Comment être écouté(e) et compris(e) lorsque l’on ne peut pas parler; comment comprendre ce que l’on vous dit alors qu’on ne peut pas entendre ? Ces difficultés sont vécues quotidiennement par des personnes sourdes dans leur relation avec les autres, les entendants. Cela devient un gros problème lorsque l’interlocuteur est employé dans un service public, chargé de renseigner les administrés sur leurs droits, les prestations sociales, les formalités administratives. Si l’Administration doit être égale pour tous, son accès demeure difficile voire impossible à de nombreuses personnes handicapées, dont les sourds.

Des initiatives sont heureusement mises en place pour pallier ce problème de communication, par des associations ou au moyen de systèmes utilisant la technologie multimédia, tel Websourd sur lequel nous aurons l’occasion de revenir. A Marseille et dans les Bouches- du- Rhône, le Centre d’Interprétariat de Liaison (CIL) vient de mettre en place un service mobile d’interprétariat en Langue des Signes Française qui intervient, pour l’instant, dans deux administrations : la Caisse d’Allocations Familiales et les différents services qui dépendent du Conseil Général. Sur simple demande préalable de rendez- vous émanant d’une personne sourde ou d’un employé, un interprète de liaison se déplace et assure l’entretien entre le demandeur et le fonctionnaire. Les frais d’interprétariat et de déplacement sont couverts par les administrations concernées.

La CAF et le Conseil Général vont diffuser un document d’information destiné à leurs agents d’accueil. « Nous avons également prévu de sensibiliser les employés des services publics sur l’accueil des sourds, précise Sibylle Guérin, en charge du projet. Des réunions, incluant des jeux de rôles, seront organisées sur la demande de tel ou tel service administratif. Ce dialogue est nécessaire pour que les agents acceptent la présence de l’interprète qui ne doit pas être perçu comme un intrus ».

Les interprètes du CIL ont une grande expérience de la relation avec les administrations : ouvert en 1995, ce centre a évolué en service d’orientation sociale face au dénument des personnes sourdes dans leurs relations avec les administrations. Le travail qu’il réalisera dans le cadre de sa nouvelle mission est toutefois différent. Les interprètes resteront neutres en ce sens qu’il n’assureront pas un soutien voire une prise en charge de la demande : ils traduisent et répondent aux difficultés de compréhension. L’objectif est de compenser le handicap dans la communication rencontré par les sourds, auxquels il appartient de rester maîtres de leurs demandes et de leurs dossiers.

« Notre volonté est de rendre les sourds autonomes afin qu’ils n’aient plus besoin de recourir à un membre de leur famille, ajoute Valérie Azebrouck, interprète de liaison du CIL. L’interprète est tenu par le secret professionnel, la personne est assurée de la confidentialité des échanges ». L’ensemble dans un cadre à dimension humaine, qui privilégie le contact direct, seul capable de pallier aux différentes pratiques de la langue des signes. Cette action n’attend plus que l’accord d’autres services publics pour que les sourds retrouvent l’autonomie sociale qu’ils n’auraient jamais dû perdre.

Laurent Lejard, janvier 2003

Renseignements complémentaires auprès du Centre d’Interprétariat et de Liaison de Marseille – Fax : 04 96 12 44 06 – Tél/ Minitel : 04 91 48 30 06.

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