De vastes salles aux murs blancs, bien éclairées par de larges fenêtres, un mobilier et des tables de lecture en bois couleur miel tranchant sur un sol bleu foncé et des rayonnages blancs, la lumineuse médiathèque installée au siège parisien de l’Association Valentin Haüy ressemble à la plupart des bibliothèques contemporaines. « Cette médiathèque est unique, affirme Gérard Colliot, Président de l’Association Valentin Haüy, parce qu’elle permet aux déficients visuels d’avoir accès aux ouvrages en autonomie, avec une grande liberté. Elle a été conçue en collaboration avec des aveugles et des malvoyants. Ils peuvent toucher le livre, commencer à le lire, le rapporter, consulter un livre sonore, aller sur Internet, lire les revues et magazines que nous adaptons en collaboration avec le Groupement des Intellectuels Aveugles ou Amblyopes [G.I.A.A] ». Le choix a été fait de ne pas opter pour un guidage podotactile, qui peut éventuellement être ajouté, mais de privilégier la densité d’implantation du mobilier et la disposition des rayonnages à angle droit des tables de lecture pour que les lecteurs se repèrent facilement. Un plan relief des locaux est en cours de réalisation.

La nouvelle médiathèque occupe 450 m², auxquels il faut ajouter les réserves qui occupent plusieurs étages et dans lesquelles sont stockés les volumineux ouvrages en braille; leur spécificité ne permet pas de les rendre disponibles en libre-service. Elle a coûté près de 4,5 millions d’euros à l’association. « Elle est dotée d’un personnel nombreux, complète Françoise Madray-Lesigne, secrétaire générale de l’AVH, composé de déficients visuels et de voyants capables d’aider à choisir des ouvrages mais également de former à l’utilisation du matériel informatique, de la machine à lire, du télé-agrandisseur, de l’accès à Internet ». « La précédente bibliothèque n’était pas en accès direct au livre, explique Jean-Luc Maumet, bibliothécaire. Les lecteurs n’avaient accès qu’à une banque de prêt, où les bibliothécaires mettaient les ouvrages à leur disposition. Dans la nouvelle médiathèque, les ouvrages sont en accès libre comme cela se pratique dans la plupart des bibliothèques depuis les années 1960 ».

Cela concerne les 2.500 livres sonores au format Daisy et les 2.000 en caractères agrandis, les revues et magazines en braille ou sonore, les 150 films audiodécrits sur support DVD ou CD audio. Les visiteurs peuvent choisir en autonomie les ouvrages sonores, qu’ils soient braillistes ou lisent l’impression en noir grands caractères, chaque ouvrage et rayonnage étant marqué dans ces deux impressions. Le marquage braille figure toujours au même endroit sur chaque étagère et bac de rangement. 350 ouvrages en braille sont en consultation libre, une sélection composée d’ouvrages très demandés ou sur lesquels les bibliothécaires veulent attirer l’attention des lecteurs. Les autres 20.000 ouvrages en braille sont disponibles auprès de la banque de prêt, ce qui s’explique par la difficulté d’accès du public aux milliers de mètres linéaires de stockage de ces volumineux ouvrages. Si la part des lecteurs en braille diminue régulièrement au profit du sonore, cette forme de lecture demeure une activité vivante au sein de la politique d’acquisition de l’AVH. « Les ouvrages sont choisis par un comité de lecture, précise Jean-Luc Maumet, dans le cadre d’un plan de développement des collections. Quand nous n’avons pas un document, nous cherchons s’il existe et dans quelle bibliothèque, et nous orientons le lecteur ».

Dans le coin des revues, des sièges confortables proposent un lieu de rencontres et d’échanges entre les lecteurs, échanges également stimulés par la recherche conjointe d’ouvrages dans les rayonnages, une démarche de médiation culturelle que les concepteurs de la médiathèque ont voulu privilégier. Et qu’ils poursuivront par des rencontres littéraires et des conférences portant sur des ouvrages que les lecteurs pourront trouver sur place. L’Association Valentin Haüy compte saisir l’ouverture offerte par l’exception droit d’auteur en matière d’édition adaptée pour développer son offre, sans se placer en concurrence des autres acteurs de ce secteur très particulier. « En matière de livres sonores, estime Jean-Luc Maumet, il n’y a pas deux structures qui produisent le même résultat. Chacune a ses exigences et ses critères de qualité ou de rapidité, ce qui donne un livre sonore différent. Nous arrivons à développer des échanges avec des organisations francophones qui réalisent au format Daisy selon une approche normalisée identique à la nôtre ».

La médiathèque comprend en accès gratuit une bibliothèque braille générale et musicale, de livres parlés ou en gros caractères, une vidéothèque de films audiodécrits, des revues et magazines en braille ou sonore, lecture sur appareils Daisy, machine à lire, télé-agrandisseur ou ordinateur (plage braille, Jaws et ZoomText), accès Internet par le Wifi. La plupart des ouvrages sont en consultation sur place, en prêt ou expédiables par ceccogramme. Adresse : 5 rue Duroc, 75007 Paris. Horaires : du mardi au vendredi de 10h à 17h, le lundi de 13h à 17h. Les catalogues des collections sont consultables en ligne.

Laurent Lejard, février 2009.

Partagez !