Les déficients visuels résidant en région parisienne pourront disposer d’un outil adapté pour préparer leurs déplacements au moyen de l’un des systèmes de transports collectifs d’Ile de France. En effet, l’Institut Ville en Mouvement (I.V.M), émanation du groupe automobile P.S.A Peugeot Citroën, élabore pour la R.A.T.P des plans relief avec texte en braille et sonore (C.D au format Daisy), destinés aux aveugles, et des plans simplifiés contrastés avec texte en grands caractères pour les malvoyants. Issus d’une démarche élaborée depuis de nombreuses années, et d’une longue étude préliminaire, ces réalisations, qui semblent une première en France, devraient arriver dans la poche des voyageurs déficients visuels à la fin du printemps 2006 si les échéances sont respectées.

Dans la poche, façon de parler, parce que ces atlas ne sont guère transportables. De format 30 x 40 cm, la version braille pèse son demi kilo. « Ils sont conçus pour que les déficients visuels puissent préparer leurs déplacements », explique Anne Dupont, architecte et consultante sur ce projet. Le très dense réseau des transports d’Île de France a été découpé en sept volumes : métro, bus parisien, R.E.R, et enfin réseau bus de banlieue découpé en quatre zones géographiques. Il en est de même pour les guides « malvoyants ». Chaque livre comporte un descriptif du réseau présenté et son plan d’ensemble, puis le répertoire des lignes : pour chacune, un plan la situe par rapport à Paris ou la banlieue et elle est détaillée en page opposée avec mention des arrêts et des lignes en correspondance. Pour les lignes de bus, seuls les principaux arrêts sont mentionnés, avec des points de repère : carrefour ou artère importante. Les prototypes réalisés par l’I.V.M ont été testés par des partenaires et des militants associatifs, avec des réactions variables : certains apprécient la spatialisation de l’information alors que d’autres n’y trouvent pas d’intérêt.

L’ensemble du projet a bénéficié de subventions publiques à hauteur de 600.000€, attribuées par la Région Île de France et le Syndicat des Transports Île de France (STIF). Cela établit le prix de revient moyen de chaque collection d’Atlas à 400€ : ils seront en effet édités à 500 exemplaires pour la version braille et 1.000 exemplaires pour la version grands caractères. « Il n’y a pas eu d’étude préalable permettant d’évaluer quel public est intéressé par ces outils », reconnaît Anne Dupont. Il semble néanmoins que les Atlas seront remis aux personnes qui auront préalablement suivi une formation à leur utilisation, comme cela est de règle pour les ouvrages réalisés par la Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette, cette dernière ayant collaboré à la réalisation en la personne d’Hoëlle Corvest, chargée de l’accessibilité des publics déficients visuels.

Quelques questions restent néanmoins en suspens : comment les atlas intégreront-ils l’évolution du réseau francilien (tramway des Maréchaux, bus de nuit Noctilien, prolongement de lignes de métro, etc.) dans les prochains mois ? Quel sera leur réseau de diffusion, la R.A.T.P pourtant commanditaire ne semblant pas vouloir l’assurer ? Régie Autonome des Transport Parisiens qui a par ailleurs refusé la réalisation d’un guidage podotactile vers les plans de quartier en relief récemment installés dans des stations à destination des déficients visuels, dont on se demande dès lors comment ils pourront les trouver, sinon… à l’aveuglette.

Laurent Lejard, octobre 2005.

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