S’informer et communiquer – Internet porte tous les espoirs de qui veut s’ouvrir au monde. Ce qui est vrai pour le commun des mortels l’est un peu plus encore pour certains publics, minoritaires, privés jusqu’ici d’une bonne partie des richesses de l’information. Les déficients visuels en sont. Le réseau des réseaux leur permet enfin d’avoir un accès direct à des données qu’ils ne pouvaient consulter que difficilement sur support papier ou audio. Reste que ces traductions braille ou lectures par donneur de voix ne recouvre qu’une infime partie du patrimoine culturel (chiffres ?). Lire son courrier, ouvrir un journal, faire ses courses : autant d’actes que les non et mal-voyant pourraient trouver aussi ordinaires que ceux qui y voient, grâce à internet et à une synthèse vocale.

Lutter pour l’accessibilité – Malheureusement, des obstacles importants à l’accès des sites internet sont apparus au fil du développement du web. Suivant la conception du site visité, des éléments techniques ou de présentation vont rendre inaccessibles certaines informations du site, et parfois même l’intégralité du site. Il est donc nécessaire d’informer les webmasters et décideurs qu’il est nécessaire de suivre quelques conseils pour que leur site soit à la portée du plus grand nombre. C’est une mission qu’il revient à nous tous, déficients visuels, d’accomplir. Mais attention, restons courtois : autant il est frustrant de ne pas pouvoir consulter un site, autant de mauvaises paroles pourraient conforter les éditeurs dans leurs désintérêt pour l’accessibilité.

Un peu de pédagogie – Pour supprimer ces obstacles, les solutions sont multiples. Mais la meilleure reste de respecter les conseils établis, à la base, par la WAI (Web accessibility initiative), et repris par certains organismes qui ¦uvrent dans ce domaine en France, en particulier l’association Braillenet ou la Mission handicap de l’Université Lyon I. Le principe général est de ne donner au matériel adapté que de la matière traduisible : c’est à dire uniquement du texte. Dans la pratique, cela signifie qu’il faut prévoir, pour chaque image ou graphique, un texte alternatif. Une autre solution est de créer une deuxième version du site en mode texte, mais cette alternative présente de gros inconvénients dont le principal est d’exister. Créer une version à part ne va en effet pas dans le sens de l’intégration, et c’est sans garantie de mise à jour simultanée. C’est pourquoi il est préférable d’avoir une seule et même version, accessible. Encore faut-il le vouloir.

Sensibilisation et acceptation – Après avoir été sensibilisés, les webmasters et décideurs doivent accepter d’appliquer ces conseils à leur site, ce qui n’est pas gagné d’entrée de jeu. A noter au passage qu’il est toujours plus simple de créer un site que de corriger les problèmes une fois le travail réalisé. Reste que la motivation à appliquer ces consignes est très relative, alors que les arguments en sa faveur sont importants : entreprise privé comme service public ont intérêt à rendre leurs sites visitables par un maximum de lecteurs. Sans compter qu’une telle volonté peut participer à embellir une image de marque, si la conformité du site est mise en avant. Pour un service public, qui se doit de donner l’exemple, cette opération devrait être obligatoire. Or, même si certains sites ont été modifié en conséquence, ils sont encore trop peu nombreux.

Mouvement lent – Cette lenteur dans la mise en accessibilité du réseau contraste avec sa progression générale. Le développement des techniques multimédia est un perpétuel challenge, car l’évolution se fait surtout vers des éléments de plus en plus graphiques et dynamiques. Il faut alors veiller à ce que ces orientations ne viennent pas compliquer encore la tâche et marginaliser encore davantage. Dans les faits, ce l’on gagne avec l’amélioration des logiciels de lecture spécialisés, on le perd avec l’apparition de nouveautés d’animation.

Jacques Vernes, septembre 2000.

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