Jeudi 28 février – Surdité – Le 114 enfin avec LSF.
Le numéro d’appel 114 dédié aux personnes sourdes ou malentendantes pour joindre les services d’urgence est désormais joignable en Langue des Signes Française au moyen d’une appli mobile avec visiophonie. Lancé en septembre 2011, le 114 assurait l’interface avec la police, la gendarmerie, les pompiers et l’urgence médicale uniquement par SMS ou Fax. Il aura donc fallu huit ans pour que les Sourds puissent contacter dans leur langue les services d’urgence, l’appli dite « de Conversation Totale » ayant été livrée en septembre 2017. Le 114 ne permet la relation en mode texte avec les personnes aphasiques ou sourdaveugles (en braille) que depuis un ordinateur : « L’optimisation du texte 114 sur un smartphone est en cours de vérification de sa stabilité », précise son attachée de presse. Le service est étendu aux Départements d’Outre-Mer, mais l’information du public semble défaillante, en Guadeloupe notamment comme l’explique la militante Lisa Grangé : « Les Sourds n’en sont pas informés. Trois membres du Mouvement Citoyens Sourds viennent d’essayer de télécharger une nouvelle fois l’application 114 (car les fois d’avant cela ne marchait pas) et elle a fonctionné pour l’un d’entre eux seulement, il était extrêmement surpris. Nous informons de même le Conseil Régional car il ignorait lui aussi son existence ! » 18 personnes travaillent au 114, dont trois Sourds maitrisant la LSF. Fidèle à sa politique opaque de communication, la direction a refusé de préciser le nombre d’appels reçus ces dernières années et le budget dont elle dispose, pourtant entièrement financé par de l’argent public, renvoyant la question à sa tutelle, le secrétariat d’Etat aux personnes handicapées… qui n’a également pas répondu.
Jeudi 28 février – Emploi/Accessibilité – Épilogue pour une fonctionnaire.
Après cinq années de situation professionnelle hasardeuse, Nathalie Barbosa peut enfin mettre un point final au conflit créé par l’inertie de son employeur, la Préfecture de Police de Paris, à l’inaccessibilité de son poste de travail (lire cette enquête). Mutée début 2014 au standard de Police Secours, cet agent aveugle ne pouvait utiliser l’outil informatisé faute d’étude et de réalisation des adaptations nécessaires. Contrainte de se mettre en arrêt maladie, elle avait résisté à son administration en saisissant le Défenseur des Droits et son poste de travail n’avait été équipé qu’en août 2017 des adaptations indispensables. La Préfecture de Police a compensé l’automne dernier les pertes de salaire subies par la fonctionnaire (lire l’actualité du 29 octobre 2018), et vient enfin de l’indemniser des autres préjudices, notamment moral, que Nathalie Barbosa a subis. « Il ne faut pas se laisser faire, conclut-elle, et aller jusqu’au bout. »
Mercredi 27 février – Administration/Politique – Fusion alsacienne.
Les deux départements du Bas et du Haut-Rhin seront fusionnés en une seule collectivité territoriale à compter du 1er janvier 2021. Un projet de loi présenté aujourd’hui en Conseil des Ministres prévoit de supprimer les départements et leurs Conseils Départementaux pour les remplacer par une seule organisation territoriale à compétences élargies, notamment en matière transfrontalière avec l’Allemagne et de création de péage routier. L’Alsace reconstituée restera intégrée à la région Grand Est. Il est encore prématuré de connaître la nouvelle organisation de l’administration en Alsace, mais elle aura un impact important sur le quotidien des personnes handicapées : fusion ou maintien des Maisons Départementales des Personnes Handicapées, organisation des transports adaptés, des collèges et lycées, des établissements médico-sociaux, etc. Bien que les citoyens alsaciens aient rejeté ce regroupement lors d’un référendum régional le 7 avril 2013, il leur sera imposé par un décret et cette loi, piétinant ainsi leur expression démocratique, cela en plein Grand Débat national. Lire aussi cet Éditorial.
Mercredi 27 février – Justice/Surdité – Prison pour extorsion à La Réunion.
Un jeune Sourd en mal d’amitié est tombé en boite de nuit, à Saint-Denis (La Réunion), entre les pattes d’un voleur multirécidiviste qui, outre quelques objets et vêtements, a extorqué de son nouvel « ami » plus de 1.000€. Repéré lors d’un retrait à un distributeur de billets, l’extorqueur a été interpellé, et jugé. Ses multiples explications n’ont pas convaincu et il repart en prison pour 21 mois…
Mardi 26 février – Loisirs/Surdité – C’est écrit sur ses lèvres.
Ce roman pour ados et pré-ados serait un peu la revanche de Roméo et Juliette. Valériane et Ludo sont sourds, elle implantée s’exprimant oralement, lui en langue des signes. Ils se sont rencontrés, aimés au premier regard, organisent leurs rendez-vous secrets contre la volonté de leurs parents corsetés par les oppositions et conflits entre sourds à laisser s’exprimer ou rééduquer. Comment vont-ils vivre leur amour dans un contexte aussi rude, allant jusqu’à la violence extrême ? C’est ce que raconte dans ce court roman l’autrice Brigitte Aubonnet, également orthophoniste maitrisant parfaitement les enjeux de l’éducation des jeunes sourds dans un monde qui ne leur est pas spontanément ouvert et où ils doivent s’affirmer, fût-ce contre leurs parents et leurs propres camarades. C’est écrit sur ses lèvres, par Brigitte Aubonnet, éditions Le Muscadier, 9,50€ en librairies.
Lundi 25 février – Société – Pour l’assistance sexuelle.
L’Association Pour la Promotion de l’Accompagnement Sexuel (APPAS) milite auprès des parlementaires pour qu’ils déposent la proposition de loi qu’elle a élaborée pour légaliser les prestations d’aide à la vie sexuelle. Elle vise à créer une exception à la législation réprimant le proxénétisme et la prostitution en faveur des personnes ou organisations qui fournissent un service affectif allant jusqu’aux actes sexuels aux adultes empêchés d’autonomie dans ce domaine du fait des séquelles de leur handicap. L’APPAS espère que le Défenseur des Droits prendra position sur un sujet absent des politiques publiques et de la communication gouvernementale sur la « société inclusive ».
