Créé à l’automne 2004, le Service d’aide à l’intégration des personnes déficientes visuelles dans les lieux d’enseignement de la musique (SIDVEM) apporte un accompagnement et un soutien aux apprentis musiciens. Il agit sur le territoire de l’Ile de France. Ce service semble être une première en France. Actuellement assuré par une professeure de musique, Marie Annick Socié, il a vocation à s’étoffer au gré de la demande : « Nous ne sommes ni un cours de musique, ni un centre de transcription de partitions en braille, nous faisons le reste ». Le Sidvem est à la fois médiateur culturel et soutien pédagogique aux élèves musiciens déficients visuels, qu’ils soient enfants ou adultes. « Cela va de l’éveil musical dans un Conservatoire au passage d’une option musique au baccalauréat, par exemple. Dans ce cas, il faut aider et conseiller une enseignante qui ne sait pas comment faire travailler son élève ». Le Sidvem assure un apprentissage de la notation braille si nécessaire.

Informer les professeurs est une tâche importante, pour les amener à mieux comprendre les besoins spécifiques des déficients visuels. Cela permet également de repousser les réticences de certains enseignants qui rechignent à intégrer: « Nous les informons sur les différences entre partitions en noir et en braille. Les partitions se lisent différemment, de manière linéaire, alors qu’en noir on déchiffre verticalement, les parties jouées par chaque main étant superposées. Un aveugle doit, lui, mémoriser la notation puis reconstruire mentalement la partition. Avec un peu de pratique, il lit rapidement la musique. Mais au début, l’enseignant doit accepter la lenteur de l’élève. L’annotation d’une partition ne se pratique pas, elle demeure orale, mémorisée ». La médiation consiste par exemple à trouver un cours pour travailler un instrument: il faut identifier les écoles, rencontrer les professeurs, les informer voire les convaincre d’accepter un élève déficient visuel.

« Les parents sont déchargés de cette nécessité de devoir justifier leur demande, explique Marie Annick Socié, ils en ont marre de devoir se battre sans cesse ». La conviction est un élément important : « Je n’ai pas rencontré de refus catégorique, mais parfois un rejet détourné; par exemple, l’enseignant n’adapte pas sa pédagogie aux besoins de l’élève ».

Côté soutien, le Sidvem apporte un conseil aux enseignants et effectue la transcription en braille de documents pédagogiques en noir. « Nous utilisons des partothèques existantes, comme celle de l’Association Valentin Haüy. La numérisation aide beaucoup, elle permet de multiplier les copies, de tirer des partitions à la demande ». Le service intervient auprès des personnes dès qu’elles ont besoin d’un agrandissement de partitions.

« On accepte toutes les demandes, précise Marie Annick Socié, même celles des déficients visuels avec troubles associés. Pour les élèves en Conservatoire, on assure plutôt un appui et un suivi de leur cursus. Dans les établissements spécialisés, il y a toujours eu des cours de musique. Alors qu’ils sont moins répandus dans l’Education Nationale. Actuellement, l’enseignement musical n’est plus une discipline obligatoire dans des écoles pour aveugles, elles se sont ouvertes à d’autres disciplines. La musique était jadis un débouché professionnel, qui s’est progressivement réduit. Mais elle reste un art qui est complètement accessible aux déficients visuels »…

Laurent Lejard, avril 2005.


Sidvem, Marie Annick Socié, Institut d’Education Sensorielle, 88 avenue Denfert Rochereau 75014 Paris. Tél. 01 43 35 08 70, Fax 01 43 27 08 74, email sidvem@aol.com.

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