Éclipsé par la « région capitale », le Loiret se situe au carrefour de deux axes majeurs : la vallée de la Loire, d’est en ouest, et les grandes voies de circulation qui, du sud au nord, rejoignent Paris. Le département est si aisément accessible, notamment par autoroute, qu’on peut le traverser sans même s’en rendre compte ! Les initiés qui s’y arrêtent proviennent surtout de la proximité (Île-de-France comprise), séduits et fidélisés par un tourisme « doux », à dimension humaine, familiale, et des prix raisonnables en regard du niveau de prestation. L’offre d’hébergements, notamment accessibles, est aussi diversifiée que les activités praticables, couvrant une large gamme de tarifs. Ainsi, il est tout à fait possible de se « poser » quelque-part pour « rayonner » à la découverte d’un terroir plein de ressources dont les meilleurs ambassadeurs sont encore ceux qui y vivent…

Sur la Nationale 7.

Comme tous ceux qui l’ont empruntée, vous êtes nécessairement passé(e) en voiture devant le Musée du verre et de ses métiers, à Dordives! Cette très ancienne région minière (on y exploite la silice depuis l’Antiquité) abrite en effet l’un des ultimes témoignages d’une activité industrielle aujourd’hui moribonde, présentée dans un espace muséographique unique en son genre. Les collections retracent l’histoire de cette industrie, avec un focus sur le pyrex, dont une importante usine était implantée non loin de là: verre alimentaire, optique ou scientifique, certaines pièces sont réellement spectaculaires!

Des expositions temporaires sont régulièrement proposées, mettant en vedette le savoir-faire artistique des verriers d’aujourd’hui, ainsi que des démonstrations de soufflage de verre où l’on apprend notamment une version inattendue du terme « bousillé »… Parking réservé près de l’entrée, accès de plain-pied et par élévateur, toilettes adaptées. La prochaine fois que vous traverserez Dordives, pensez à vous y arrêter!

À une vingtaine de kilomètres plus au sud, toujours sur la N7 (mais accessible également par autoroute), Montargis est une charmante sous-préfecture située à la confluence de plusieurs rivières et du canal de Briare. Son centre-ancien entouré d’eau que ponctuent de multiples ponts lui ont valu le surnom un peu galvaudé de « Venise du Gâtinais » mais il n’en demeure pas moins agréable d’y déambuler, notamment en fauteuil roulant… à l’exception d’une passerelle piétonne aussi récente qu’inaccessible !

Curiosité locale: c’est ici que Deng XiaopingZhou Enlai et d’autres futurs dirigeants chinois ont passé une partie de leur jeunesse, au début du XXe siècle, et préparé la révolution dans leur pays après avoir découvert les idées marxistes. En témoignent un monument commémoratif et les liens que la ville a conservés avec la Chine actuelle. Dans un tout autre registre, Montargis est le berceau de la praline, addictive confiserie inventée au XVIIe siècle par le pâtissier d’un grand seigneur qui lui a donné son nom et dont la fabrication perdure à la maison Mazet où une étape s’impose, ne serait-ce que pour admirer le décor intérieur de cette vénérable institution.

Changement d’ambiance à Lorris, bourg situé à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Montargis, aux confins de la célèbre Forêt d’Orléans. Bien que le village existe depuis le haut Moyen-Âge, c’est surtout la période décente qui marque les mémoires. Lors de la Seconde guerre mondiale, le maquis de Lorris, caché en forêt, s’avéra en effet très actif, dont les membres furent massacrés en août 1944 par l’occupant nazi. Un monument a été élevé en leur mémoire et un musée départemental retrace désormais cette période sombre de notre histoire. Installé pour partie dans l’ancienne gare, cet espace muséal de plain-pied, récemment repensé, labellisé Tourisme et Handicap, réussit à équilibrer didactisme et émotion grâce à des reconstitutions évocatrices et des panneaux explicatifs où chacun, quel que soit son niveau de lecture, peut tirer les informations qui l’intéressent. Le choix d’exposer des pièces originales rajoute à la forte impression que l’on conserve en achevant cette visite, plus nécessaire que jamais en notre époque troublée…

À égale distance, plein sud de Montargis, derechef le long de la N7, c’est de la forêt porteuse d’avenir, de biodiversité dont il est question à l’Arboretum national des Barres. C’est l’un des plus importants d’Europe: ses 35 hectares ouverts au public ne sont qu’une infime partie d’un domaine exploité par l’Office National des Forêts (ONF) et dont l’histoire est peu banale puisqu’il a été acquis par l’État en 1936 aux Vilmorin, célèbre dynastie de pépiniéristes qui y avaient planté des arbres remarquables que l’on peut toujours admirer aujourd’hui.