Dimanche 24 février – Droits/Allocations – Arrêté sur les droits à vie.
Le Journal Officiel publie enfin l’arrêté qui définit les handicaps pour lesquels peuvent être attribués sans limite de durée l’Allocation Adulte Handicapé et la carte mobilité inclusion invalidité. Les bénéficiaires doivent être invalides à 80% en application du guide-barème et cette évaluation doit établir « l’absence de possibilité d’évolution favorable à long terme des limitations d’activités ou des restrictions de participation sociale occasionnant une atteinte définitive de l’autonomie individuelle des personnes qui ont besoin d’une aide totale ou partielle, d’une stimulation, d’un accompagnement pour l’accomplissement des actes de la vie quotidienne ou qui nécessitent une surveillance ». La décision n’est pas prise objectivement, par exemple pour tous les paraplégiques, mais « individuellement au regard de la situation du demandeur » précise l’arrêté qui s’applique dès demain.
Samedi 23 février – La perle de la semaine.
Le Président Macron est un expert en droits sociaux. C’est ce qui ressort de son entretien lors du salon parisien de l’Agriculture avec un retraité handicapé qui l’interpellait sur le montant de sa retraite, 699€ soit moins que l’Allocation Adulte Handicapé qu’il touchait précédemment et qui lui a été supprimée. Il suggérait que cette prestation soit cumulée avec la pension de retraite pour « avoir au moins minimum 1.200 à 1.300 euros, ce qui permettrait d’avoir un bon pouvoir d’achat ». En consultant le dossier que le retraité lui présentait, Emmanuel Macron a trouvé la solution, après avoir rappelé qu’AAH et retraite ne pouvaient être cumulées : « Vous êtes en dessous du minimum vieillesse, parce que vous ne l’avez pas demandé. Gardez le moral. Vous avez droit à plus que ce que vous avez là. On va faire le maximum pour que vous puissiez avoir les moyens et que vous ne perdiez pas de pouvoir d’achat par rapport à l’AAH. » Le retraité a fondu en larmes sur l’épaule du Président de la République qui pourra toujours se reconvertir en assistant social s’il venait à perdre son job du moment…
Samedi 23 février – Société/Politique – Étrange débat dans le Nord.
Une réunion publique dans le cadre du Grand Débat National a été organisée à Faches-Thumesnil par l’entrepreneur Nicolas Karasiewicz. Moins d’une vingtaine de personnes y a participé, déplorant qu’un dossier auprès d’une Maison Départementale des Personnes Handicapées soit un parcours du combattant et demandant la création d’un dossier informatisé… qui existe déjà dans ce département. Cette téléprocédure a en effet été expérimentée dès 2014 dans le Nord, puis validée pour être étendue nationalement.
Samedi 23 février – Les initiatives de la semaine.
- A Toulouse (Haute-Garonne), la salle de sport et de musculation Plurifit accueille tous les amateurs valides ou handicapés, avec accessibilité, machines et conseils adaptés.
- A l’appel des gilets jaunes, une cinquantaine de personnes manifestent à Pouilly-en-Auxois (Côte-d’Or) pour les droits des personnes handicapées, dont une mère dont le fils autiste est placé dans un « mouroir » faute d’établissement adapté.
- Un point de vue panoramique sur la baie de Perros-Guirec depuis Port l’Epine est réaménagé accessible et adapté aux passants handicapés.
- Un jeune myopathe de Lomme (Nord) lance une cagnotte pour compléter le financement du remplaçant de son vieux Kangoo aménagé qui a été incendié devant son foyer.
- Les Bouchons de l’Espoir des Côtes d’Armor apportent 8.000 des 32.000€ du fauteuil roulant d’une jeune femme paralysées, et paient une semaine de vacances à une enfant polyhandicapée.
- Près de Mulhouse (Haut-Rhin), le Lieu d’Accueil Enfant Parent reçoit les parents handicapés mentaux ou psychiques avec l’appui de l’APEI focale.
- Deux gilets jaunes parcourent plus de 900 kilomètres à pied entre Le Boulou (Pyrénées-Orientales), Millau (Aveyron) et Paris pour être reçus à l’Assemblée Nationale afin d’évoquer les conditions de vie des personnes handicapées.
- Les manifestants gilets jaunes d’Epernay (Marne) sont invités à venir chacun avec un bouchon en plastique, pour compter leur nombre et les donner à Bouchons d’Amour afin que l’argent de leur recyclage serve à acheter du matériel pour personnes handicapées.
- Enfin, dans le Tarn-et-Garonne, ce sont des tonnes de bouchons recyclés qui financent une grande partie du fauteuil motorisé d’un homme paralysé.
Vendredi 22 février – Les ratés de la compensation.
- La SNCF doit prochainement lancer les travaux de mise en accessibilité de la gare RER de Savigny-le-Temple, ville où est installée la MDPH de Seine-et-Marne dont la gare du chef-lieu, Melun, ne serait pas mise en accessibilité avant 2024 voire 2026 (lire ce Flop).
- Alors que le fonction publique territoriale atteint globalement l’obligation d’emploi de travailleurs handicapés, Toulon Métropole (Var) doit payer 164.000€ au FIPHFP puisqu’il lui manque 28 agents handicapés.
- Parce qu’Oblinghem (Pas-de-Calais) a consacré son budget d’investissement à la mise en accessibilité de sa mairie, le Département la punit en ne goudronnant que la moitié de chaussée de la route qui passe devant.
- A Marseille, le service « public » de transport de personnes handicapées palliant l’inaccessibilité du réseau de la RTM éjecte un usager handicapé.
- Apparition massive de cartes de stationnement plus ou moins vraies au Chesnay-Rocquencourt (Yvelines), près de Versailles, depuis que le paiement du stationnement est dématérialisé (lire ce Focus).
