Après la remise en état d’un tricycle à moteur Poirier (lire l’article paru ici en novembre 2000), j’ai recommencé à me promener un peu partout mais avec toujours la limite des étapes où je devais forcément recourir aux services d’une tierce personne. En effet le couchage nécessitait soit une étape aménagée et accessible, soit le montage d’une tente où, s’il m’était relativement aisé de rentrer, le passage du sol au fauteuil me posait par contre de nombreux problèmes.

Trop frustré de toucher du doigt la liberté et devoir recourir au bon vouloir d’un autre pour une fonction aussi élémentaire que dormir, j’ai commencé à plancher sur la conception d’un lit à roulettes, protégé par une tente et utilisable seul. Il m’a fallu avant tout définir un cahier des charges dans lequel des éléments comme faisabilité, poids total roulant, coût et accessibilité tenaient les rôles principaux. Quelques jours de « barjotte », et quelques croquis plus tard naissait une première maquette de l’engin. Vint ensuite la liste des matériaux, tubes, roues, bâche, cordes, amortisseurs… et les coups de téléphone aux copains ainsi qu’aux divers fournisseurs. J’avais au préalable fixé une date butoir a laquelle je devais partir en randonnée avec un ami et, bien sûr, le matériel finalisé; ce qui fixait l’échéancier des travaux sans trop mettre la pression.

Quelque temps plus tard, nous voilà à pied d’oeuvre avec Boris, un ami sculpteur, plombier chauffagiste et surtout génial bricoleur de ferraille. Découpes, assemblages, soudures, le châssis naissait peu à peu. La bâche fut réalisée par un professionnel pour un peu plus de 150 euros (1.000 francs).

Pour le couchage, j’ai posé un matelas pneumatique sur une bâche tendue. A l’usage, ce type de literie s’est avéré extrêmement confortable. En quelques jours le Sarcovan (hybride entre le sarcophage et la caravane) était prêt à être attelé afin de procéder aux premiers essais avant la randonnée.

L’ensemble est assez impressionnant : 2,50m de long, 0,90m de large, 1,80m de haut. Il pèse pourtant moins de trente kilos tout équipé ! C’était le challenge pour ne pas faire exploser l’antique moteur du vénérable tricycle qui, bien que sérieusement rajeuni, restait très limité au niveau puissance. Néanmoins il tira vaillamment plus de 200 kilos pendant une semaine sans trop faiblir.

La cérémonie du coucher. Dans un premier temps il faut descendre les quatre pieds stabilisateurs télescopiques et bien serrer les écrous papillon de blocage, puis dételer l’engin un peu comme lorsqu’on pose une caravane. Le Sarcovan est très aisé à manipuler, voire à déplacer à la main tout en étant en fauteuil. Il s’adapte à merveille aux terrains accidentés où il serait délicat de monter une tente. De plus il n’y a rien à monter justement, un vrai truc de fainéant comme je les aime ! Le transfert ne pose aucun problème car l’engin est à bonne hauteur et stable malgré son aspect fragile : il est appuyé sur ses quatre pieds, ses deux roues, et renforcé par des arceaux qui le rigidifient sur ses trois dimensions.

Ensuite il ne reste plus qu’à se coucher. Chacune des étapes est, là encore, largement facilitée par la présence des arceaux qui tombent bien sous la main tant au niveau des tractions que des appuis. On trouve à se caler sans aucun problème et il devient aisé de se déshabiller et de se hisser jusqu’au fond du Sarcovan. Pour éviter le bruit du frottement du matelas sur la bâche du fond il suffit d’intercaler un tapis de sol de camping en mousse ce qui augmente encore le confort.

Et voilà, le tour est joué ! J’appréhendais la condensation et la température sous la bâche mais rien de désagréable car l’utilisation judicieuse des ouvertures et l’espace libre entre la bâche du fond et le châssis laisse circuler suffisamment d’air mais sans trop. Bien sûr, comme avec une tente, il vaut mieux se tenir à l’abri du soleil levant si on souhaite faire une grasse matinée. La résistance au vent et l’étanchéité sont impeccables. Quoi dire d’autre si ce n’est que j’ai bien dormi et que je n’ai pas eu mal au dos ce qui est un très bon point.

Alors, on the road again ! La prochaine étape sera la construction d’un tricycle plus performant si je trouve les aides et les soutiens nécessaires. J’envisage un engin de petite ou moyenne cylindrée, pourvu d’une marche arrière, d’un arceau de sécurité qui renforcera la rigidité du cadre et d’une partie cycle permettant de circuler en tous chemins. Bien sûr l’assise devra être optimisée du point de vue confort, transfert et sécurité.

Pour l’instant il n’existe, à ma connaissance, rien d’équivalent sur le marché donc il nous faudra bien l’inventer. Si vous avez des idées, que ce projet vous intéresse ou que vous travaillez dans une structure qui permette de réaliser ce genre d’engin n’hésitez pas à prendre contact avec moi, votre aide sera la bienvenue !

Thierry Goix, septembre 2001.

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