Sur les trois parcours proposés au public, le « Continentalis » est parfaitement accessible en fauteuil roulant: comme son nom l’indique, c’est à un voyage végétal sur les cinq continents que l’on est convié. La promenade, ponctuée de panneaux explicatifs et d’oeuvres d’art, est des plus agréables sous ces arbres vénérables, exotiques et pour certains très rares. En été, la magie opère également après le coucher du soleil, avec « Les Grandes Nuits de l’Arboretum » et ses promenades théâtralisées. Parking réservé, pique-nique et petite restauration possibles sur place, toilettes adaptées dans la boutique.

Sachez par ailleurs qu’à Combreux (entre l’Arboretum national et Orléans), un « Sentier des Carnutes » a également été aménagé en boucle par l’ONF avec platelage bois, terre compactée et panneaux tactiles braille présentant la faune et la flore. Stationnement aisé à proximité. A découvrir également, ce parcours adapté à Ardon, près d’Orléans.

Toujours plein sud, au coude de la N7 et de l’A77, Briare est réputée pour son pont-canal sur la Loire, ouvrage superbe de la fin du XIXe siècle, dont l’élégance très « parisienne » a fait le tour du monde et dont l’accessibilité ne pose aucun problème hormis la pente un peu forte qui permet de l’atteindre. La cité, située à la confluence de plusieurs canaux, constitue une halte fluviale très prisée, coquette et fleurie, où plaisanciers, visiteurs et habitants cohabitent paisiblement. Un Musée des deux marines, accessible de plain-pied et par (longue) rampe retrace, avec force détails et maquettes, l’histoire de ce qui était jadis considéré comme le plus important carrefour batelier de France.

L’Office de tourisme propose quant à lui plusieurs circuits de visite et autres « flâneries » permettant de découvrir l’endroit et son second attrait, industriel celui-là: les émaux. Le musée ouvert depuis quelques années par la manufacture (encore en activité) présente quelques pièces remarquables, en toute accessibilité malgré une muséographie vieillotte. Où l’on découvre que les célèbres tesselles ont connu leur heure de gloire au début du XXe siècle mais qu’elle n’ont pas dit leur dernier mot ! Avant de repartir, faites un tour par l’église : on ne vous en dit pas plus…

chapiteau historié à la basilique de Saint-Benoît-sur-Loire

Autre édifice religieux remarquable, à Saint-Benoît-sur-Loire, en remontant le cours majestueux du fleuve (où il est fortement recommandé de s’arrêter pour admirer le paysage!). La basilique qui y trône est un chef d’oeuvre de l’art roman inscrit au patrimoine UNESCO. Avant d’entrer, ne manquez pas de lever les yeux sur les chapiteaux historiés de la tour-porche du XIe siècle: l’histoire qu’ils racontent est un enchantement! La nef, très lumineuse, est accessible par rampe (disponible à l’intérieur en ouvrant la grande porte). Là aussi, il convient de laisser son regard explorer la pierre et ses oreilles s’émerveiller des harmonies sonores lors des concerts avec orgue ou des offices célébrés par les moines: l’abbaye attenante, fondée au VIIe siècle, est en effet toujours en activité. La crypte, en revanche, est inaccessible. Stationnement réservé sur le parvis, face à l’entrée.

Au fil du fleuve.

À une dizaine de minutes en voiture de là, toujours en remontant le cours de la Loire, l’oratoire carolingien de Germigny-des-Prés est une pépite architecturale rarissime élevée au IXe siècle par l’évêque Théodulf, théologien proche de Charlemagne.

L’endroit, accessible de plain-pied (stationnement réservé à proximité, sur la placette) est petit mais sa découverte, notamment en visite guidée, permet à la fois de remonter le temps et d’admirer d’extraordinaires mosaïques à la symbolique complexe: renseignez-vous à l’office de tourisme attenant, vous pourrez également y visiter l’exposition temporaire et bénéficier d’excellents conseils.