- Manifestation devant la MDPH de Metz (Moselle) de personnes handicapées en gilets jaunes pour protester contre les délais de décision, la perte d’allocation en cas d’emploi, les disparités décisionnelles, etc.
- Depuis plus d’un an, les parents d’un homme lourdement handicapé moteur tentent de réunir à Saint-Avold (Moselle) les 17.000€, aide de la MDPH déduite, nécessaires à la création d’une salle de bains adaptée.
Vendredi 22 février – Vie Autonome – L’ARS Centre interdit une colocation.
L’Agence Régionale de Santé du Centre et le Conseil Départemental du Loiret ordonnent la fermeture d’une colocation organisée à Dordives par une dizaine de personnes âgées dépendantes. Elles ont décidé de quitter leurs maisons de retraite respectives pour retrouver une vie digne et indépendante, partageant du temps ensemble et disposant de leurs chambres. La propriétaire de la grande maison de 400m² qu’elles louent assure l’aide à domicile nécessaire, prestation complétée par des personnels infirmiers ou d’auxiliaires de vie. Cette propriétaire loue ainsi depuis une quinzaine d’années. Les familles des colocataires défendent leur choix de vie et ne comprennent pas les volontés des administrations de renvoyer leurs ainés dans des établissements qu’elles ont quittés parce que la vie qu’ils y menaient ne leur convenait pas. Cet habitat partagé est pourtant qualifié d’Etablissement pour Personnes Agées Dépendantes par l’ARS et de Département, qui exige sa fermeture. Cette injonction intervient alors que la récente réforme du logement légalise et organise… l’habitat partagé !
Vendredi 22 février – Manifestation – Occupation de MDPH.
Un groupe de gilets jaunes a occupé dans la matinée le hall d’accueil de la Maison Départementale des Personnes Handicapées des Vosges. La directrice a reçu rapidement une délégation de protestataires qui lui ont demandé de traiter les demandes plus rapidement, évoquant des délais de décision allant jusqu’à trois ans.
Jeudi 21 février – L’infox de la semaine.
Émise par le secrétaire d’État aux Personnes handicapées, Sophie Cluzel pendant son interview téléphonique sans ménagement par un journaliste du Dauphiné, la veille de sa venue à Grenoble : « Nous avons privilégié l’augmentation pour tous de l’AAH mais nous n’avons pas changé les règles de calcul. » Les allocataires vivant en couple apprécieront le mensonge, le plafond de ressources ayant été abaissé justement pour eux. « Ce que je voudrais quand même spécifier, poursuivait Sophie Cluzel, qui n’est jamais dit, c’est que la prise en compte des revenus du conjoint protège aussi la personne handicapée. Quand vous êtes allocataire, que vous avez un SMIC et que votre conjoint n’a pas de revenus, le fait de pouvoir conjugaliser les revenus protège aussi la personne handicapée, c’est dans les deux sens. » Un cas de figure rarissime puisqu’il suppose que le conjoint valide n’ait aucun revenu, ce qui n’empêche pas la ministre d’ajouter : « Il faut voir que c’est aussi du gagnant-gagnant pour les personnes handicapées qui sont en couple. »
Mercredi 20 février – Accessibilité – Aucun Ambassadeur de l’accessibilité.
Inclus dans les décisions du Comité Interministériel du Handicap du 20 septembre 2017, réitéré lors des Assises de l’accessibilité des 13 et 14 juin 2018, le recrutement d’Ambassadeurs de l’accessibilité n’a pas été réalisé. Sous le statut de volontaire du Service Civique, des jeunes novices devaient démarcher exploitants et propriétaires d’Etablissements Recevant du Public pour les informer de l’obligation d’accessibilité et les convaincre de la respecter. C’est la Déléguée Ministérielle à l’Accessibilité, Brigitte Thorin, qui devait piloter ce programme d’action; elle avait annoncé une expérimentation pendant l’été 2018, puis le début du recrutement en septembre afin de doubler avant fin 2018 le nombre d’ERP de 5e catégorie entrant dans une démarche d’accessibilité. « On n’est pas en avance, euphémise Brigitte Thorin, on n’a pas oublié l’idée. » Actuellement, quatre missions sont proposées pour Chartres (Eure-et-Loir) et Courbevoie (Hauts-de-Seine), quelques autres en préparation en Ile-de-France et une dizaine pour le Morbihan. Là, le maire de Langoélan, Yann Jondot, s’est lancé dans une action de persuasion des maires pour déployer un minimum d’accessibilité. Il a d’ailleurs été nommé le 29 octobre dernier par la secrétaire d’Etat aux personnes handicapées Ambassadeur de ces Ambassadeurs de l’accessibilité… qui n’existent pas, faute d’action de l’administration étatique ! L’agence du Service Civique confirme qu’aucun recrutement n’a été effectué à ce jour. Le précédent gouvernement avait piloté en 2014-2015 un recrutement similaire qui n’avait intéressé que Paris et les département du Jura et des Pyrénées-Orientales (celui de la secrétaire d’État aux Personnes handicapées de l’époque, Ségolène Neuville), soit moins d’une quinzaine de volontaires recrutés sur le millier annoncé.
Mercredi 20 février – Accessibilité/Administration – Téléprocédures.
Auditionné au Sénat, le secrétaire d’Etat au Numérique, Mounir Mahjoubi, annonce que ses services recensent pour une publication dans les prochaines semaines l’accessibilité de 200 téléprocédures de l’administration nationale. « Premier élément, a-t-il précisé, la démarche en ligne est-elle bien accessible depuis un téléphone mobile, pour une personne en situation de handicap qui utiliserait un logiciel particulier ? Deuxième élément, utilise-t-elle FranceConnect, qui permet de se connecter à tous les services publics avec un seul login et un seul mot de passe ? […] Troisième élément, on vérifie, pour chacun de ces services publics, à quel moment la mise en relation avec un être humain est proposée si la personne en a besoin. » Cette impossibilité de joindre un fonctionnaire s’est en effet généralisée au fil des ans, de même que l’emploi de numéros de téléphone payants. « Nous avons fait cette erreur à un moment, ce fut un égarement passager », déplore le ministre qui n’est toutefois pas en mesure de les supprimer : « Ces numéros-là, nous tentons de les identifier – j’appelle tous les Français à les signaler sur le site NosDemarches.gouv.fr -, car ils n’ont plus leur place dans l’accueil et le parcours du service public. » A vos claviers…
Mardi 19 février – La perle de la semaine.
