Quand on évoque la bibliothèque sonore, on pense d’abord à l’association des Donneurs de voix. Créée à l’initiative du Lions Club il y a une trentaine d’années, reconnue d’utilité publique, elle fédère 120 bibliothèques sonores régies par un cahier des charges strict. Leur action est basée sur le bénévolat et une gratuité totale pour l’usager aveugle ou malvoyant. Critère d’admission, la présentation de la Carte d’Invalidité ou d’un certificat médical : près de 13.000 personnes sont des Audiolecteurs.

lus de 270.000 audiolivres sont disponibles en France. Ils sont réalisés par des personnes qui enregistrent leur lecture d’un ouvrage à haute voix; en pratique, le lecteur procède à une première lecture du livre puis effectue l’enregistrement. Le temps passé représente environ 3 fois la durée totale de l’enregistrement qui tient sur 7 cassettes audio de 90mn pour un roman standard. Les lecteurs, plus 3.000 en France, sont sélectionnés pour la qualité de leur diction. Les enregistrements ne concernant pas les livres tombés dans le domaine public, c’est- à- dire publiés depuis moins de 70 ans, sont effectués avec l’accord des éditeurs ou moyennant le paiement de droits. L’ensemble de ces bibliothèques effectue, selon l’association des donneurs de voix, 350.000 prêts d’audiolivres par an, soit auprès des bibliothèques sonores locales, soit par expédition en franchise postale. Elles fonctionnent au moyen de subventions et de dons. Certaines proposent également des Audiorevues, version sonore de magazines de presse.

Les enregistrements sont encore essentiellement réalisés sur cassette audio ; le CD audio représente actuellement près de 10% des ouvrages. Si l’interruption de l’écoute est aisée pour une cassette, le CD nécessite un lecteur permettant la pause prolongée: en effet, les CD sont enregistrés en continu, sans repérage par plages à la différence des disques musicaux. « Le coût élevé de l’équipement qui permettrait d’effectuer ce marquage en est la cause, nous explique Louis Jacquet, président de la bibliothèque sonore du Loiret. Le matériel coûte cher et nous fonctionnons avec un budget annuel de 9.000 euros. Tout est à notre charge: locaux, électricité, cassettes, CD vierges. L’achat des cassettes audio représente le quart du budget annuel ».

De nombreuses bibliothèques publiques proposent également des livres sonores. Si Paris est remarquablement dotée, avec la Bibliothèque Publique d’Information du Centre Georges Pompidou, la salle Louis Braille de la Médiathèque de la Cité des Sciences de la Villette ou la Bibliothèque Nationale de France François Mitterrand, les régions ne sont pas en reste. On y trouve des documents sonores, éléments d’archives historiques, et aussi des livres parlés édités dans le commerce : pièces de théâtre, romans, livres jeunesse lus par des comédiens. Les ouvrages sont essentiellement disponibles sur cassettes. La bibliothèque municipale Guy de Maupassant de Neuilly- Plaisance (93) a ouvert sa bibliothèque sonore en septembre 2002; le fonds comporte actuellement 200 titres et devrait augmenter d’environ 150 livres chaque année. Le prix des ouvrages sonores est légèrement supérieur à celui de la version papier. « Au départ, nous souhaitions répondre aux besoins des lecteurs déficients visuels, précise la directrice, Françoise Rouaud. Nous proposions déjà des livres en gros caractères. En fait, nous avons constaté que le livre sonore intéressait un plus large public. On écoute en voiture, ou sur un baladeur ».

Pour savoir si la bibliothèque de votre ville dispose de livres sonores, vous pourrez consulter le répertoire des bibliothèques du Catalogue collectif de France. Il permet d’avoir accès, via une interface de recherche par établissement, à un certain nombre de données pratiques très utiles, notamment l’existence éventuelle d’un fonds sonore destiné aux aveugles et malvoyants. En revanche, le moteur de recherche sur les fonds eux- mêmes ne semble pas efficient dans la catégorie « documents sonores non musicaux ». Les francophones pourront également trouver en ligne quelques ressources utiles. Au Québec, par exemple, la Magnétothèque est ouverte à toutes les personnes qui ne peuvent lire un ouvrage papier du fait d’un handicap (visuel ou moteur) ou de leur illettrisme. En Belgique, la Ligue Braille ou la Lumière de Liège proposent des livres parlés francophones. La Bibliothèque sonore du Maroc, quant à elle, a été créée il y a cinq ans au sein de l’Institut des Aveugles de Temara. Et en Suisse, vous pourrez notamment vous informer auprès de la Bibliothèque Sonore Romande. Bonne(s) lecture(s)!

Jacques Vernes, février 2003.

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