Cavalcade a été lancé en septembre 2001. Depuis, ce roman écrit par Bruno de Stabenrath s’est vendu à plus de 80.000 exemplaires en France, et fait l’objet de traductions dans une dizaine de langues (allemand, hollandais, italien, espagnol, brésilien, japonais, chinois…). Des droits d’adaptation pour le cinéma ont même été négociés cet été. Le scénario est en cours d’écriture, l’action du film commencerait une année avant l’accident qui rendit « Stab » tétraplégique. Les acteurs pressentis seraient Vincent Cassel, Yvan Attal, Benoît Magimel. Le réalisateur n’est pas encore choisi, « on veut quelqu’un d’assez virtuose, précise Bruno de Stabenrath, comme Patrice Leconte ou Jean- Jacques Beineix » ! Le tournage pourrait débuter dans une quinzaine de mois en fonction de l’évolution du script et du montage financier.
Le succès est au rendez-vous de ce livre qui romance les épisodes de la vie d’un séducteur, tétraplégique à la suite d’un accident de voiture, qui doit se reconstruire et affronter ses doutes: la vie vaut- elle encore la peine d’être vécue, retrouvera- t-il l’amour des femmes, son charme passera- t-il la barrière du fauteuil roulant? Si l’éditeur a mis le paquet lors de la sortie du roman, les premiers journalistes qui l’ont lu pensaient qu’il s’agissait d’une pure fiction écrite par un professionnel ou une personne proche du handicap mais pas par un « tétra ». La sortie a été savamment préparée, le livre était diffusé dans la presse dès le mois de mai.
Bruno de Stabenrath connaît bien le milieu du cinéma et du show business, il travaille à l’écriture de sitcoms passées ou présentes (un gars une fille, seconde B, classe mannequin, Marc et Sophie).
« Mon temps est compté, j’ai beaucoup de travail, et les tâches me prennent beaucoup plus de temps. Je suis aidé par mes frères, mes soeurs, mes copains ». Stab est dépendant pour de nombreuses activités quotidiennes, comme s’habiller, faire la cuisine, rouler dans la rue, sa vie ne se distingue pas vraiment de celle d’un autre tétra, « à la différence que j’ai vendu un livre qui a bien marché et que l’on m’a supprimé les allocations : je suis furieux parce que les aides (fauteuil, tierce personne) coûtent très cher. Pour faire la même chose qu’un valide en dix minutes, il me faut deux heures ». Sans parler des douleurs neurologiques qui taraudent les tétras, « parfois je prends un bain chaud et je me couche, ça passe »…
« Je suis entouré, mes copains ne m’ont pas lâché, j’arrive à vivre maintenant de ma plume mais s’il me reste encore trente ans devant moi et que je ne guéris pas, j’aurai toujours des frais de tierce personne; ça plombe un budget, je suis obligé de faire attention parce que l’aide de l’Etat est inexistante. Je connais quelques grands invalides qui n’ont pas d’argent ou ne sont pas entourés et leur situation est dramatique. Ca me donne envie de revendiquer, à la manière d’Act Up. Mais pas en faisant n’importe quoi, il ne faut pas faire peur à Madame Michu, elle doit être de mon côté: un type qui est en fauteuil, qui est moche et qui hurle, le message ne passe pas » !
Bruno de Stabenrath ne se situe pas vraiment dans le milieu des personnes handicapées, « mais sans le vouloir j’ai mis le doigt sur beaucoup de choses qui ont interpellé les journalistes, comme la sexualité, les aides sociales, exposées par quelqu’un qui parlait de manière détendue de sujets graves. A cet égard, la télé est un miroir grossissant qui peut être formidable ou dangereux. Après les passages télé, j’ai reçu de nombreux appels ou courriers d’associations, de personnes qui me remerciaient ou me demandaient des conseils ».
Le deuxième roman de Bruno de Stabenrath traitera probablement d’autre chose que du handicap, parce qu’il n’y a pas que cela dans sa vie…
Laurent Lejard, novembre 2002
Le roman Cavalcade a été publié chez Robert Laffont. Par ailleurs, Bruno de Stabenrath présente un livre chaque mois dans une chronique vidéo sur iDLivre.com, l’éditeur des cultures francophones. Il publie également des chroniques mondaines, dont voici un exemple sur Le Nouvel Observateur.