Décrochée une fois de plus par Anne-Sophie Lapix et ses collègues de France 2 (lire l’actualité du 19 novembre 2018) pour l’Oeil du 20 heures consacré à la mise en accessibilité du métro de Marseille. « L’ascenseur qui doit permettre aux personnes handicapées d’accéder plus facilement au métro de Marseille a été inauguré en grande pompe il y a dix jours », annonce Anne-Sophie Lapix en lancement du reportage : un unique ascenseur pour tout un réseau de métro, passons… Car le reste du sujet est à l’avenant. Les deux reporters de France 2 vont dans l’une des quatre stations accessibles constater l’impossibilité pour un usager en fauteuil roulant motorisé de monter à bord des rames, à cause d’une différence de hauteur quai-plancher. « Pour combler la marche de 12 cm il n’y aurait qu’une seule solution, changer toutes les rames, facture 500 millions d’euros ». Les journalistes oublient de préciser que le remplacement du matériel roulant vieux de 42 ans par des rames automatiques est prévu de longue date, avec rehaussement des quais pour assurer une liaison sans seuil, accessibilité ou pas ce renouvellement aurait été fait. Et pipeautent l’interview de la présidente de la Métropole, Martine Vassal, qui n’a pas été réalisée à Marseille le 7 février lors de l’inauguration d’une station de métro, mais une semaine plus tard le 13 février à Trets comme le signale un journal local. A l’horizon 2025-2030, la seconde ville de France devrait disposer d’un réseau de métro accessible, laissant Paris (et là les journalistes de France 2 ne se sont pas plantés) demeurer la seule ville de France à exclure les personnes handicapées de son métro. Pour en savoir plus, lire ce Top… et ce Flop.
Mardi 19 février – Santé/Transports – Le Gouvernement reconnaît son erreur.
Répondant en séance à une question orale de la députée Graziella Melchior (LaREM – Finistère), le nouveau secrétaire d’Etat à l’enfance, Adrien Taquet, a annoncé le rétablissement « dans les meilleurs délais » de la prise en charge du retour à domicile des enfants et jeunes de moins de 20 ans hospitalisés en long séjour de convalescence ou de rééducation. Ces retours en famille le temps d’un week-end sont depuis le 1er octobre dernier à la charge des familles, sans aucune considération sur le maintien du lien entre des enfants en souffrance et leurs parents (lire l’actualité des 15 et 26 octobre 2018). Adrien Taquet annonce le rétablissement, pour les enfants hospitalisés plus de deux semaines, du retour hebdomadaire au domicile familial, sous réserve d’un avis médical; ces transports seront à la charge de l’Assurance Maladie. Les adultes handicapés de 20 ans et plus ne seront pas concernés par le rétablissement de ce droit, sans tenir compte du lien familial et du soutien qu’il apporte.
Lundi 18 février – Société – Instrumentalisation des handicaps.
Concernant la polémique entretenue par les milieux catholiques au sujet du maintien en vie de Vincent Lambert, le directeur de l’Office Chrétien des personnes Handicapées (OCH), Philippe de Lachapelle, a publié dans La Croix une lettre ouverte qui lui vaut la réponse cinglante de Jean Trouchaud, un donateur à l’OCH. Philippe de Lachapelle s’adresse à Vincent Lambert en tirant argument de son maintien en vie pour inviter les croyants à la contemplation : « Contempler cette extrême vulnérabilité de notre être, pour nous réconcilier avec cette part fragile de nous-même. Découvrir cette humanité qui nous est commune, quelles que soient nos capacités. » Cette lettre adressée à un homme en état neuro-végétatif participe d’une instrumentalisation de la vie à tout prix, incluant le combat contre l’interruption de grossesse, et du handicap qui n’échappe pas à Jean Trouchaud qui lui répond dans le même journal : « Oui, j’ose l’affirmer ici, vous recrucifiez le Christ en instrumentalisant par voie de presse (mais vous ne vous privez pas de le condamner chez les autres !) l’un des plus misérables de ses enfants ou/et vous en êtes resté un siècle en arrière quand on considérait ‘l’innocent’ comme une bénédiction du ciel. » La doctrine de l’église catholique considère en effet les personnes handicapées comme vivant sur terre les souffrances du Christ en croix, et qu’elles ont une valeur prophétique de l’annonce de la « bonne nouvelle ». En clair, vivre au contact des personnes handicapées serait se rapprocher de Dieu…
Lundi 18 février – Santé/Handicap mental – Consultation médicale autisme.
Il aura fallu une semaine au secrétariat d’Etat aux Personnes handicapées pour communiquer sur la mise en oeuvre depuis lundi dernier d’une tarification particulière pour la consultation médicale de dépistage des signes de troubles autistiques. Les médecins généralistes et les pédiatres sont habilités à pratiquer cette consultation longue au prix de 60€ (hors dépassements éventuels) remboursée 42€ par la Sécurité Sociale, le reste par une complémentaire éventuelle. Elle repose sur des outils que les praticiens doivent maitriser afin d’orienter les familles vers des organismes pouvant conseiller et suivre les jeunes enfants concernés.
Dimanche 17 février – Justice – L’auxiliaire de vie droguait sa cliente.