Capitale du Loiret et cité plurimillénaire, Orléans mérite largement qu’on y fasse escale, et pas seulement pour y suivre les traces de la célèbre Pucelle, d’ailleurs plutôt maigres en dehors des Fêtes johanniques. Fondée par les Carnutes pendant l’antiquité (dont subsistent quelques vestiges au flanc de la cathédrale), la ville a bâti sa prospérité sur le commerce de Loire, fleuve auquel elle tourne désormais le dos sauf à l’occasion d’un festival biennal. Enjeu économique et stratégique important, Orléans fut le cadre de nombreux sièges et batailles et constitua le fief de l’une des plus puissantes familles du royaume, dont les héritiers actuels prétendent d’ailleurs à la restauration de la couronne…

Héritage historique oblige, Orléans est toujours une importante ville de garnison, en plus de constituer le principal pole d’activités économiques et culturelles du département. Très endommagée pendant la Seconde guerre mondiale, elle a fait l’objet de campagnes de restauration qui ont préservé ce qui restait du centre-ancien tout en dotant les autres quartiers de bâtiments modernes qui, pour la plupart, ont assez bien vieilli. On y déambule donc avec plaisir, notamment dans la partie piétonne aménagée dans les vieilles rues, où abondent commerces et terrasses au bas des hôtels particuliers et maisons à pans de bois.

Côté patrimonial, la liste des points d’intérêts est trop importante pour être détaillée ici: citons évidemment la cathédrale, fondée au Moyen-Âge mais achevée, après moult destructions et reconstructions, au XIXe siècle. L’intérieur, de style gothique, ne manque pas de majesté, surtout quand les fêtes johanniques le pavoisent ou que les concerts d’orgue emplissent ses vastes volumes. De l’autre côté du parvis, le célèbre Hôtel Groslot, bijou Renaissance, est une annexe de la mairie dont on peut visiter les salles de style troubadour fin XIXe. Accès par ascenseur (interphone) dans la cour située à gauche de la façade, juste à côté d’un emplacement de stationnement réservé.

Sur le côté de la cathédrale, le richissime Musée des beaux-arts déploie ses collections sur plusieurs niveaux parfaitement accessibles. Les oeuvres s’étendent du XVe au XXe siècle européen, avec de grands noms de la peinture et de la sculpture. Parmi les raretés, on relèvera quelques très beaux reliefs du château de Richelieu (disparu), de virtuoses pastels du XVIIIe siècle et l’un des rares tableaux de Vélasquez visibles en France. Stationnement réservé devant l’office de tourisme tout proche, toilettes adaptées.

Dans la banlieue universitaire d’Orléans, accessible en tramway, le parc floral de La Source est un but de promenade connu de plusieurs générations d’Orléanais et l’un des lieux les plus visités du département. Il faut dire qu’il a de quoi séduire: très vaste et parfaitement adapté aux personnes à mobilité réduite (à l’exception de quelques pentes un peu fortes) il alterne vastes zones plantées ou arborées, ménagerie, roseraie, fabriques, plans et jeux d’eau, volières et même serre à papillons !

Quand le soleil est au rendez-vous ou qu’une pluie argentée diapre les feuillages, le bonheur à deux ou en famille est garanti: idéal pour une journée de détente, d’autant qu’on peut se restaurer sur place. Cerise sur ce gâteau champêtre, vous découvrirez ici la source de la rivière (résurgence de la Loire) qui a donné son nom au département. Prêt de fauteuil roulant, toilettes adaptées, parking réservé au plus près de l’entrée.

Achevons ce survol du Loiret à une vingtaine de kilomètres en aval d’Orléans, par une escale à Meung-sur-Loire, bourg charmant adossé à son château. L’office de tourisme, très actif, y propose, outre des expositions temporaires dans ses locaux accessibles de plain-pied, des visites de découverte de la cité, sans compter les conseils pour l’exploration du terroir magdunois. Les rivières, poétiquement appelées Mauves, qui traversent le village, y ont généré par le passé une intense activité de meunerie dont subsistent de nombreux moulins que l’on découvre au hasard de la balade, parfois pentue. Si l’imposant château (privé) n’est pas accessible en fauteuil roulant, il en va tout autrement de la collégiale Saint-Liphard, pourvoyeuse de fraîcheur en toute saison, de même que les grands arbres qui bordent la Loire en cet endroit, où l’on peut aisément stationner puis laisser voguer ses pensées au fil du fleuve…


Jacques Vernes, novembre 2015.


Sur le web, le site officiel Tourisme Loiret permet de découvrir le département sous tous ses aspects et d’y planifier un séjour, avec une partie Tourisme et Handicap très bien documentée comportant notamment un moteur de recherche thématique.

Partagez !