La vie de Théo n’a pas vraiment basculé quand il s’est retrouvé paraplégique. Il avait déjà un caractère difficile, s’y sont adjoints les problèmes d’accessibilité et le regard compassionnel qu’il perçoit dans les yeux des autres. Jusqu’à ce qu’il croise ceux de Sofia, jeune musicienne Russe travaillant à Annecy, lieu où se déroule l’histoire. Mais voilà, Théo se sent minoré par le fauteuil roulant, il n’assume pas la différence de taille entre lui, assis, et son amie, debout, et c’est dans cette dernière posture qu’il veut absolument l’embrasser. Il ira jusqu’à la rupture, avant de…
Le cinéaste Mathieu Robin est l’auteur de Pensée assise, qui fut d’abord un film, primé dans de nombreux festivals et concours, avant d’être un roman pour adolescents édité par Actes Sud Junior. Le D.V.D du court-métrage est encarté dans le Ciné-roman. « L’idée d’écrire ce film est bizarre, commente Mathieu robin. Il n’y a pas dans mon entourage de personne paraplégique. Cette histoire est une métaphore : un jeune handicapé veut embrasser debout sa copine, elle montre un garçon qui ne se sent pas à la hauteur de sa relation amoureuse. De fait, le handicap est un argument de l’histoire qui présente la vie de Théo, jeune dessinateur caractériel qui a eu un accident invalidant. Il a une obsession, c’est son coté Don Quichotte ». Alors Théo invente une série de stratagèmes pour tenter d’aboutir : estrade de fortune, barre de maintien, orthèses de jambes, etc.
« On a préparé le tournage du court-métrage à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches (Hauts de Seine), mais je n’ai pas écrit le scénario en fonction des réactions des paralysés que j’ai rencontrés dans l’établissement. A posteriori, ils m’ont dit qu’ils se retrouvaient dans l’excès d’attention qui leur était porté, comme s’ils étaient devenus des êtres fragiles qu’il faut protéger en permanence, et dans l’humour cynique de Théo. Un jeune homme qui doit affronter sa nouvelle sexualité, une situation difficile à vivre. Il me semble que les personnes qui sont devenues paralysées assument difficilement, comme en témoigne le refus de Théo de conserver des relations avec des paralysés qu’il a rencontré durant sa rééducation en centre spécialisé. Même si c’est traumatisant, ça reste un chemin pas évident à parcourir au quotidien ».
Mathieu Robin avait dû, lors du tournage, synthétiser l’histoire : « Après le film, je me suis rendu compte que des personnages pouvaient être développés, l’écriture d’un livre est plus libre. Au cinéma, l’imaginaire est dans le hors-champ alors que dans un livre, il est partout ». L’idée du dénouement de l’histoire est venue du producteur, Alexandre Charlet, qui a retourné la situation. « Je n’ai pas regardé, avant de tourner, d’autres films sur le handicap, poursuit Mathieu Robin. J’ai voulu éviter le pathos, de rendre le sujet pathétique. Je trouve extrêmement beau quelqu’un qui, à force d’efforts, retrouve des sensations. Avec la volonté de mettre de l’espoir ».
Laurent Lejard, octobre 2005.
Pensée assise, ciné-roman livre et D.V.D, Actes Sud Junior. En libraire, 13,90€