Une auxiliaire de vie de Castelnau-le-Lez a été condamnée à trois ans de prison et placée en détention par le Tribunal Correctionnel de Montpellier (Hérault). Elle droguait la personne multi-handicapée dont elle s’occupait, en incorporant des comprimés d’anxiolytiques dans des tartines de confiture ! Jusqu’à ce qu’une amie de la victime s’en aperçoive à l’automne 2017. Ce « traitement » aurait contribué à détériorer davantage encore l’état neurologique de la trentenaire atteinte d’une maladie neuro-dégénérative. L’audience a également mis en évidence l’ancienne condamnation pénale de l’auxiliaire de vie pour avoir détourné des chèques au détriment d’une autre cliente vulnérable.
Samedi 16 février – Les initiatives de la semaine.
- A Montpellier, Hactions Handicap organise avec les gilets jaunes une marche de la dignité.
- A Albi (Tarn), 300 personnes manifestent à l’appel des gilets jaunes en faveur des droits des personnes handicapées.
- Un cabinet dentaire adapté à l’accueil et soins aux personnes handicapées intellectuelles ou souffrant de troubles mentaux est inauguré à Compiègne (Oise).
- Une société des Côtes d’Armor donne à une association quatre fauteuils roulants motorisés destinés à des personnes mal ou non prises en charge.
- L’association de motards Motor’Aide finance le don d’une machine à lire pour une jeune aveugle musicienne du Morbihan.
- Un organisateur de spectacles de Sézanne (Marne) a reversé en 20 ans, par la volonté de son directeur, 50.000€ à une association de personnes handicapées.
- Le directeur du casino des Sables d’Olonne (Vendée) a fait apposer des étiquettes braille sur 25 machines à sous afin que les aveugles puissent perdre les leurs comme tout le monde…
Vendredi 15 février – Justice – Épilogue d’une séquestration.
Les trois auteurs de la séquestration violente à Grenoble d’un jeune handicapé en septembre 2016 (lire l’actualité du 15 septembre 2016) ont été jugés et condamnés par le Tribunal Correctionnel du chef-lieu de l’Isère. La victime était tombée dans un piège tendu par l’ami qui l’avait rendu paraplégique lors de l’accident de la voiture qu’il conduisait. La petite amie de la victime, qui avait servi d’appât, a reçu trois ans de prison dont deux avec sursis et mise à l’épreuve, et un complice la même peine dont 18 mois de sursis. L’auteur de l’agression, absent au procès, est condamné par défaut à sept ans de prison et fait l’objet d’un mandat d’arrêt. En organisant la séquestration et les violences contre son « ami » paraplégique, il espérait récupérer une partie des indemnités qu’en tant que conducteur responsable de l’accident il était condamné à payer.
Vendredi 15 février – Les ratés de la compensation.
- Une maman qui avait rappé à l’attention du Président de la République pour lui rappeler ses promesses vient d’obtenir la prise en charge éducative de son fils autiste, après quatre ans de combat.
- La MDPH de la Manche fait lanterner depuis près d’un an les parents d’un bébé âgé de 15 mois dans l’évaluation du handicap résultant d’une agénésie mal prise en charge après la naissance.
- Infirme motrice cérébrale privée de la parole, Yael peut désormais communiquer grâce à une aide informatique coûteuse, mais se retrouve privée de collège en Seine-Maritime malgré ses excellentes notes, depuis que son AVS est en arrêt maladie et non remplacée.
- Une centaine de personnes manifestent à Saint-Etienne (Loire) contre les lacunes d’accessibilité de la voirie et des transports.
- L’opacité pèse sur le devenir des 45 résidents d’une MAS des Pyrénées-Orientales que l’Ugecam voulait rénover et agrandir, et s’apprêterait finalement à liquider.
Jeudi 14 février – Culture/Cécité – Cavrois en Sensitinéraires.
Construite en 1932 pour un riche industriel, la Villa Cavrois conçue à Croix (Nord) par l’architecte Robert Mallet Stevens a été sauvée de la destruction à la fin du siècle dernier puis réhabilitée et finalement ouverte au public (et rendue accessible en fauteuil roulant) en juin 2015. Elle fait désormais l’objet d’un ouvrage tactile, braille et sonore. Dans un coffret carré, 29 planches tactiles réalisées par Hoëlle Corvest présentent le bâtiment dans son environnement, histoire, architecture et ses multiples détails. Cette villa témoigne en effet d’une architecture totale, allant jusqu’à la conception du mobilier et des moindres détails décoratifs. Un CD audio au format Daisy expose la somme de connaissances que l’on possède encore sur cet oeuvre unique, un véritable château Art Déco construit pour l’intimité d’une riche famille, avec piscine sous l’immeuble et terrasse panoramique. Complété par un livret en noir illustré de plans, photos des années 30 ou issues de l’état actuel, l’ouvrage met en évidence la sophistication de cette demeure bourgeoise et son inscription dans l’avant-garde architecturale d’une époque qui voulait autant donner à voir qu’elle recherchait le confort le plus attentionné pour les habitants : la vaste salle de bains des parents est un pur rêve ! La Villa Cavrois, collection Sensitinéraires, Editions du Patrimoine, 36€ dans les librairies des monuments nationaux.
Mercredi 13 février – Transports/Accessibilité – Suppression de TGV.
La SNCF prépare une vaste restructuration de la desserte des villes actuellement desservies par des Trains à Grande Vitesse. Les trajets directs empruntant en partie des lignes classiques à petite vitesse seraient remplacés par des liaisons avec correspondance. Par exemple, Arras (Pas-de-Calais) deviendrait un terminus pour les TGV desservant Calais ou Boulogne, le trajet complémentaire s’effectuant en correspondance par TER ce qui allongera nettement la durée d’un voyage. Pour les voyageurs handicapés, cela signifiera la multiplication des opérations d’embarquement et débarquement, une plus grande sollicitation des personnels d’assistance en gare et tous les risques de retard. Seul avantage de cette restructuration qui devrait s’appliquer vers la fin de l’année, une baisse probable des prix puisque les parcours en train classique sont censés coûter moins cher qu’en TGV.
Mercredi 13 février – La perle de la semaine.
