C’est Mozart qui assassine est le premier roman de Guy Escure. L’auteur aura attendu l’heure de la retraite, après une vie de cadre en gestion puis de dirigeant d’une entreprise de maintenance industrielle créée en 1983. Guy Escure apprécie les polars depuis longtemps, notamment James Ellroy et William Diehl. Et comme il n’a pas d’activité physique, il s’est replié sur l’écriture et a voulu s’essayer au roman policier. Un premier essai publié qui est un coup de maître : un récit original au suspense savamment maîtrisé qui nous entraîne sur les pas d’un tueur fou qui prend un malin plaisir à assassiner des couples enamourés en pleine campagne héraultaise ! À cette intrigue policière s’entremêlent les péripéties du quotidien d’un promoteur immobilier à l’honnêteté aussi relative que son goût pour la gent féminine est prononcé. Au point de le conduire à l’imprudence fatale qui le rendra paraplégique. Le reste, c’est au lecteur de le découvrir !

Le récit sonne vrai, parfois (très) cru. Dans son roman, Guy Escure a en effet introduit une part d’autobiographie : « L’accident automobile est réel, de même que la rééducation, le retour au contact des autres. Des périodes difficiles à vivre. » L’accident est survenu en 1985 mais Guy Escure a poursuivi son activité professionnelle durant près de vingt ans, dirigeant sa propre entreprise. Si l’auteur ne ressemble pas vraiment au fringant promoteur immobilier, Théo Dupont, qu’il a créé, il en a côtoyé le modèle, expliquant avoir rencontré des « personnages particuliers » dans le bâtiment. Il s’est toutefois attaché au caractère fictif des personnages, y compris politiques, mettant en scène un président du Conseil Régional Languedoc-Roussillon différant pour le moins de l’actuel titulaire de la fonction : « Je m’informe, je lis beaucoup. Si Théo Dupont est franc-maçon, c’est parce que la franc-maçonnerie est très présente à Montpellier chez les notables ». Mais au-delà d’un contexte local que Guy Escure connaît bien, il ne faut pas croire que son Mozart soit un roman à clé et que l’on y découvrira entre les lignes autre chose qu’une pure fiction…

L’épouse de Guy Escure l’a aidé pour une partie importante de l’intrigue : « Elle fait des randonnées, et me les décrit. J’ai imaginé les lieux des crimes à partir de ses récits. ». Si Madame jure n’être pas tombée sur des amours bucoliques durant ses promenades, Monsieur avoue qu’il ne dédaignait pas ces plaisirs-là dans son jeune âge… Pour restituer la technique d’investigation criminelle, finement décrite, l’auteur a puisé dans les études de criminologie qu’il a suivies il y a quatre ans : « Je voulais, dans ma jeunesse, être inspecteur des douanes ! J’ai toujours eu un intérêt pour la police et l’investigation. La criminologie est une discipline très intéressante et diversifiée, avec du droit, des techniques d’investigation, de la police scientifique. Je me suis documenté sur la gendarmerie, pour rester dans le réalisme. »

Après avoir bouclé son manuscrit, Guy Escure est parti en quête d’éditeur, sans succès : « C’est un parcours du combattant. J’ai ciblé une douzaine d’éditeurs, sans réponse positive, simplement des lettres-types sans avis critique sur mon travail… » De guerre lasse, il a recouru aux éditions Thélès qui proposent une formule proche du compte d’auteur. Une démarche courageuse (Guy Escure a dû participer aux frais d’édition de son roman) qui n’attend plus que le couronnement mérité des lecteurs !

Laurent Lejard, mars 2009.


C’est Mozart qui assassine, par Guy Escure, éditions Thélès, 24 € en librairie.

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