C’est en fait deux années auparavant que l’histoire a commencé, dans un camp de réfugiés, à la frontière « khmero- thaïlandaise » : les premières activités d’appareillage de personnes mutilées de guerre étaient lancées par le docteur Jean- Baptiste Richardier. Avec son collègue Claude Simmonot, il créé à Lyon Handicap International le 3 août 1982. Depuis, l’association a multiplié les actions d’appareillage dans les pays en guerre en concevant notamment des prothèses produites sur place, ouvert des bureaux dans de nombreux pays en association avec des organisations locales, participé aux côtés d’organisations non gouvernementales au combat pour la disparition des mines antipersonnel qui leur a valu de recevoir le Prix Nobel de la Paix en 1997. Nous avons récemment fait le point sur l’application du Traité d’interdiction.

En France aussi. Présente dans de nombreux pays ravagés par les désastres de la guerre, Handicap International conduit également depuis 1991 un programme France, avec une philosophie originale qui consiste à créer une activité correspondant à des besoins non couverts et à la confier à une structure capable d’en assurer le développement et la pérennité. Tout a commencé à Lyon, dans des hôpitaux traitant des enfants lourdement handicapés. Les parents exprimaient le besoin de vacances pour leurs enfants, et aussi pour que les familles puissent « souffler » un peu. C’est ainsi que furent lancées les premières vacances en intégration : des enfants handicapés – jusqu’à 150 durant l’été – étaient accueillis dans des centres traditionnels de vacances, au milieu des enfants valides. Handicap International a confié en 2000 ce service à l’Association des Paralysés de France pour qu’elle puisse lui donner une ampleur nationale.

En 1993, Handicap International lance un magazine mensuel, Déclic, traitant de la famille et du handicap. Pour cela, l’association s’assure du soutien du groupe de presse éditeur de La Vie et de Télérama. L’objectif était de créer un média « collant » à l’actualité et qui apporte des réponses informatives et concrètes aux difficultés vécues par les familles qui ont dans leur foyer un ou plusieurs enfants ou jeunes handicapés. Déclic devait devenir indépendant et il fut géré à sa création par une société de presse: confrontée au coût prohibitif de la diffusion en kiosque, lourdement déficitaire et menacée de disparition, la publication a été reprise par Handicap International qui en assure l’équilibre financier. Aujourd’hui, Déclic est diffusé auprès de 15.000 abonnés. Depuis 5 ans, le magazine réalise une enquête nationale sur les conditions de vie des familles, ce qui a donné l’idée à l’association de créer un Observatoire des familles en situation de handicap. Créé avec l’Apajh, il a pour vocation de recueillir les archives personnelles de parents ou d’adultes. Elles seront ouvertes aux chercheurs dans l’optique de mieux comprendre les réalités quotidiennes.

Informatique et sexualité. Cela ne fait pas si longtemps que l’informatique est utilisée pour améliorer la communication, verbale ou non, des personnes lourdement handicapées. En créant en décembre 1995 le centre Icom’, Handicap International a acquis une expérience et une technicité qui fait des émules. Cette activité était initialement conçue pour être occupationnelle et accueillir des personnes résidant à Lyon et sa proximité. La demande de conseil et de formation a incité Icom’ à développer des actions de formation et de téléformation. Un second centre a ouvert à Marseille en mars dernier, d’autres sont projetés. Là encore, l’idée consiste à faire bénéficier d’une expérience et à labelliser une activité gérée par une structure indépendante.

L’action la plus récente du programme France n’est pas la moins innovante : il s’agit du service Accompagnement à la Vie Affective et Sexuelle (AVAS – tél. 04 50 19 07 24). Répondant aux demandes des jeunes et des adultes handicapés de Savoie et d’Isère, il apporte un conseil aux équipes éducatives ou à la personne, conduit une réflexion avec les responsables d’établissement quant à leur projet éducatif. Le service est animé par Sheila Warembourg : psychomotricienne, elle s’est par la suite formée à la sexologie. Elle a longtemps vécu aux USA et peut mesurer l’abîme qui sépare américains et français : « en France, la seule idée de donner une information de base en matière de sexualité fait peur ».

Du travail pour 20 bonnes autres années…

Laurent Lejard, septembre 2002.

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