Autorité Organisatrice de Mobilité, Île-de-France Mobilités va offrir à compter de mars prochain « l’abonnement des places de stationnement labellisées ‘Parcs Relais’ aux abords des gares de grande couronne aux détenteurs du passe Navigo annuel. » Mais les Parisiens handicapés ou âgés bénéficiaires des Passes Navigo annuels mis en place par la ville de Paris ne pourront pas en bénéficier : seuls les Passes Navigo chargés d’un forfait annuel sont éligibles, pas les autres même si les Passes parisiens sont également… annuels !
Mardi 12 février – Institutions – « Usine à Français » dénoncée.
Une délégation de personnels d’un établissement belge qui n’héberge que des Français handicapés (lire l’actualité du 5 janvier 2017) a été reçue à l’Agence Régionale de Santé des Hauts-de-France. Ces employés dénoncent la volonté de la direction du Domaine de Taintignies, ouvert il y a une dizaine d’années près de Tournai, de réduire l’encadrement des usagers afin de faire des bénéfices qui sortiraient ensuite de l’association support au moyen d’artifices financiers. Quelques jours auparavant, l’une des administratrices de cette association a été condamnée par le Tribunal Correctionnel de Gand à six mois de prison avec sursis et 12.000€ d’amende pour avoir détourné des fonds d’une maison de retraite de Wallonie au profit de son père. Ce dernier, entrepreneur septuagénaire multirécidiviste en matière de délits, est également condamné à un an de prison ferme, 240.000€ d’amende plus 500.000€ à rembourser à l’État belge. Le Domaine de Taintignies avait connu une longue grève en octobre dernier après le licenciement d’éducateurs qui ont finalement été réintégrés.
Mardi 12 février – Administration/Allocations/Parents – Simplification à 64%.
Seule une petite partie des deux-tiers des bénéficiaires de l’Allocation d’Education de l’Enfant Handicapé (AEEH) est potentiellement concernée par l’attribution de cette prestation pour une longue période (lire l’actualité du 29 décembre 2018). Cette simplification administrative est limitée aux seuls bénéficiaires de l’AAEH de base, qui était versée en juin 2018 (derniers chiffres connus) pour 178.403 enfants et jeunes sur les 279.917 allocataires, soit 64%. Depuis le 1er janvier, les parents qui ont déposé une demande d’allocation peuvent la voir attribuer plus de cinq ans si leur enfant est reconnu invalide à au moins 80% pour un handicap non susceptible d’évolution favorable, mais seulement si cette AEEH n’est pas accompagnée par l’un de ses six compléments. Or, ces compléments sont généralement attribués aux enfants et jeunes dont l’importance du handicap génère des dépenses supplémentaires, ce qui devrait réduire nettement la portée de la simplification administrative. Par ailleurs, l’arrêté définissant les handicaps pour lesquels l’Allocation Adulte Handicapé peut être attribuée pour plus de dix ans, voire même jusqu’à l’âge de départ en retraite, n’est toujours pas publié alors que cette simplification administrative devait entrer en vigueur dès le 1er janvier (lire l’actualité du 26 décembre 2018).
Mardi 12 février – Emploi – « Une bonne affaire ».
« Les achats en sous-traitance auprès du secteur adapté ou protégé resteront une bonne affaire pour les entreprises ordinaires, qui pourront les déduire de leur contribution due au titre de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés, l’OETH pour les entreprises ordinaires. » C’est à la manière d’un camelot que la secrétaire d’Etat aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, a tenté de rassurer le sénateur Guillaume Chevrollier (Les Républicains) qui l’interrogeait sur la prise en compte des Etablissements et Services d’Aide par le Travail et des Entreprises Adaptées. « Oui, à compter du 1er janvier 2020, les entreprises ordinaires devront décompter différemment, dans le cadre de leur obligation d’emploi, les travailleurs handicapés qu’elles salarient et ceux auxquels elles concourent à fournir de l’activité en prestant avec des ESAT, des entreprises adaptées ou des travailleurs indépendants », a justifié Sophie Cluzel, ajoutant que « toutes les parties prenantes sont autour de la table dans le cadre de l’élaboration de ce décret […] y compris, bien sûr, l’Unapei. » Une affirmation démentie par le président de la Fédération APAJH, Jean-Louis Garcia : « Dans les discussions sur la modification de la prise en compte de la sous-traitance, la concertation a oublié l’Unapei, l’APF France Handicap et l’APAJH, c’est-à-dire 95% des ESAT. On a juste été conviés à la restitution. »
Lundi 11 février – Transports – Accès Plus limite les fauteuils.
Une dirigeante associative révèle que le service d’assistance aux voyageurs handicapés de la SNCF, Accès Plus, lui demande de fournir les dimensions de son fauteuil roulant. Accès Plus lui a envoyé ce courriel : « Pour garantir la mise en place de vos prestations d’assistance dans les gares de votre parcours, nous avons besoin de connaitre les dimensions de votre fauteuil qui doivent respecter les normes en vigueur. (Largeur = 70 centimètres / Longueur = 120 centimètres / Poids total, voyageur inclus, = 300 kilos). En l’absence de ces éléments, nous regrettons de ne pouvoir réserver vos prestations d’assistance. » Cette demande résulte de l’application du « document STI SNCF 2014 applicable ce mois-ci m’a t’on dit au téléphone ! », précise cette militante qui s’interroge sur l’émergence de nouvelles entraves à la mobilité des personnes handicapées. Ces normes figurent toutefois dans les Conditions générales de vente de la SNCF, paragraphe 4.22A. Son application stricte devrait entrainer des refus de transport des personnes les plus lourdement handicapées, notamment celles que leur pathologie contraint à vivre presque allongées. Paradoxalement, la stricte application de la norme internationale sur les fauteuils roulants intervient alors que les trains récents disposent de davantage d’espace pour les voyageurs qui en utilisent.
Samedi 9 février – Les initiatives de la semaine.
- Retrouvez désormais chaque semaine un panorama de réalisations attrayantes ou valant d’être saluées, présentées en une phrase et un lien.
