Sur le stand de l’Iran au dernier salon Le Monde à Paris, l’oeil était irrésistiblement attiré par de magnifiques objets décoratifs en argent, finement ciselés. Ces objets sont l’oeuvre d’Abdul Hamid Moharer, un orfèvre devenu paraplégique du fait d’un accident de voiture. Il travaille l’or et l’argent, par martelage, ciselage et montage, pour fabriquer vases et coupes, perpétuant la tradition de l’orfèvrerie iranienne. Ses objets sont ajourés, délicats, jouent avec la lumière. Abdul Hamid Moharer forme également d’autres personnes handicapées à l’orfèvrerie, ayant lui-même été l’apprenti d’un maitre en la matière. Grâce au soutien du Centre culturel iranien à Paris, il a pu faire le voyage pour montrer la qualité de son art et témoigner de la vie et du travail d’une personne handicapée motrice en Iran.

Un travail à la fois délicat et dur, qui lui a valu quelques brûlures sévères; il faut d’abord fondre les pièces de métal pour leur donner la forme d’une petite barre. Celle-ci sera successivement affinée par étirement dans une machine à tréfiler. Puis les fils, quand ils sont parvenus à une épaisseur de 6 centièmes de millimètre sont roulés sur eux-mêmes, collés et martelés sur une plaque; les minuscules mailles ainsi réalisées sont assemblées dans le gabarit de la pièce, l’ensemble est maintenu par du fil de fer, saupoudré de poudre d’aluminium puis passé sous un chalumeau pour souder les mailles. 16 étapes de fabrication minutieuse sont nécessaires pour obtenir l’objet final, qui peut être réalisé selon la forme demandée par le client.

Âgé de 40 ans, Abdul Hamid Moharer, divorcé depuis son accident, vit au nord-ouest de Téhéran, du fruit de son travail : « Je vis correctement, un petit vase est vendu l’équivalent de 600 à 800€ en Iran ». Il veut faire connaître à l’étranger d’autres artisans iraniens, une tâche ardue : « Les pays étrangers délivrent très difficilement des visas d’entrée à des Iraniens, même s’ils sont handicapés », constate-t-il. En 2007, le Conseil suprême des personnes handicapées et âgées et l’association des artisans ont réussi à participer à deux salons touristiques professionnels, à Berlin et Londres. Le Conseil suprême des personnes handicapées et âgées est une association constituée par des personnes elles-mêmes handicapées pour la défense des droits dans le travail, la vie quotidienne, l’accès aux services et à la culture, etc. Il dispense des formations pour que ses membres acquièrent l’autonomie nécessaire à l’exercice d’un métier, et puissent gagner de l’argent par leur travail. Pour sa part, l’État aide financièrement la création d’une activité professionnelle par une personne handicapée. « Il faut avoir de la volonté, être résistant, pour profiter de la vie. Et tout n’est pas accessible à Téhéran, comme ailleurs dans le monde », conclut Abdul Hamid Moharer…

Laurent Lejard, mai 2008.

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