Essonne : un petit atelier au fond du jardin, tel est le monde tactile du sculpteur Carlos Abrunhosa. Il travaille le plâtre, la résine, le béton cellulaire, l’argile, la bande plâtrée sur armature, veut s’essayer au bois. Ses oeuvres ? Des bustes, des portraits, des mains, plutôt des petites pièces. De parents portugais, Carlos est arrivé en France il y a 23 ans, pour rejoindre son père maçon. Et il a travaillé dans le bâtiment jusqu’à ce qu’un mal de dos l’en empêche. Cette spondylarthrite ankylosante s’est ajoutée à une vision qui avait commencé à baisser alors qu’il avait 19 ans : Carlos n’a plus qu’un dixième à un oeil et un vingtième à l’autre. Il est passé depuis par une tentative de reconversion dans la cordonnerie, dont le travail de précision a rapidement constitué un obstacle, puis la téléprospection, mais il passait trop de temps à se battre avec des listings qu’il devait déchiffrer avec une loupe. Après un stage de remise à niveau, il a convaincu un club de tennis, qui l’a embauché comme agent d’accueil. Mais après quelques années supplémentaires dans une mission de formation permanente, il a cessé de travailler en 2006.

Depuis 2000, il s’est découvert « un peu par hasard » une passion, la sculpture. « Elle me permet de m’évader, explique-t-il. Avant de pratiquer, je voyais la sculpture d’une façon différente. Depuis, je m’y intéresse, plus qu’avant ». Ses oeuvres sont essentiellement figuratives, Carlos puise son inspiration dans la Femme et son imaginaire : « Quand je travaille l’argile, je vois une forme, et tout démarre d’elle, tout s’enchaine ». Il a réalisé une centaine de pièces, dont il ne présente que la moitié dans les expositions auxquelles il participe, près d’une quinzaine chaque année. « J’aimerais bien vivre de mon art, espère-t-il. Mais je pense que j’ai du chemin à faire, et il me manque avant tout la santé ». Il a déjà vendu quelques sculptures, mais sans agent ni galeriste, c’est dans des expositions communales qu’il présente son travail, quand il trouve l’aide nécessaire parmi ses proches pour transporter les oeuvres. Il a été primé maintes fois : en 2005 par le Syndicat d’Initiatives de Brétigny-sur-Orge, en 2008 par le Conseil Général de l’Essonne, en 2009 à Juvisy-sur-Orge par le Conseiller Général. Et il très fier d’un récent prix du public remporté à Boutigny-sur-Essonne : « Les gens apprécient mon travail, j’ai de bonnes réactions. Certains sont étonnés quand ils connaissent mon problème visuel, ils ne pensent pas que l’on puisse créer ».


Propos recueillis par Laurent Lejard, juin 2010.

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