- Les personnes mutilées du fait des violences policières sont honorées lors des manifestations des gilets jaunes, alors que la justice administrative refuse d’interdire l’usage des armes qui ont causé ces mutilations.
- Le théâtre de Nîmes (Gard) s’équipe de gilets transmettant les vibrations sonores aux spectateurs sourds.
- Une cagnotte de 970€ vient aider le SESSAD de Saint-Omer (Pas-de-Calais) à accompagner une fillette malvoyante.
- La mairie de Foix (Ariège) est mise en accessibilité « quatre handicaps » et aux normes de sécurité au terme de 18 mois de chantier.
- Une classe Ulis TED ouvrira à Compiègne (Oise) en septembre pour accueillir des enfants autistes, grâce à l’action d’une association de parents dans ce département démuni.
- Des concerts sont organisés à Chartres (Eure-et-Loir) pour financer un traitement expérimental en Russie contre une forme de sclérose en plaques subie par un quadragénaire.
- Les gilets jaunes marchent à Quimper (Finistère pour les droits des personnes handicapées et l’amélioration de leurs ressources.
Vendredi 8 février – Les ratés de la compensation.
- Les parents d’élèves d’une école de Marck (Pas-de-Calais) dénoncent des restructurations entrainant une hausse du nombre moyen d’élèves par classe et le regroupement de niveaux alors que 7% des enfants sont suivis par la MDPH et qu’il manque des accompagnants.
- Des personnes handicapées ouvrent la marche des gilets jaunes à Roanne (Loire) pour dénoncer leurs conditions de vie.
- Paraplégique depuis un an du fait d’un accident, une mère de famille de la Somme dort dans le séjour et se lave dans l’évier de la cuisine, faute d’un appartement adapté pouvant l’accueillir avec ses quatre enfants.
- Le chef de cabinet du Président de la République adresse à la maman d’un enfant handicapé du Finistère qui avait écrit à Emmanuel Macron une réponse qui fait qu’elle n’est « pas convaincue qu’il a vraiment pris le temps de lire sa lettre ».
- Les parents d’un enfant atteint d’une amyotrophie spinale recherchent 14.000 des 19.000 euros de son prochain fauteuil motorisé, la MDPH d’Ille-et-Vilaine finançant seulement 5.000€.
- Un agent de sécurité de l’aéroport de Nice (Alpes-Maritimes) oblige un athlète handisport à se déshabiller pour retirer sa prothèse de jambe pour la contrôler.
- A Vire (Calvados), une famille dont les deux enfants sont des victimes de la Depakine (lire cet article) doit financer sur ses deniers d’importantes dépenses éducatives non prises en charge.
- La mairie de Quimper (Finistère) choisit une salle en étage d’accessibilité palliative non signalée pour organiser plusieurs réunions publiques du Grand Débat National.
Vendredi 8 février – Politique/Emploi – Cluzel opposée à la retraite anticipée.
Interrogée dans La matinale de LCI sur les doléances des gilets jaunes, la secrétaire d’Etat aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, s’oppose au droit à une retraite anticipée pour les travailleurs handicapés en invoquant l’égalité : « Si les citoyens handicapés veulent être citoyens comme tout le monde, il faut rentrer dans le droit commun. Donc, non, pas d’âge spécifique pour partir en retraite mais un meilleur accompagnement pendant le temps de travail. » Le Gouvernement fait actuellement étudier une réforme des droits à la retraite basée sur un système par points sur un principe d’égalité totale pour un « système universel dans lequel un euro cotisé donne les mêmes droits, quel que soit le moment où il a été versé et quel que soit le statut de celui qui a cotisé. » (lire l’actualité des 19 avril et 31 mai 2018). Sophie Cluzel a également réaffirmé sa ferme opposition au calcul de l’Allocation Adulte Handicapé sans tenir compte des revenus du conjoint et assimilé (lire l’actualité du 24 octobre 2018), ainsi qu’à la non-imposition sur le revenu du dédommagement versé à un aidant familial au titre de la Prestation de Compensation du Handicap (PCH). Si sur ce dernier point elle s’indigne que « le salaire des aidants familiaux [soit] vraiment indécent », elle oublie de préciser que le Gouvernement et sa majorité à l’Assemblée Nationale ont rejeté une propositions de loi visant à l’améliorer (lire l’actualité des 21 février et 8 mars 2018).
Vendredi 8 février – Justice – Clémence à Nancy.
Les auteurs d’une séquestration accompagnée d’actes de torture et de viols sur une femme déficiente mentale ont été jugés et tous condamnés par la Cour d’Assises de Nancy. La victime alors âgée de 20 ans avait été attirée en mars 2015, à Verdun (Meuse), par un copain au domicile d’un couple de femmes qui l’ont entrainé dans une spirale de violences, avec la complicité de jeunes hommes connus de la justice pour diverses affaires de drogue. La conjointe la plus violente écope de 18 ans de réclusion criminelle, et l’autre de 15 ans. Un homme particulièrement violent est également condamné à 18 ans de prison, les trois autres prévenus de 10 à 7 ans. Le procureur avait requis 30 ans de prison assortis d’une peine de sureté de 20 ans pour les trois principaux protagonistes. Les avocats des condamnés n’envisagent pas de faire appel, les peines infligées étant nettement inférieures aux réquisitions du Procureur.
Jeudi 7 février – La perle de la semaine.
« Il aurait violé des personnes handicapées et sans défense ça n’aurait pas été plus grave dans les médias ! » C’est ainsi que l’ex-patronne d’Europe Ecologie les Verts (2001-2003), Dominique Voynet, s’est indigné de la couverture médiatique des agressions sexuelles attribuées au politicien écologiste Denis Baupin sur des militantes et cadres de son parti qui les ont publiquement dénoncées. Si la justice n’a pas poursuivi ces agressions, relevant la prescription des faits, Denis Baupin poursuit en diffamation les victimes qui avaient porté plainte, et deux médias (Médiapart et France Inter). Jugés cette semaine par le Tribunal Correctionnel de Paris, leur procès est devenu celui du plaignant que Dominique Voynet est venue bien maladroitement secourir, suscitant les murmures réprobateurs des victimes présentes à l’audience.
