle tenue; les sculptures contemporaines qui ornent le parvis et la cour ne laissent pas d’étonner dans un pareil décor, prélude à d’autres étonnements à la mode suédoise : ici une maison jaune vif, en bois ouvragé, là de gros rochers érodés par l’ère glaciaire, des enfants qui jouent, et les reflets argentés du Cattégat…


Jacques Vernes, septembre 2015.


Sur le web, l’Office de tourisme suédois propose, en français, une partie spécifiquement dédiée à Göteborg, ainsi qu’une rubrique générale sur l’accessibilité en Suède. Des informations plus précises sont disponibles en anglais sur le site de l’office de tourisme de Suède de l’Ouest, y compris en termes d’accessibilité. La ville de Göteborg dispose également d’un site d’information touristique, mais en traduction anglaise seulement, sans mention d’accessibilité; une brochure en français est néanmoins téléchargeable. Pour des détails complets concernant l’accessibilité, consultez cette base de données (anglophone) réalisée par l’organisation para-publique TD.

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