La vie de Florence Veillet a failli s’arrêter en 1991, lors d’un terrible accident d’automobile, elle avait 19 ans et commençait à travailler. Au terme de plusieurs interventions chirurgicales et d’un long parcours médical de sept années, sa colonne vertébrale a été remise en état à force de tiges et plaques, elle peut marcher avec des cannes anglaises. De son traumatisme crânien elle conserve des migraines chroniques. L’ensemble des séquelles lui inflige des douleurs continuelles qui sont traitées au moyen d’un stimulateur implanté. Un combat qu’elle mène également en faveur des autres, en signant et appelant à signer l’appel mondial pour le traitement de la douleur initié par le Docteur Alain Serrie qui préside Douleurs sans frontières.

Sur le plan social, ses quelques mois de travail en contrat de qualification dans un lycée agricole ont valu à Florence l’octroi d’une pension d’invalidité de deuxième catégorie, pour inaptitude au travail et au montant minimum. Elle avait débuté l’équitation alors qu’elle avait neuf ans, pour contribuer à soigner un sévère problème de santé ramené d’un voyage lointain. Déjà, sa douleur avait été ignorée, et elle l’avait refoulée sous sa timidité d’enfant au point de ne presque plus communiquer. Jusqu’à ce qu’un psychologue suggère à ses parents le contact avec les chevaux, pour sortir la petite Florence de son enfermement. Avec son premier cheval, Tonnerre, elle a repris goût à la vie.

Elle avait décidé de faire de l’équitation son métier, vocation brisée par l’accident. « Il m’a obligé d’enfouir en moi cette volonté de compétition, alors qu’elle est pour moi une manière d’exister ». Ce n’est qu’en 2009 qu’elle a eu le goût de reprendre la compétition, grâce au soutien et aux encouragements de son « voisin », l’handi-athlète multi-médaillé Joël Jeannot.

Ce parcours douloureux ne l’a pas empêchée de se marier, en 1996, ni de désirer un enfant : Jonathan est né en 2000. Un enfantement difficile, là encore à cause des séquelles de l’accident qui l’ont obligée à avoir recours à une assistance médicale à la procréation, puis six mois d’alitement durant une grossesse très surveillée. Mais enfin un fils qui, alors qu’il a eu six ans, a voulu monter à cheval, ce qui a donné envie à sa mère de reprendre l’équitation. « Les sensations sont très vite revenues, se rappelle Florence Veillet. Conduire le cheval était très facile au pas, le trot est douloureux pour mon dos, mais pas le galop ! ». C’est pourtant par le saut d’obstacles, avec la jument que son mari a achetée en 2008, Quite, qu’elle est revenue à la compétition, mais en ressentant de violentes douleurs à la réception des sauts. « J’ai une perte de sensibilité dorsale, explique-t-elle. Je ne sens pas la foulée du cheval dans l’herbe, alors qu’elle est très perceptible sur le sable. »

Un cheval pour Florence.
 En compétition internationale handisport, seul le dressage est admis, et Florence doit, de ce fait, s’orienter vers une discipline qui l’oblige à changer de cheval, Quite n’ayant pas les qualités nécessaires pour cette compétition particulière. Une dépense de 40.000€, sur un budget global de compétition de 100.000€ qu’elle espère financer grâce au soutien de ses sponsors et du public : elle propose à chacun d’acheter une action symbolique de 50€ destinée à soutenir le défi qu’elle s’est fixé, participer aux Jeux Paralympiques de Londres 2012 et aux championnats d’Europe et du monde des années suivantes. Pour cela, elle a fondé l’association Quite et l’arbre de vie, et la Franco-American Vocal Academy (FAVA) organise une série de récitals de bienfaisance. De fait, n’ayant pas d’emploi, et nouvelle venue au sein de l’équitation handisport, Florence ne peut disposer d’aides financières dans le cadre du sport de haut niveau. Mais elle bénéficie, comme les autres compétiteurs handisports, des stages organisés par la Garde Républicaine à Vincennes, sous la houlette du capitaine Philippe Célérier. De ses objectifs sportifs, elle dit : « Je suis sûre qu’avec du travail j’y arriverai ! »

Originaire de Chamonix (Haute-Savoie), Florence vit depuis de nombreuses années dans le Périgord, à Saint-Nexans ou elle est même conseillère municipale. Elle pourrait travailler contre rémunération : il suffirait que le maire de Bergerac veuille bien accepter de transformer en contrat de travail l’activité bénévole de soutien scolaire qu’elle conduit depuis de nombreuses années auprès d’enfants en difficulté. Parce que Florence Veillet n’a pas cessé de travailler dans le milieu associatif même si cela n’est pas payé. Et cet altruisme, elle l’exprime également en soutenant une fillette infirme motrice cérébrale, Léa, dans ses débuts d’écuyère. Sa protégée devrait être classifiée à Deauville dans quelques jours, ce que Florence exprime pudiquement comme une résonnance de l’enfant qu’elle fut : « Elle a le droit d’avoir des rêves… »

Laurent Lejard, avril 2011.

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