Mercredi 6 février – Politique/Citoyenneté – Handis français aux Européennes ?
La secrétaire d’Etat aux Personnes handicapées, Sophie Cluzel, annonce avoir écrit aux dirigeants de partis politiques français pour leur demander d’investir des candidats handicapés sur leurs listes de candidats à l’élection du Parlement Européen du 26 mai prochain. L’actuel Parlement compte quatre députés handicapés dont aucun Français. Théoriquement, un scrutin de liste est propice à la valorisation de minorités visibles, mais les partis politiques français n’avaient pas présenté de candidats handicapés en position éligible, et rien ne permet de penser que cela changera cette fois-ci : seule La France Insoumise a bouclé sa liste dont la candidate handicapée, Marie-Laure Darrigade, ne sera pas élue (lire cette interview) car placée trop loin sur la liste. Sollicités par nos soins, les autres partis répondent ne pas avoir composé leur liste ni pouvoir préciser s’ils investiront un candidat handicapé.
Mardi 5 février – L’autre perle de la semaine.
Décrochée par la SNCF dont un contrôleur a voulu faire du zèle. Parce que la carte d’invalidité mention « besoin d’accompagnement » d’un voyageur tétraplégique n’a pas été renouvelée par sa MDPH dans le délai légal de quatre mois, le contrôleur a exigé qu’il paie le prix plein tarif de son accompagnante : 126€ au lieu des 3€ déjà réglés au titre du tarif social accompagnateur d’une personne handicapée. En réponse au tweet du voyageur, la Directrice de l’accessibilité à la SNCF, Carole Guéchi, assure que le contrôleur « a bien fait son travail » et que la faute incombe aux délais à rallonge de la MDPH, puis accepte finalement de rembourser le client. On constate au passage que la Maison Départementale des Personnes Handicapées d’Ille-et-Vilaine met plus de sept mois à renouveler la carte d’invalidité d’un homme handicapé dépendant, alors que la numérisation en vigueur depuis deux ans était censée réduire les délais. Et que la SNCF n’a pas tiré les leçons du même zèle d’un autre contrôleur : en septembre 2017, l’employé avait demandé sa carte d’invalidité au médiatique Philippe Croizon, amputé des quatre membres, suscitant une avalanche d’articles de presse ironiques et critiques, et des insultes sur les réseaux sociaux…
Mardi 5 février – Transports – Le GIHP Réunion sanctionné.
Les services de l’Etat annulent une quinzaine de contrats aidés (Parcours Emploi Compétence) que le Groupement pour l’Insertion des Handicapés Physiques du département de La Réunion allait signer. Gestionnaire d’un service de transport adapté aux personnes handicapées, ses salariés se plaignent de harcèlement moral, conditions de travail anormales, management autoritaire; nombre de salariés poursuivent l’association aux Prud’hommes. Ces dernières années ont été marquées par plusieurs mouvements de grève et de protestations (lire l’actualité du 29 novembre 2017) dont une grève de la faim, sur fond de réduction du service rendu (lire l’actualité du 2 janvier 2018). Interrogée, la direction nationale du GIHP rappelle que ce dernier fonctionne comme une fédération d’associations locales autonomes, et qu’il n’est pas dans ses moeurs d’intervenir ou de sanctionner. Elle déplore toutefois que le GIHP de La Réunion oppose une fin de non-recevoir à toutes les demandes de précisions, quel que soit le mode de communication ou le canal employé. En 2005, la Cour des Comptes avait étrillé la gestion du GIHP Réunion, la direction et le président ne prenant même pas la peine de communiquer leurs observations à la Cour.
Lundi 4 février – Associations – Henri Galy est décédé.
Militant associatif tétraplégique du fait des séquelles de la polio, président du Comité pour le Droit au Travail des Handicapés et l’Égalité des Droits (CDTHED), Henri Galy est mort à l’âge de 65 ans. Chercheur au CNRS de Grenoble, il avait milité dans cette ville pour le droit à la santé, l’accès à l’emploi et l’accessibilité. Il est notamment à l’origine de la création du service de transport adapté actuellement géré par la Semitag, le service de transport collectif de l’agglomération grenobloise. On lui doit également la mise en accessibilité du tramway qui, initialement conçu sur l’exemple nantais, aurait été impraticable pour les personnes en fauteuil roulant; des manifestations avaient finalement fait plier la municipalité. C’est d’ailleurs parce que le socialiste Louis Mermaz, député de l’Isère et président de l’Assemblée Nationale, avait refusé de soutenir une proposition de loi en faveur de l’emploi des personnes handicapées qu’Henri Galy et ses camarades de l’époque ont créé le CDTHED en 1984. En 2004, son action avait permis aux usagers du service de transport spécialisé de bénéficier du même tarif que le service de transport collectif. L’un des derniers combats d’Henri Galy portait sur le droit à une retraite anticipée avec des conditions réellement accessibles aux travailleurs handicapés (lire ce Focus).
Vendredi 1er février – Les ratés de la compensation.
- A Nantes (Loire-Atlantique), la création du terminus provisoire d’une importante ligne de bus entraine son inaccessibilité.
- Au Grau-du-Roi (Gard) un chauffeur refuse, parce qu’il est en retard; d’embarquer dans son bus un voyageur en fauteuil roulant, contraignant la mairie à payer le trajet en taxi.
- 200 personnes handicapées et valides ont manifesté à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour la défense de leurs droits, avec le soutien de gilets jaunes.
- Un jeune trentenaire traumatisé crânien est retrouvé mort de froid dans le Gers faute de prise en charge après l’hospitalisation consécutive à son accident.
- Près de Toulouse (Haute-Garonne), un homme de 43 ans très handicapé par la maladie de Charcot lance une cagnotte pour financer un véhicule pouvant le transporter sur son fauteuil motorisé.